OFFICE DE LA FÊTE DU CORPS DE JÉSUS-CHRIST, COMPOSÉ SUR L’ORDRE DU PAPE URBAIN IV, QUI A ÉTABLI CETTE FÊTE.

SAINT THOMAS D'AQUIN, DOCTEUR DE L'ÉGLISE

 

OPUSCULE 56

(Œuvre authentique)

Traduction Abbé Fournet, Editions Louis Vivès, 1857

Quatre des hymnes célèbres traduits en 1962 par Maurice LE BAS

Édition numérique, http://docteurangelique.free.fr, 2004

Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

 

 

Office des premières Vêpres 2

Hymne. No 68 : Pange, lingua, gloriosi corporis 2

Office des Matines 4

Hymne. No 69 : Sacris solemniis 4

Office du premier nocturne 5

Office du deuxième nocturne 6

Office du troisième nocturne 8

Office des Laudes 9

Hymne: No 70 : Verbuni supernum_ 10

Office de Prime 11

Office de Tierce 11

Office de Sexte 11

Office de None 11

Office des Vêpres 12

La messe votive du corps du Seigneur 12

Séquence de la Messe du Saint Sacrement 13

 

On lit ce qui suit dans la chronique qui porte le nom de supplément des chroniques.

Note de l'édition 1857: Urbain IV, ayant été élevé au souverain Pontificat, institua la solennité du corps de Jésus-Christ, ainsi que les processions et les Octaves, avec obligation pour les fidèles de les célébrer, et il accorda à ces fins de nombreuses indulgences; il confia à saint Thomas le soin d’en composer l’office au moyen des figures tirées de l’ancien Testament. On lit la même chose dans la légende du saint et dans plusieurs autres chroniques, telle que celle de Ptolémée de Luque, du bienheureux Antonin, archevêque de Florence, etc. C’est aussi ce qui fut prouvé dans le consistoire apostolique, en présence du pape Urbain V, lorsqu’on agitait la question de la translation du corps du même docteur saint Thomas, et qui se tint en l’année 1379. Son saint corps fut alors transporté dans le couvent que les frères prêcheurs possédaient à Toulouse. Il avait reposé depuis sa bienheureuse mort jusqu’à ce jour dans le monastère de Fosse-Neuve. Et comme il composa cet office sur les instances du Pontife de Rome, il le composa d’après les règles de la cour de Rome.

 

FÊTE DU CORPS DE JÉSUS-CHRIST

 

Office des premières Vêpres

 

1° Antienne.

Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech, le Seigneur Jésus-Christ offrit le pain et le vin. Psaume. Le Seigneur a dit à mon Seigneur.

2° Antienne.

Le Seigneur miséricordieux et clément, en souvenir de ses merveilles, a donné la nourriture nécessaire à ceux qui le craignent. Psaume: Je vous louerai Seigneur, etc. 3e Antienne. Je prendrai le calice du salut, et j’invoquerai le nom du Seigneur. Psaume: J’ai cru, etc. 4e Antienne. Que les enfants soient autour de la table du Seigneur comme les jeunes plants d’oliviers de l’Eglise. Psaume. Bienheureux tous ceux, etc.

3° Antienne.

Le Seigneur nous rassasie du plus pur froment, lui qui a établi la paix dans l’Eglise entière. Psaume. Jérusalem loue le Seigneur.

Capitule.

Le Seigneur Jésus-Christ pendant la nuit où on le livrait à ses ennemis, prit le pain, et rendant grâce, il le rompit et dit: Prenez, et mangez. "Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous." que Dieu en soit béni.

Répons/ Un homme fit un grand festin, et il envoya son serviteur à l’heure du repas dire à ceux qui étaient invités, de venir, parce que tout était prêt. Verset/ Venez et mangez mon pain; et buvez mon vin que je vous ai préparé. Parce que, etc. Gloire soit, etc. Parce que, etc.

Hymne. No 68 : Pange, lingua, gloriosi corporis

Voici « le grand cantique de l’Eglise ». Dans un début d’un haut lyrisme, le poète célèbre le mystère ineffable du Corps et du Sang du Christ. Après un court rappel de la vie du Sauveur, il évoque le souvenir de la dernière Cène et la première Communion des Apôtres. Voici enfin le Tantum ergo, la prière qu’on ne chante qu’à genoux, prière humaine, certes, mais inspirée, qui se clôt par une doxologie, « écho de l’éternel cantique du ciel à la gloire et à la louange du Dieu Eucharistie ».

Saint Thomas a toujours été reconnu comme l'auteur inspiré des hymnes de cette fête.

