Sermon "Emitte Spiritum tuum", Envoie ton Esprit

Saint Thomas d’Aquin

(sermon authentique)

Traduction Charles Duyck, 2005

Edition numérique http://docteurangelique.free.fr 2005

Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

 

 

"Envoie ton souffle, ils seront créés, et tu renouvelleras la face de la terre" (Psaume 104, 30)

 

Bref préambule

 

Il nous faut parler de Celui sans qui nul ne peut parler correctement et qui peut faire parler avec profusion, et qui le fait (effectivement).

Et en réalité sans lui nous ne pouvons pas parler correctement. Il ne faut pas s’étonner de ce qui est dit dans le Livre de la Sagesse (9, 17): "Qui a pu connaître votre volonté" - la vérité de Dieu - "si vous n’avez pas envoyé d’en haut votre Esprit Saint ?" Sans le sens de la vérité, personne ne peut parler en vérité. C’est aussi l'Esprit Saint qui fait parler avec profusion, ainsi, dit Grégoire, "Il rend sages ceux qu’il a remplis". On voit cela clairement aujourd’hui quand les Apôtres "furent remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en diverses langues" (Actes 2, 4). Donc j'invoque cet Esprit qui fait parler avec profusion, moi qui ai la bouche muette, pour qu’il m’accorde de parler...

 

Introduction-division

 

"Envoie ton souffle..."

Aujourd’hui notre mère la sainte Église célèbre la mission donnée aux Apôtres par l'Esprit Saint, mission que le prophète, de son souffle prophétique, réclamait en disant: "Envoie ton souffle et ils seront créés..." Dans ces mots nous pouvons considérer quatre choses, à savoir les caractères de l'Esprit Saint, sa mission, sa qualité d’envoyé, et la matière qui reçoit cette qualité. Donc il dit "Envoie", voilà la mission; "ton souffle", voilà la personne qui est envoyée, "ils seront créés et tu renouvelleras", tel est l’effet de la mission, "la face de la terre", voilà l’objet sur lequel porte cet effet.

 

Première partie: Les caractères de l'Esprit Saint

 

Je dis donc d’abord que les caractères de l'Esprit Saint sont marqués quand on dit: "ton souffle". Il faut noter ici que le nom "esprit" semble porter sur quatre points, à savoir la finesse de sa substance, la perfection de sa vie, le choc de son mouvement et le caractère secret de son origine. 

 

            1/ Le nom "esprit" porte, semble-t-il, sur la finesse de sa substance. En effet, nous appelons d’habitude "souffle" les substances non corporelles; de même nous appelons "souffle" les corps subtils comme l’air et le feu; ainsi dans le dernier chapitre de saint Luc (24, 39): "Touchez-moi et constatez, car un esprit n’a ni chair ni os". Et ainsi le souffle se distingue des choses qui ont une matière épaisse, qui sont composées de chair et qui ont un corps.

 

            2/ Le nom "esprit" porte, semble-t-il, sur la perfection de sa vie. En effet, aussi longtemps que les êtres vivants possèdent du souffle, ils sont en vie, et, quand ce souffle s’éteint, ils meurent. Le Psalmiste (104, 29) dit: "Tu leur retires le souffle, ils expirent" et dans la Genèse (6, 17), on appelle (le vivant) "toute chair ayant un souffle de vie".

 

            3/ Le nom "esprit" porte, semble-t-il, sur le choc d’un mouvement; ainsi, en effet, nous appelons les vents "souffle". Et de ce choc on dit dans le Psaume 107, 25: "Il dit et il fit lever un fort vent de tempête".

Le souffle des tempêtes est une part de leur coupe. On dit aussi des hommes qu’ils agissent "en tempête" quand ils font quelque chose avec élan. Isaïe (25, 4): "le souffle des tyrans est comme l’ouragan qui bat une muraille".

            4/ Le nom "esprit" caractérise d’habitude une origine secrète, comme quand quelqu’un est incommodé et, ne sachant ce qui l’incommode, attribue cela à l’esprit. Dans saint Jean (3, 8): "Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas...".

 

Cherchons les caractères de l'Esprit Saint en fonction de ces quatre points, et, pour procéder dans l’ordre inverse, disons que l’Esprit est saint relativement à son origine secrète, au choc de son mouvement, à la sainteté de sa vie et à la finesse de sa substance.

