Matthieu 5,38-48

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Matthieu 27,62- 28,11
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HOMÉLIE XVIII

VOUS AVEZ APPRIS QU’IL A ETE DIT : ŒIL POUR ŒIL, DENT POUR DENT.- ET MOI JE VOUS DIS DE NE POIT RESISTER AU MECHANT ; MAIS SI QUELQU’UN VOUS DONNE UN SOUFFLET SUR LA JOUE DROITE, PRÉSENTEZ-LUI ENCORE L’AUTRE.- SI QUELQU’UN VEUT VOUS FAIRE UNE QUERELLE POUR VOUS PRENDRE VOTRE ROBE, LAISSEZ-LUI ENCORE EMPORTER VOTRE MANTEAU. » (CHAP. V, 38, 39, 40, JUSQU'A LA FIN DU CHAPITRE.)

ANALYSE

1. Pourquoi certains préceptes de l’ancienne Loi étaient si peu relevés.

2. C’est par la patience qu’il faut vaincre.

3. Les hommes parfaits sont plus fort que le malheur.

4. Comment l’on doit se conduire envers les ennemis. On arrive au sommet de la perfection en cette matière par neuf différents degrés. - Le Christ modèle de patience et de charité.

5. et 6. Que nous devons nous prévenir les uns les autres par des déférences volontaires ; que rien n’est plus glorieux que d’être méprisé des hommes pour plaire à Dieu.

 

1. Vous voyez clairement, mes frères, que Jésus-Christ ne parlait point des yeux du corps, lorsqu’il nous commandait d’arracher l’œil qui nous scandalise, mais qu’il marquait par cette expression, que nous devons éloigner de nous les personnes dont l’amitié nous nuit, et qui sont capables de nous perdre. Comment en effet, Celui qui ne nous permet pas même d’arracher (149) l’oeil à un autre qui nous l’aurait arraché, pourrait-il nous commander de nous l’arracher à nous-mêmes? Que si quelqu’un blâme l’ancienne loi, de ce qu’elle commande ainsi d’exiger « oeil pour oeil, et dent pour dent; » il ne comprend guère, ni la sagesse que doit avoir un législateur, ni les différentes conjonctures des temps, ni l’avantage que les hommes ont de cette divine condescendance. Car si vous considérez quel était ce peuple, dans quelle disposition il était, et en quel temps il a reçu cette loi, vous reconnaîtrez aisément que Dieu est le seul et le même auteur de l’un et de l’autre Testament, qu’il a établi très-utilement ces lois différentes, et qu’il les a proportionnées aux personnes et aux temps. S’il avait tout d’abord imposé aux hommes la loi évangélique qui est si sublime, les hommes n’auraient reçu ni l’ancienne ni la nouvelle: mais les publiant en divers temps, et chacune en celui qui lui était propre, il s’est servi très utilement de l’une et de l’autre, pour renouveler la face de toute la terre.

Au reste s’il a donné ce commandement ce n’était pas pour porter les hommes à s’arracher les yeux les uns aux autres, c’était au contraire pour les empêcher de se porter à des violences. Car la menace de cette peine était un frein pour la colère. Il commençait ainsi à établir insensiblement la vertu dans le monde, en voulant qu’on se contentât d’une vengeance pareille au mal qu’on avait reçu, bien que cependant celui qui commence l’injure mérite une peine plus grave, et que la peine du talion ne semble pas assez rigoureuse au jugement d’une exacte justice. C’est parce qu’il voulait tempérer la justice par la miséricorde, qu’il n’infligeait au coupable qu’un châtiment au-dessous de son crime: c’était aussi pour nous enseigner à montrer beaucoup de patience dans les maux que nous souffrons.

Après avoir rapporté l’ancienne loi tout au long, il montre que ce n’est pas proprement votre frère qui vous offense, mais le démon par votre frère. C’est pourquoi il ajoute : « Et moi je vous dis de ne point résister au méchant (39). » Il ne dit pas de ne point résister à votre frère, mais «au méchant, » montrant que c’est le démon qui lui inspire cette violence, et diminuant ainsi beaucoup notre colère contre celui qui nous aurait offensé, en rejetant toute sa faute sur un autre.