 

1° Traduction 1857:

Publie, ma langue, le mystère du corps glorieux et du sang précieux, que le roi des nations fruit d’un sein généreux a répandu pour racheter le monde! Il nous a été donné, il nous est né d’une verge très pure. Répandant la semence de la parole il a conversé avec les hommes, et il a terminé d’une manière merveilleuse son séjour ici-bas. Assis au milieu de ses disciples pendant cette nuit de la cène suprême, ayant observé la loi dans toute sa plénitude pour les mets quelle prescrit, il se donne de ses propres mains comme aliment à la foule des douze Apôtres. Le Verbe fait chair change par sa parole un pain véritable en sa propre chair, et le vin en son sang précieux; bien que les sens soient impuissants à le voir, la foi seule suffit pour affermir le coeur sincère. Incliné profondément, adorons donc un si grand sacrement, et que l’enseignement ancien fasse place au culte nouveau; que la foi supplée à l’insuffisance des sens. Au Père et au Fils, louange et jubilation, salut, honneur, puissance et bénédiction; louange pareillement à celui qui procède de l’un et de l’autre. Amen. Vous leur avez donné, Seigneur, un pain céleste. Qui a en lui toute espèce de charmes. Magnificat. Antienne. Oh! qu’il est doux, Seigneur, votre esprit, qui, pour que vous fissiez connaître à vos enfants l’étendue de votre douceur, rassasierez les bons qui ont faim d’un pain délicieux descendu du ciel et enverrez sans satisfaire leur appétit les riches fastidieux.

 

2° Traduction 1962, Maurice LE BAS:

Chante, ô ma langue, le mystère

Du corps sacré, corps glorieux,

Livré pour nous sur le Calvaire,

Et celui du sang précieux,

Versé pour racheter la terre

Par le fruit d’un sein merveilleux.

 

Il naît pour nous dans une étable,

Dieu nous le donne sans retour;

Fils d’une Mère incomparable,

Dans le monde il sème l’Amour,

Et par un prodige admirable

Il va couronner son séjour.

 

La nuit, dans la Cène suprême,

Assis à table avec les siens,

Il observe la Loi qu’il aime,

Dans les mets prescrits aux anciens;

Aux Douze, il se donne lui-même

En nourriture, de ses mains.

 

D’un mot de sa bouche adorable

Il change le pain en son corps,

Le vin en son sang véritable;

Si mon oeil me dit que j’ai tort,

Ma foi demeure inébranlable

Et j’y puise mon réconfort.

 

Prosternons-nous dans la présence

Du plus auguste sacrement,

Et que la nouvelle Alliance

Succède à l’autre Testament;

La foi, devant mon ignorance,

Supplée à mon aveuglement.

 

A Dieu le Père, au Christ mon frère

Louange et jubilation,

Honneur, salut, puissance entière

Et chants de bénédiction.

A l’Esprit du Fils et du Père

Notre égale acclamation.

 

Oraison.

Dieu qui nous avez laissé dans ce sacrement admirable le souvenir de votre passion, faites, nous vous en supplions, que nous ayons pour les saints mystères de votre corps et de votre sang un respect tel que nous jouissions intérieurement et continuellement des fruits de votre rédemption. Vous qui vivez, etc. A complies, etc. Antienne, ayez pitié, etc. Psaume. Lorsque j’invoquais, etc. Faites, Seigneur, que je quitte, etc. Antienne. Louez Dieu, louez Dieu. Le pain que je vous donnerai, Louez Dieu. Ma chair est pour la vie du monde. Louez Dieu, louez Dieu.

 

Office des Matines

 

L'invitatoire. Adorons le Christ roi qui domine les nations et qui engraisse l’esprit de ceux auxquels il se donne en aliment.

Psaume, venez, etc.

Hymne. No 69 : Sacris solemniis

Après un début débordant d’enthousiasme lyrique, voici l’histoire de la Cène, eucharistique, qui se termine par la strophe que connaissent tous les chrétiens: Panis angelicus. On aurait pu craindre que la poésie, ne cédât le pas au langage sec et abrupt de la scolastique: « Docteur par la pensée, saint Thomas d’Aquin est poète par l’amour. » (C. Albin de igala.)

 

1° Traduction 1857:

Que la joie accompagne ces solennités saintes, et que les coeurs fassent retentir les cris d’allégresse; que tout ce qui était ancien disparaisse; que tout Sait nouveau, les coeurs, le langage et les oeuvres. Cette fête rappelle la cène suprême accomplie en cette nuit où la foi nous enseigne que Jésus-Christ donna à ses frères l’agneau Pascal et le pain sans levain conformément aux lois sous lesquelles vivaient les anciens Pères. Après l’agneau typique, le festin étant achevé, les disciples ayant reçu le corps du Seigneur, nous confessons qu’il se donna de ses propres mains tout entier à tous, comme il se donna tout entier à chacun. Il servit à ceux qui étaient débiles son corps en aliment, et donna à ceux qui étaient tristes la coupe de son sang, disant: Prenez le calice que je vous donne et buvez en tous. C’est ainsi qu’il institua le sacrifice dont il voulut que les prêtres seuls fussent les ministres et auxquels il convient si bien qu’ils le prennent pour eux et le donnent aux autres. Le pain des anges devient le pain des hommes; ce pain céleste est la réalisation des anciennes figures. O! chose indicible! le pauvre, l’esclave, l’homme le plus faible mange son Seigneur. Divinité trine et une, nous vous le demandons. Visitez-nous comme nous vous honorons; conduisez-nous par vos sentiers vers notre fin, à la lumière que vous habitez. Ainsi soit-il.