 

            1/ Le premier caractère de l'Esprit Saint est le caractère secret de son origine. La foi enseigne et la raison persuade que toutes les choses visibles et changeantes ont une cause cachée. Quelle est-elle ? Cette cause est Dieu; ainsi, dit l’Apôtre (Hébreux 3, 4): "Celui qui construit toutes choses, c’est Dieu". Il est bien établi que toute autre chose (qui) est de Dieu, a été créée par Dieu. Mais comment Dieu a-t-il créé toutes choses ? J’affirme que Dieu a tout créé, non par une nécessité naturelle, comme le feu brûle, mais par sa volonté propre. Le Psalmiste (115, 3) dit: "Tout ce qu’il a voulu, (Dieu) l’a fait". L’ouvrier fabrique une maison par sa volonté et, en même temps, par une nécessité ou un intérêt pressant; il faut se dire qu’il y gagne quelque chose, comme, par exemple, d’habiter dans sa maison. Par contre, Dieu a fait le monde sans intention d’intérêt, parce qu’il n’éprouve pas le besoin des biens qui sont les nôtres. Quel fut donc son mobile pour créer le monde ? Certainement une intention d’amour, et non d’intérêt. Nous avons un exemple: l’ouvrier qui serait capable d’inventer une maison, alors qu’il n’en a pas besoin, mais parce qu’il aime la beauté de cette maison; cet amour de l’ouvrier ferait exister la maison. Mais quelle est la cause et la source de la production des choses cachées ? L’amour, certainement; ainsi dans le Livre de la Sagesse (11, 24): "Vous aimez toutes les créatures et vous ne haïssez rien de ce que vous avez fait". Et saint Denis dit: "L’amour divin n’a pas autorisé que lui-même reste sans progéniture". L’Amour est l'Esprit Saint et il est dit dans la Genèse (1, 2) qu’au début de la création, "l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux", il faut comprendre "pour façonner la matière et faire exister les choses".

Nous célébrons la fête de l'Esprit Saint, de l’esprit qui est le principe d’être de toutes choses. Donc l'Esprit Saint a une origine mystérieuse dont le caractère est l’amour.

 

            2/ L'Esprit Saint suscite le choc d’un mouvement. Nous constatons en effet dans le monde différents mouvements, naturels et volontaires, qui concernent les hommes et les anges. D’où viennent ces différents mouvements ? Il est nécessaire qu’ils viennent d’un certain premier "moteur", c'est-à-dire de Dieu. Psaume 102, 27: "Tu les changeras et ils seront changés". Et Dieu meut par sa volonté. Mais quel est le premier "moteur" de la volonté ? L’amour, certainement. Et en quoi consiste l’opération de l’amour ? Je dis: celui qui est mu par l’amour se réjouit de l’objet aimé et s’afflige de ce qui lui est contraire; ainsi dans Ézéchiel (1, 12): "Là où l’élan de l’Esprit" - c'est-à-dire l’inclination de l’amour divin - "les portait, ils allaient". Et à juste titre tout ce qui existe dans le monde est mu par l'Esprit Saint, ce qui est indiqué dans Esther (6, 13), quand on dit: Il n’est personne qui puisse résister à ta volonté". Cet Esprit Saint dont nous célébrons la fête est le principe du mouvement de toutes choses. Or, dans le monde, certaines choses se meuvent par elles-mêmes, d’autres sont mues par d’autres. Celles qui possèdent la vie se meuvent par elles-mêmes, celles qui sont privées de vie sont mues par d’autres. Le principe du mouvement de toutes choses, c’est le vivant, ou plutôt c’est la vie, d’où l'Esprit Saint, en tant qu’il est le principe du mouvement de toutes choses, est la vie. Le Psalmiste (36, 10) dit: "Auprès de toi est la source de la vie". Et parce qu’il est la vie, il donne la vie. Immense est donc l'Esprit Saint parmi toutes les choses qui sont, se meuvent et vivent. Ainsi dans les Actes (17, 28): "C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être". C’est pourquoi toutes choses reçoivent de l'Esprit Saint le mouvement et l’être.

 

            3/ Si nous considérons dans l'Esprit Saint la finesse de la substance, nous verrons que l'Esprit Saint est amour. De qui ? L’amour de Dieu et de l’aimant pour Dieu. C’est pour cette raison que l'Esprit Saint possède une substance fine. Et du point de vue de l’aimé, il y a l’amour dont Dieu aime Dieu, dont le Père aime le Fils. Ainsi dans la Sagesse (7, 22): "En elle" - c’est dans la sagesse de Dieu - "en effet, il y a un esprit intelligent" qui fait que les hommes sont intelligents. En grec, "sanctus" désigne la propreté. C’est vrai, parce qu’il est sale, l’amour que l’homme porte aux choses du corps: en aimant, en effet, il s’unit par amour à l’objet aimé; en aimant d’autant plus, il se mélange à l’objet aimé et contracte la souillure. De même que l’argent, quand il se mélange à quelque chose d’impur, contracte la souillure, ainsi si ton esprit se mêle par amour aux choses moins élevées, il contracte la souillure. Et quand il se mêle à une chose très élevée, alors on dit que l’amour est saint. Il y en a qui veulent être dévoués à Dieu et négligent le salut de leur prochain. Mais ce n’est pas ainsi que l’Esprit est saint. L’Apôtre Paul fut inquiet du salut de son prochain, et il dit (1 Corinthiens 9, 19)[1]: "Je me suis fait tout à tous, pour les gagner tous". Certains ont de multiples facettes mais sont trompeurs. L'Esprit Saint n’est pas ainsi. Mais il est multiple, pourtant il est, dans sa diversité, droit[2]. De même (l’Esprit) est fin parce qu’il fait en sorte que l’homme s’écarte des choses épaisses et s’attache à Dieu. Le Psalmiste (27, 4): "Il est une seule chose que je demande au Seigneur" et ailleurs (73, 28): "Pour moi, être près de Dieu, c’est mon bonheur".