Quoi donc! me direz-vous, ne faut-il point résister au méchant? Il faut lui résister, mais non de la manière que vous pensez, mais de celle que Jésus-Christ nous commande: c’est-à-dire en voulant bien souffrir tout le mal qu’il nous veut faire. C’est ainsi que vous le surmonterez. Ce n’est pas avec le feu qu’on éteint le feu, mais seulement avec l’eau. Et pour vous faire voir que dans l’ancienne loi même, celui qui souffrait l’injure avait l’avantage et qu’il remportait la couronne, considérez la chose en elle-même, et vous jugerez combien la patience de cet homme s’élevait an-dessus de l’autre. Car celui qui a commencé l’outrage est lui seul cause de la perte des deux yeux, c’est-à-dire, de celui de son frère et du sien propre, ce qui doit l’exposer justement à la haine et à l’exécration du monde. Celui au contraire qui a souffert la violence, lors même qu’il en tire une vengeance proportionnée à l’injure qu’on lui a faite, ne passera point pour cruel, ni pour avoir fait aucun mal. C’est pourquoi il trouve beaucoup d’hommes pour compatir à sa douleur parce qu’il est innocent, même après s’être vengé de la sorte. Le mal est égal pour tous deux; mais la gloire n’est pas égale ni devant Dieu ni devant les hommes; ce qui fait une grande inégalité dans l’égalité du mal qu’ils souffrent.

2. Jésus-Christ s’était contenté de dire d’abord: « Celui qui se met en colère sans sujet contre son frère; et qui l’appelle fou, méritera d être condamné au feu de l’enfer; » mais il exige ici de nous une plus grande vertu, ordonnant à celui qui a été outragé, non seulement de conserver la paix et la douceur, mais de témoigner même du respect à celui qui le frappe et de lui présenter l’autre joue. Il nous prescrit cette loi de patience, non seulement dans l’offense particulière qu’il nous marque, mais généralement dans toutes sortes d’injures. De même, en effet, qu’en disant: « Celui qui appelle son frère, fou, mérite d’être condamné au feu de l’enfer, » il ne restreint pas cette vérité à cette injure particulière, mais qu’il l’étend à toutes les autres; de même lorsqu’il nous commande de souffrir généreusement un soufflet, il nous ordonne en même temps de ne nous point troubler dans tous les autres outrages qu’on nous pourrait faire. C’est pourquoi il choisit cette injure comme la plus offensante, et il marque particulièrement l’outrage d’un soufflet, parce que c’est le dernier mépris qu’on puisse témoigner à un homme. (150)

Ce commandement il le donne dans l’intérêt de celui qui est frappé, non moins qu’en faveur de celui qui frappe. En effet, formé par ces saintes instructions du Sauveur, celui qui sera frappé ne se croira point offensé, et il se regardera plutôt comme un homme qui reçoit un coup dans le combat, que comme une personne qu’on outrage. Et de son côté l’offenseur, rougissant de honte en voyant la patience de l’autre, bien loin de redoubler le coup, ce qu’il ne fera pas quand il serait plus cruel qu’une bête farouche, aura une douleur extrême du premier qu’il aura donné. Car rien ne calme tant les hommes violents que la patience de ceux qu’ils outragent. Non-seulement cette douceur arrête le cours des violences, mais encore elle produit le repentir des injures déjà faites; à sa vue, les plus malintentionnés se retirent saisis d’admiration, et souvent ils deviennent amis sincères et dévoués d’ennemis déclarés qu’ils étaient.

Il arrive tout le contraire lorsqu’on se venge. On se couvre de confusion l’un l’autre, on devient pire qu’on n’était; on ne fait que s’irriter encore davantage de part et d’autre, et souvent on se porte jusqu’aux dernières extrémités et jusqu’à tuer son ennemi. C’est pourquoi non-seulement Jésus-Christ défend à celui qui a reçu le coup, de se mettre en colère, mais il lui commande même d’être prêt à souffrir toute la violence de celui qui le frappe, pour lui témoigner qu’il n’a aucun ressentiment du premier outrage qu’il a reçu, En agissant de la sorte vous blesserez plus sensiblement celui qui vous offense, quelque insensible qu’il puisse être, que si vous le perciez de coups, et les plus impudents seront forcés de rougir, et de vous traiter avec respect.

« Si quelqu’un vous veut faire une querelle pour vous prendre votre robe, laissez-lui encore emporter votre manteau (40). » Jésus-Christ veut que nous montrions cette patience, non-seulement dans les outrages, mais encore dans les pertes d’argent c’est le sens propre de l’expression figurée dont il se sert. De même que tout à l’heure il commandait de surmonter l’injure en la souffrant; il veut de même ici que celui que l’on dépouille, donne plus même qu’on ne veut lui ôter. Il ne dit pas simplement: Donnez votre vêtement à celui qui le demande; mais, donnez-le à celui qui veut disputer contre vous, c’est-à-dire, s’il veut vous faire un

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