 

2° Traduction 1962, Maurice LE BAS:

 

Exultons en ce jour de fête solennelle, Proclamons dans nos chants la gloire du Seigneur. Oublions le passé : que tout se renouvelle, Nos oeuvres, nos voix, notre coeur.

Evoquons le Cénacle et le repas ultime Où Jésus célébra la Pâque avec les siens, Mangeant l’agneau prescrit avec le pain azyme, Selon les rites des anciens.

Quand fut mangé l’agneau comme avaient fait les pères, Jésus nourrit ses fils de son corps glorieux; De ses mains il se donne entier à tous ses frères, Et tout entier à chacun d’eux.

Il leur livre son corps pour guérir leur faiblesse, Pour chasser leur tristesse il leur offre son sang : Prenez tous, leur dit-il, le sang que je vous laisse, Voici la coupe, buvez-en.

Ce nouveau sacrifice, alors il le confie A des prêtres qui seuls le renouvelleront; Recevant les premiers la sainte Eucharistie, Aux autres ils la donneront.

Le pain du ciel devient le pain de notre table, Les figures d’antan ont perdu leur valeur

O merveille ! un esclave, indigent, méprisable, Se nourrit du corps du Seigneur.

Exauce, ô Trinité, notre désir suprême: Viens visiter nos coeurs, fais ta demeure en eux;

Puis trace-nous la route et conduis-nous toi-même Vers ton paradis lumineux.

 

Office du premier nocturne

Antienne

Le Seigneur au temps de sa mort donna à goûter le fruit du salut. Psaume. Bienheureux l’homme, etc. Antienne. Les fidèles multipliés par le fruit du froment et du vin reposent dans la paix de jésus-Christ. Psaume. Lorsque j’invoquais le Seigneur.

Antienne.

Le Seigneur noua a réunis par la communion du calice dans laquelle on reçoit Dieu, et non par le sang des jeunes taureaux. Psaume. Conservez, etc. Il leur a donné le pain du ciel. i Il a mangé le pain des anges.

LEÇON I

Les bienfaits immenses que la largesse divine a départis au peuple chrétien lui confèrent une dignité inestimable. Il n’est pas et il n’y eut jamais en effet de nation si grande qu’elle eût des dieux qui l’approchassent de si près que notre Dieu s’approche de nous. Le Fils unique de Dieu voulant en effet nous rendre participants de sa divinité, a pris notre nature, et il s’est fait homme pour nous faire des dieux. Et de plus, tout ce qu’il a pris de notre nature, il nous l’a tout conféré pour notre salut, car c’est pour notre réconciliation qu’il a offert à Dieu le Père son corps comme une hostie sur l’autel de la croix. Il a versé son sang à la fois comme le prix de notre salut et comme un bain salutaire, afin que rachetés de la triste servitude à laquelle nous étions réduits, nous fussions purifiés de tous nos péchés. Repons/ La multitude des enfants d’Israël immolera un chevreau le soir de la Pâque. Ils en mangeront les chairs et le pain sans levain. Verset/ Le Christ notre Pâque, s’est immolé, c’est pourquoi faisons un festin avec les sans levains de la sincérité et de la vérité. Et ils mangeront, etc.

 

LEÇON II

 

Mais pour conserver parmi nous le souvenir perpétuel d!un si grand bienfait, il laissa son corps et son sang aux fidèles pour qu’ils les prissent comme une nourriture et comme un breuvage sous les apparences du pain et du vin. Oh! festin précieux! admirable, salutaire, plein de toute espèce de suavité! Que peut-il en effet y avoir de plus précieux que ce festin, dans lequel on ne nous propose pas de prendre comme autrefois sous la loi, la chair des boucs et des veaux, mais bien de nous nourrir de Jésus-Christ Dieu véritable? Qu’y a-t-il de plus merveilleux que ce sacrement? Dans ce sacrement en effet la substance du pain et du vin se changent substantiellement au corps et au sang de Jésus-Christ; c’est pourquoi le Christ, Dieu véritable et homme parfait, est renfermé sous les espèces d’un peu de pain et de vin. Repons/ Vous mangerez les chairs et vous serez rassasiés par le pain. C’est ici le pain que le Seigneur vous a donné pour votre nourriture. Verset/ Moïse ne vous a pas donné le pain céleste; mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel. C’est ici, etc.