 

            4/ Cet Esprit Saint, non seulement nous donne d’être, de vivre et de nous mouvoir, mais bien plus il nous sanctifie, ainsi l’Apôtre aux Romains (1, 4): "Établi en sa puissance de Dieu pour (son) esprit de sainteté". Nul n’est saint si ce n’est parce l'Esprit Saint le sanctifie. Et comment sanctifie-t-il ? Je réponds qu’il fait apparaître, en ceux qu’il sanctifie, chacune des choses qui ont été mentionnées, parce que, ceux qu’il sanctifie, il les rend délicats et leur fait mépriser les biens temporels; d’où chez saint Jean (1 Jean 2, 15): "N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui". De même à ceux qu’il sanctifie, il fait don de la vie éternelle, et dans Ézéchiel (37, 5): "Voici que je fais entrer en vous l’Esprit, et vous vivrez". La force [vira] spirituelle est celle que procure l'Esprit Saint. L’Apôtre (Galates 5, 16) dit[3]: "Si vous vivez par l’esprit, laissez-vous conduire par l’Esprit". L’Esprit Saint pousse également de son élan ceux qu’il sanctifie à bien agir. Isaïe (59, 19): "Il viendra comme un fleuve resserré que précipite le souffle du Seigneur". Il y en a qui sont indolents et ceux-là semblent ne pas être poussés par l'Esprit Saint. Au sujet de "il vint du ciel un bruit" (Actes 2.2), la Glose dit: "La grâce du Seigneur ignore les grands efforts des indolents". L'Esprit Saint ramène aussi à l’origine secrète par laquelle nous sommes unis à Dieu: Isaïe 63, 14 dit: "L’esprit du Seigneur te conduira à ce que tu ignores», c'est-à-dire à l’héritage céleste. Psaume 143, 10: "Que ton bon esprit me conduise..."

Elle est vraiment claire, cette caractéristique de l'Esprit Saint: il est l’origine de la vie, de l’être et du mouvement.   

 

Deuxième partie: [La mission de l'Esprit Saint]

 

Voyons maintenant le second point, c'est-à-dire la mission de l'Esprit Saint: elle est digne d’admiration et, pour nous, inconnue, parce que l'Esprit Saint a été envoyé sans nécessité et sans changement de sa part, sans abaissement et sans division.

 

            1/ L’Esprit Saint a été envoyé sans nécessité de sa part.

Quand quelqu’un est envoyé en quelque endroit pour que s’accomplissent certaines choses qui ne peuvent s’accomplir s’il n’y est pas envoyé, il s’agit d’une mission qui a lieu par nécessité. Mais tel n’est pas le cas dans la mission de l'Esprit Saint, comme il est dit au Livre de la Sagesse (7, 33): "tout puissant, surveillant tout". Quelle est donc la raison d’être de la mission de l'Esprit Saint ? Je réponds: le besoin (dans lequel nous sommes); le caractère nécessaire de ce besoin tient en partie à la dignité de notre nature humaine, en partie à sa faiblesse. En effet, la créature raisonnable l’emporte sur les autres créatures parce qu’elle peut atteindre à la jouissance de Dieu, ce que ne peut aucune autre créature. Ainsi dans les Lamentations (3, 24): "Le Seigneur est mon partage, a dit mon âme". Certains cherchent leur partage dans le monde, comme les honneurs, la dignité. Mais le Psalmiste (73, 28) dit: "Pour moi, être près de Dieu, c’est mon bonheur". Vous devez considérer ceci: tout ce qui se meut en vue d’une certaine fin, il faut qu’il ait un mobile en vue de cette fin. Ce qui se meut en vue d’une fin naturelle possède un mobile dans la nature; ce qui se meut en vue d’une fin surnaturelle, à savoir la jouissance de Dieu, il faut qu’il ait un mobile surnaturel. O, à ce mobile, rien ne peut nous conduire, si ce n’est deux choses: la connaissance et l’amour. Une connaissance de ce genre est surnaturelle, ainsi dans 1 Corinthiens 2, 9: "des choses que l’oeil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues et qui ne sont pas montées au coeur de l’homme...", et dans Isaïe (64, 3): "Jamais on n’a entendu, nul oeil n’a vu un Dieu autre que vous agir (ainsi) pour qui espère en lui". Ce que l’homme connaît, il le connaît pour l’avoir découvert ou pour l’avoir appris. La vue est au service de la découverte, l’ouïe au service de l’apprentissage; et c’est pourquoi l’on dit "ce que l’oeil n’a point vu et ce que l’oreille n’a point entendu" pour montrer ce qui dépasse la connaissance humaine. Cela surpasse même le désir            de l’homme et donc il est dit: "qui ne sont pas montées au coeur de l’homme".

Comment donc l’homme est-il amené à la connaissance ? Il fallait que les mystères du ciel soient révélés à l’homme, c'est-à-dire que l'Esprit Saint soit envoyé de manière invisible afin que le mouvement de l’âme humaine soit mobilisé à tendre vers ces mystères, et ainsi on dit: "(ce que) l’oeil n’a point vu". Comment donc connaissons-nous ? "C’est à nous que Dieu les a révélées par son Esprit; car l’Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu" (1 Corinthiens 2, 10). Au Livre de la Sagesse (9, 17): "Qui a connu votre volonté, si vous ne lui avez pas donné la sagesse, et si vous n’avez pas envoyé d’en haut votre Esprit Saint ?" L'Esprit Saint a donc été envoyé, non pas pour son propre intérêt mais pour le nôtre.

 

            2/ De même (l'Esprit Saint  a été envoyé) sans changement de sa part.

Quand un messager est envoyé d’un lieu à un autre, c’est au prix d’un changement. Mais l'Esprit Saint a été envoyé sans changement de lieu, car il est le vrai Dieu, immuable; dans le Livre de la Sagesse (7, 27), on dit: "Restant la même, elle renouvelle tout". Comment donc l'Esprit Saint est-il envoyé ? Il nous attire à lui et, dans ce sens, on dit qu’il est envoyé, comme quand quelqu’un fait partager l’éclat du soleil: on dit que le soleil lui est envoyé. Il en est ainsi de l'Esprit Saint ; à propos de la Sagesse incréée, on dit au Livre de la Sagesse (9, 10): "Envoyez-la du haut des cieux, du haut du trône de votre gloire, pour qu’elle m’assiste". De même dans Galates 4, 6: "Dieu a envoyé (en nos coeurs) l’Esprit (de son Fils) qui crie: Abba, Père". Ces missions se répandent "à travers toutes les nations" et se transportent "dans les âmes saintes". Quand fut venue "la plénitude des temps", le Fils de Dieu fut envoyé dans la chair, et il fut opportun que l'Esprit Saint soit aussi envoyé de manière visible, mais il ne fut pas accueilli dans l'unité de la personne, comme le fut le Fils, dans une nature humaine[4].

 

            3/ L'Esprit Saint a été envoyé sans abaissement de sa part.

Les serviteurs sont envoyés (en mission) par leurs maîtres parce qu’ils leur sont soumis. C’est ainsi que certains hérétiques croyaient que le Fils et l'Esprit Saint étaient inférieurs parce qu’ils sont envoyés par le Père; ce qui n’est pas vrai. L'Esprit Saint nous rend libres, donc il n’est pas esclave. Il est envoyé de son propre gré parce que "l’Esprit souffle où il veut" et on dit que sa mission n’est due qu’à l’autorité du Père. Nous faisons l’expérience que l'Esprit Saint est envoyé parfois par le Père, parfois par le Fils. Les Grecs s’insurgent contre cela parce qu’ils disent que l'Esprit Saint procède seulement du Père, non pas du Fils. Et ils s’y prennent d’une manière grossière. En effet quand le Fils parle de la mission de l'Esprit Saint, il relie le Fils au Père et le Père au Fils. Il dit en effet dans un passage de saint Jean (14, 26): "L’Intercesseur que le Père enverra en mon nom" et en un autre passage (15, 26): "Lorsque viendra l’Intercesseur que je vous enverrai d’auprès du Père". La puissance de l’origine (de l'Esprit Saint) vient donc du Père[5].

 

            4/ L'Esprit Saint a été envoyé sans division

parce que l’Esprit d’unité répugne à la division; ainsi Ephésiens 4; 3: "vous efforçant de conserver l’unité par le lien de la paix". L'Esprit Saint rassemble. Et saint Jean (17, 11): "afin qu’ils soient un comme nous[6]" dans l’unité de l'Esprit Saint "et nous sommes un". Cette union commence dans le présent par la grâce et sera complète dans le futur par la gloire, à laquelle...

 

Conférence du soir

 

"Envoie ton souffle..."

 

Troisième partie: [L'effet de la mission de l'Esprit Saint]

 

Ce matin, nous avons parlé à notre mesure des caractères de l'Esprit Saint et de sa mission. Il nous reste à parler de son efficacité et de dire à qui il revient de recevoir cette efficacité.

Et autant qu’il est possible dans le cadre que nous nous sommes fixés, il nous est donné d’entrevoir deux effets de l'Esprit Saint, à savoir la création et la rénovation, là où l’on dit: "ils seront créés et tu renouvelleras".

 

 

I. Et si vraiment nous voulons accueillir ces paroles selon ce que le mot "création" suppose comme "production" de l’existence des choses naturelles, alors l'Esprit Saint est le créateur de toutes choses, selon ce qui est évoqué dans Judith (16, 17): "Vous avez envoyé votre esprit et (tout) a été créé".  Parlons plutôt d’une autre création. L’usage commun est bien établi que sont dits "créés" les êtres qui sont élevés à un état supérieur, comme par exemple à l’épiscopat ou à une autre dignité. Tous ceux-là qui sont élevés à ce point qu’ils deviennent fils de Dieu, on dit qu’ils sont créés, comme élevés, ainsi que le dit saint Jacques (1, 18): "afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures". Le Seigneur a voulu instituer une créature nouvelle, et au Livre de la Sagesse (1, 14): "Dieu a créé toutes choses pour qu’elles existent" - comprenez: une existence naturelle - et il a voulu les recréer, c'est-à-dire (qu’il a voulu) qu’elles aient une existence de grâce. De cette recréation, les Apôtres furent les prémices; de cette création, il est dit dans Galates 5, 6: "Dans le Christ Jésus, il n’y a ni circoncision, ni incirconcision mais créature nouvelle" [citation incorrecte]. Que signifie cette sentence? Auparavant, il y eut les Gentils - et pour cela il dit "incirconcision"; ensuite il y eut les Juifs circoncis, mais cette condition ne valait rien encore, s’ils n’étaient pas recréés par la grâce du Christ. Cette création est un fruit de l'Esprit Saint.

Vous devez savoir que cette recréation se produit par degrés: d’abord en ce qui touche à la grâce de la charité, ensuite on s’étend à ce qui touche à la sagesse du savoir; troisièmement à la concorde dans la paix, et quatrièmement à l’assurance de la fermeté.

 

            1/ De même que, vous le voyez, quand les hommes sont introduits dans l’existence, ce qu’ils obtiennent, c’est qu’ils vivent, ainsi la recréation doit être une existence de grâce. Mais par quoi l’homme vit-il dans une existence de grâce ? Par la charité, certainement, d’où chez saint Jean (1 Jean 3, 14): "Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères". Quiconque n’aime pas son frère, quelles que soient les oeuvres de bien qu’il accomplit, est mort. La charité fait la vie de l’âme; de même en effet que le corps vit par l’âme, ainsi l’âme vit par Dieu, et Dieu habite en nous par la charité, comme le dit saint Jean (1 Jean 4, 16): "celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu...". Dans l’Évangile d’aujourd’hui, on lit: "Si quelqu’un m’aime... nous ferons chez lui notre demeure" (Jean 14, 23). Mais il n’aime pas Dieu parfaitement celui qui n’accomplit pas la volonté de Dieu, parce que "entre amis, ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas, c’est la même chose". Saint Grégoire, dans l’homélie d’aujourd’hui, dit: "La preuve de l’amour, c’est la pratique des oeuvres". Mais tu diras: "Je ne peux pas accomplir les commandements de Dieu". Je réponds que, par tes propres forces, tu ne peux pas les accomplir, mais avec la grâce de Dieu, tu peux. Ainsi, dans la citation ci-dessus: "Mon père l’aimera" - donc, il ne lui fera pas défaut - et "nous viendrons à lui", c'est-à-dire nous serons à ses côtés et nous lui donnerons les forces (nécessaires) pour accomplir les commandements de Dieu. De cette charité en vue d’accomplir les commandements de Dieu, il est question dans Ephésiens 2, 10: "Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour (faire) de bonnes oeuvres". D’où vient-elle, cette charité en nous ? De l'Esprit Saint. Ainsi, dit l’Apôtre (Romains 5, 5): "La charité de Dieu a été répandue dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné". Qui participe à la (diffusion de la) lumière, la reçoit du soleil. Ainsi celui qui possède la charité la reçoit de l'Esprit Saint. Donc "Envoie ton esprit, ils seront créés", c'est-à-dire ils entreront dans l’existence de grâce, par la charité.

 

            2/ Vous le voyez, les hommes, quand ils deviennent l’objet de plus d’amour, progressent vers la connaissance de la volonté divine. Ainsi parmi les proverbes: "c’est le propre des amis que de n’avoir qu’un seul coeur", et, à ses amis, Dieu révèle ses secrets. Et c’est là le second degré de la création qui est le fait de l'Esprit Saint: par la sagesse, atteindre à la connaissance de Dieu. D’où chez saint Jean (15, 15): "Je vous ai appelés mes amis parce que, tout ce que j’ai appris...". Donc la connaissance de la vérité vient de l'Esprit Saint. Dans l’Évangile (Jean 14, 26), il est dit: "L’Intercesseur, l'Esprit Saint, que mon Père enverra...". Quelqu’importante que soit la connaissance extérieure que l’homme atteint, si l'Esprit Saint ne l’assiste pas de l’intérieur, elle ne lui sert à rien. Dans l’Évangile (Jean 14, 26): "L’onction vous enseignera tout". Et non seulement cet Esprit enseigne, mais bien plus il  rappelle [suggerit]. Je peux vous enseigner (quelque chose), mais (peut-être) ne me croyez-vous pas et ne voulez-vous pas accomplir (ce que j’ai dit). Mais celui qui fait en sorte que vous croyiez et que vous accomplissiez ce que vous avez entendu, celui-là rappelle [suggerit]. C’est l'Esprit Saint qui accomplit cela, parce qu’il incline le coeur à approuver et à poursuivre ce qu’il a entendu; ainsi le Seigneur dit (Jean 6, 45): "Tous ceux qui m’auront écouté et auront été enseignés par le Père, viendront à moi".

 

            3/ Le troisième degré de la création s’applique à la concorde dans la paix. Saint Jacques dans son Épître distingue entre la sagesse "d’en bas" et la sagesse "d’en haut", et, traitant des caractères de la sagesse supérieure, il dit (Jacques 3, 17): "La sagesse d’en haut est, premièrement, pure, ensuite pacifique, condescendante, docile". Tandis que la sagesse d’en bas n’est pas pure, car elle laisse le coeur [affectum] se corrompre par l’amour des biens terrestres; d’où dans l’épître de Jude (1, 10): "ce qu’ils connaissent, ils s’y corrompent". De même (la sagesse d’en bas) rend les hommes d’humeur chagrine[7] et querelleurs, tandis que la sagesse qui vient d’en haut consiste en ce qui conduit à Dieu, parce qu’elle est "pacifique, condescendante...". Les disputes proviennent de trois sources: d’abord quand quelqu’un manque de modestie, comme dans les Proverbes (28, 25): "L’homme qui se vante et se gonfle excite les querelles".

De même, certains sont obstinés dans leurs jugements et ne se laissent persuader de rien sinon de ce qu’ils ont dans la tête, tandis que la sagesse d’en haut est docile. De même aussi la sagesse du monde ne permet pas à ses sages de s’entendre entre eux, alors que la sagesse d’en haut est "consentante à ce qui est bien" et donc "pacifique".

Mais qui donne la paix ? L'Esprit Saint, parce que "Dieu n’est pas un Dieu de désordre mais de paix" (I Corinthiens 14, 33). Et aux Ephésiens (4, 3): "vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix". Le Seigneur nous exhorte à garder cette paix en disant dans l’Évangile (Jean 14, 27): "Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas comme la donne le monde que moi je vous la donne". Il y a deux sortes de paix: l’une, dans le présent, par laquelle nous vivons de manière pacifique, de manière cependant à combattre les vices; c’est cette paix que Dieu nous laisse. Une autre paix existera dans l’avenir, sans combat, et c’est de cette paix-là que le Seigneur dit: "ce n’est pas comme le monde la donne que moi je vous la donne".

Certains veulent la paix pour jouir de leurs biens, comme dans le Livre de la Sagesse (14, 22): "vivant dans un (état) de lutte violente, par suite de leur ignorance, ils appelaient du nom de paix de tels maux". Mais qu’est-ce que la vraie paix ? Augustin dit: "La paix est la sécurité de l’esprit, la tranquillité de l’âme, la simplicité du coeur, le lien de l’amour, la communion de charité". Le mot "paix" a trois sens: vis-à-vis d’elle-même, vis-à-vis du prochain et vis-à-vis de Dieu. Le paix se cherche pour elle-même: il s’agit que la raison ne soit pas infectée par les erreurs ou obscurcie par les passions; et c’est dans ce sens qu’Augustin dit "la paix est la sécurité de l’esprit". La paix doit aussi être une tranquillité dans l’affection, et c’est en ce sens qu’il dit "tranquillité de l’âme"; de même, elle doit être une simplicité dans l’intention, d’où il dit "simplicité du coeur". La paix envers le prochain est "le lien de l’amour" et la paix vis-à-vis de Dieu est "une communion de charité".

La paix nous est-elle très nécessaire ? Certes oui. Le Seigneur a donné son témoignage au sujet de la paix, et ceux qui ne veulent pas être fidèles à ce témoignage ne peuvent comprendre entièrement son héritage. Ainsi ceux qui ne veulent pas garder la paix ne peuvent parvenir à l’héritage céleste. Mais quelqu’un pourrait dire: "Je veux bien la paix avec Dieu, mais pas avec mon prochain". Cela ne peut être, comme l’a dit un saint: "Qui ne s’entend pas avec un chrétien ne peut pas être en paix avec le Christ". Le troisième degré de la création est donc la concorde dans la paix, comme chez Isaïe (57, 19): "J’ai créé sur tes lèvres la paix".

 

            4/ Le quatrième degré de la création est l’assurance de la fermeté. Et celle-ci est bien de l'Esprit Saint, comme dit l’Apôtre dans Ephésiens 3, 16: "... afin qu’il vous donne d’être puissamment fortifiés par son esprit". Et chez Ézéchiel 2, 2: L’Esprit "est entré en moi" et je me suis tenu sur mes pieds. Et dans l’Évangile (Jean 14, 27): "Que votre coeur ne se trouble ni ne craigne...". Et dans la Sagesse (2, 23): "Dieu a créé l’homme pour l’immortalité". La première efficacité de l'Esprit Saint est donc de créer.

 

II. La seconde efficacité de l'Esprit Saint est de rénover, ce qui consiste en quatre choses: en fonction de la grâce qui purifie, en fonction de la justice qui se développe, en fonction de la sagesse qui illumine et en fonction de la gloire qui perfectionne.

 

            1/ La rénovation par l'Esprit Saint se fait d’abord par la grâce qui purifie. Une certaine vieillesse de l’âme est un péché, et l’homme n’est libéré de cette vieillesse que par la grâce qui justifie, laquelle grâce lave l’homme de ce péché; ainsi, dit l’Apôtre (Romains 6, 4): "Comme le Christ est ressuscité d’entre les morts, ainsi marchons nous aussi dans le renouveau d’une (autre) vie". D’où provient cette nouveauté ? De l'Esprit Saint, comme le dit l’Apôtre à Tite (3, 5): "Il nous a sauvés, non en vertu d’oeuvres que nous aurions faites dans (un état de) justice, mais selon sa miséricorde, par un bain de régénération et de rénovation...". Grâce à ce bain, tous les péchés sont remis, et ainsi l’homme est renouvelé.

 

            2/ La rénovation se fait ensuite par un progrès de la justice. Imaginons quelqu’un qui se promènerait, se fatiguerait et serait épuisé; <si ensuite il se reposait>, ses forces sembleraient renouvelées; et quand l’homme travaille en s’appliquant (à sa tâche), il est renouvelé quand ses forces lui reviennent en de travailler davantage. De cette rénovation, Job (29, 20) dit: "Ma gloire reverdira sans cesse, et mon arc reprendra sa vigueur dans ma main". Le témoignage de la conscience est la gloire des saints. L’homme est renouvelé quand il est résolu au combat contre les vices. Isaïe (40, 31) dit: "ils élèveront leur vol comme les aigles, ils courront et ne se fatigueront point", c'est-à-dire en courant "dans la voie des préceptes" de Dieu. Mais qui effectue cette course ?

L’Esprit Saint. Ainsi Isaïe (63, 13): "Il nous fit marcher à travers les abîmes sans trébucher, comme un cheval dans la steppe; l'Esprit Saint fut leur guide".

 

            3/ La rénovation, troisièmement, s’opère par la sagesse qui illumine. Quand l’homme inexpérimenté se met à connaître davantage les bienfaits de Dieu, il est renouvelé. De cette rénovation il est dit dans l’Épître aux Colossiens (3, 10): "Revêtez l’homme nouveau qui a été créé selon Dieu". C’est le Christ qu’on appelle "l’homme nouveau" parce que nouvelle fut sa conception, issu "non de la semence d’un homme"; nouvelle fut sa naissance parce que sa mère était vierge après l’enfantement; nouvelle fut sa passion parce qu’il était sans péché; nouvelle fut sa résurrection parce qu’elle fut instantanée et "renouvelante" - il ressuscita en effet instantanément et dans la gloire -; nouvelle fut son ascension, parce qu’il monta (au ciel) par ses propres ressources et non par celles d’autrui, comme Énoch et Élie. C’est pourquoi il est dit dans l’Ecclés. (36, 6): "Renouvelez les prodiges et reproduisez les merveilles". Et parce que - dans le Christ - tout est renouvelé, dans les cérémonies solennelles nous revêtons des vêtements neufs dans l’assemblée, pour "chanter au Seigneur un cantique nouveau" (Psaume 96, 1), comme si on disait de celui qui renouvelle son vêtement dans sa parure extérieure qu’il est renouvelé en esprit, à l’intérieur, par la grâce. Aux Colossiens (3, 9) l’Apôtre dit: "Débarrassez-vous du vieil homme", c'est-à-dire de l’habit de péchés, avec les actions qui lui sont propres, "et revêtez l’homme nouveau", c'est-à-dire l’habit de la vertu qui n’est pas privé d’actions, l’homme nouveau, c'est-à-dire un esprit raisonnable qui sera renouvelé en homme nouveau dans la connaissance de Dieu, etc... Il s’ensuit: "Revêtez l’homme nouveau..." comme ci-dessus. Et dans l’Épître aux Romains (13, 14): "Revêtez le Seigneur Jésus-Christ". D’où vient cette sagesse ? De l'Esprit Saint. Job (32, 8): "C’est l’esprit (mis) dans l’homme, le souffle du Tout-Puissant, qui lui donne...".

 

            4/ Quatrièmement, la rénovation s’effectue par la gloire qui perfectionne, à savoir quand le corps sera renouvelé de la vieillesse du châtiment et de la vieillesse de la faute; de cette rénovation il est question dans Isaïe (65, 17): " Car voici que je crée des cieux nouveaux et une terre nouvelle". Et d’où vient cette rénovation ? De l'Esprit Saint ; c’est lui qui est le gage de notre héritage et nous conduit à l’héritage du ciel. Celui qui a besoin d’être créé et renouvelé, il l’obtiendra de l'Esprit Saint.

 

Quatrième partie: L'objet sur lequel porte l'efficacité de l'Esprit Saint

 

Qui donc reçoit cette rénovation ? "La face de la terre", c'est-à-dire le monde entier qui fut jadis rempli du culte des idoles; maintenant le Seigneur a donné aux Apôtres le "don des grâces". Isaïe (27, 6): "Ceux qui s’avanceront avec élan"  - c'est-à-dire l'Esprit Saint - "rempliront la face de la terre de la semence issue de Jacob"[8]. Et la face de la terre, c’est l’intelligence humaine, parce que, de même que par "la face" nous entendons "corporellement", ainsi par l' "intelligence" nous entendons "spirituellement", comme dans Genèse 2, 7: "Dieu forma l’homme de la poussière du sol et il souffla dans ses narines un souffle de vie".

Or pour que l’intelligence humaine reçoive cette rénovation, elle doit avoir quatre qualités: elle doit être pure, ouverte, droite, stable et ferme.

 

            1/ On dit dans Matthieu 6, 17: "Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage", c'est-à-dire des larmes de la componction, alors tu pourras recevoir la rénovation de l'Esprit Saint. Le Psalmiste (51, 12) dit: "O Dieu, crée en moi un coeur pur".

 

            2/ En second lieu, le "visage" de l’intelligence doit être mis à nu et ouvert. Le Prophète dit: "Il avait le visage couvert de graisse" (Job 15, 27). Certains ont le "visage" de l’intelligence obscurci par les ténèbres de l’ignorance. Job (23, 17): "Ce ne sont pas les ténèbres qui me consument", et l’Apôtre (2 Corinthiens 3, 18): "Pour nous tous, le visage découvert" - c'est-à-dire loin des affections pour les biens de la terre - "réfléchissant comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de plus en plus resplendissante, etc."

 

            3/ En troisième lieu, le "visage" de l’intelligence doit être directement tourné vers Dieu, d’où dans Tobie (3, 14): "Vers vous, Seigneur, je tourne mon visage, vers vous j’élève mes yeux". Comment tournons-nous le visage vers Dieu ? Grâce à l’attention droite, et nous atteignons ainsi à la rénovation de l'Esprit Saint. On le dit dans l’Évangile selon saint Luc (11, 13): "(Le Père) donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent". De même, si vous êtes attirés par l’obéissance, il donnera l'Esprit Saint à ceux qui lui obéissent. De même nous devons aussi tourner notre visage vers notre prochain, d’où chez Tobie: Ne détourne pas "ton visage" e ton prochain. C’est pourquoi les Apôtres, parce qu’ils étaient et obéissants et tournés vers leur prochain, reçurent l'Esprit Saint.

 

            4/ Quatrièmement, le visage de l’intelligence doit être ferme. Au sujet de Anne, la mère de Samuel, on lit[9]: "Son visage, tourné vers Héli, n’était pas davantage transformé". Et ainsi elle reçut l'Esprit Saint. Job (11, 15) dit: "Alors tu lèveras ton front..." A ceux-là est donné l'Esprit Saint, comme dans l’Évangile: "Comme il mangeait (avec eux), il leur commanda de ne pas quitter Jérusalem, mais d’attendre (la réalisation de) la promesse, etc. S’ils étaient partis, ils n’auraient pas reçu l'Esprit Saint. Ainsi chez Mt (10, 22): "Celui qui persévérera (jusqu’au but) sera sauvé". Nous demandons au Seigneur, etc.

 

 



[1] citation incorrecte

[2] ita quod unicus facit se praebere diversis.

[3] Citation incorrecte

[4] "non quod assumptus sit in unitate personae sicut Filius in humana natura: phrase difficile; traduction peut-être fausse. Font problème: "ita... ut... non quod" et "assumptus"]

[5] "est igitur a Patre auctoritas originis".

[6] Citation incorrecte: Thomas dit "en nous".

[7] discolos: mot inconnu; en grec le mot duskolos signifie "d'humeur chagrine".

[8] Traduction personnelle; les Bibles que j’utilise ne rendent pas compte du texte de la Vulgate

[9] [Comme il est beaucoup question au Premier Livre de Samuel du prêtre Héli, je me permets de supposer que "eliversa" (Eli versa) pourrait signifier "tourné vers Héli"]