 

LEÇON III

C’est pourquoi les fidèles le mangent et ne le mettent point en pièce, il demeure même tout entier après la division du sacrement sous chaque particule qui provient de cette division. Quant aux accidents ils subsistent dans le même sujet, pour exercer la foi, lorsque le visible est pris invisiblement, étant caché sous une apparence étrangère et pour que les sens qui ne jugent que des accidents qui leur sont connus ne soient pas trompés. Il n’y a pas de sacrement plus salutaire que celui-là, pour purifier les péchés, pour donner des forces nouvelles et engraisser l’esprit de l’abondance de tous les dons spirituels. On l’offre dans l’Eglise pour les vivants et pour les morts, afin qu’il serve à tous, étant institué pour le salut de tous.

Repons/ Elie regarda le pain cuit sous la cendre qui se trouvait derrière sa tété; se levant il mangea et il but, et il marcha fortifié par cette nourriture. Jusqu’à la montagne du Seigneur. Verset/ Si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement. Et il marcha, etc. Gloire au, etc. Jusqu’à, etc.

 

Office du deuxième nocturne

 

Antienne. Que le Seigneur se souvienne de notre sacrifice, et que notre holocauste soit pour lui d’agréable odeur. Psaume. Que le Seigneur vous exauce, etc. Antienne. Le Seigneur nous pré pare sa table contre tous ceux qui nous attristent. Psaume. Le Seigneur me dirige, etc. Antienne. Prenant part au banquet magnifique du Seigneur, les airs retentiront de leurs cris d’allégresse. Psaume. De même que le cerf, etc. Verset/ Il les a nourris du plus pur froment. Repons/  Et il les a rassasiés du miel des rochers.

 

LEÇON IV

Personne enfin ne saurait exprimer la suavité de ce sacrement qui fait goûter à sa source même la douceur spirituelle, et qui rappelle le souvenir de celui dont le Christ au moment de sa passion a fait connaître la charité infiniment parfaite. C’est pour cela qu’afin de graver plus profondément dans les cœurs des fidèles l’immensité de cette charité, dans la cène suprême, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, devant quitter la terre pour retourner à son Père, il institua ce sacrement comme le souvenir perpétuel de sa passion, comme l’accomplissement des anciennes figures, et comme le plus grandes des miracles opérés par lui; il laissa aussi ce sacrement comme le moyeu le plus propre pour consoler ceux que son absence attristait.

Repons/  Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair immolée pour la vie du monde; les Juifs discutaient donc entre eux disant: Comment. peut-il nous donner sa chair à manger? Verset/ Le peuple a parlé contre le Seigneur. Nous sommes dégoûtés de cette nourriture trop légère. Comment peut-il.

 

LEÇON V

C’est pourquoi il convient à la dévotion des fidèles de rappeler solennellement l’institution d’un sacrement et si ‘salutaire et si admirable, afin que nous vénérions le mode ineffable dont Dieu est pré sent dans un sacrement visible; et afin de louer la puissance de Dieu qui opère dans ce sacrement tant de choses merveilleuses: c’est aussi pour rendre à Dieu les actions de grâces qui lui sont dues pour un bienfait et si salutaire et si doux. Mais bien qu’au jour de la cène jour ou l’on soit qu’a été institué ce sacrement, on fasse de son institution une mention spéciale pendant la solennité des messes qui se célèbrent; tout le reste de l’office du jour néanmoins est consacré à la passion de Jésus-Christ, passion à la vénération de laquelle l’Eglise se livre pendant tout ce temps. Mais afin que tous les fidèles célébrassent l’institution d’un si grand sacrement par l’office tout entier d’une solennité, le Pontife de Rome Urbain IV, poussé par sa dévotion à ce sacrement, a pieusement établi que tous les fidèles célébreraient la mémoire de son institution la première cinquième férie après 1'Octave de la Pentecôte; afin que nous, qui usons pendant tout le cours de l’année de ce sacrement pour notre salut, nous célébrions spécialement son institution en ce temps, qui est celui où le Saint Esprit a appris aux coeurs des disciples à connaître pleinement les mystères de ce même sacrement. C’est en effet en ce temps que les fidèles commencèrent à fréquenter ce sacrement.

Repons/ Pendant qu’ils soupaient, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit, le donna à ses disciples, et dit: Prenez et mangez. Ceci est mon corps. Verset/ Les hommes de ma tente s’écrièrent: qui nous donnera de sa chair pour que nous nous en rassasions. Prenez, etc.

 

LEÇON VI

Le pontife de Rome dont nous venons de parler, pour faire célébrer avec plus de pompe la mémoire de cette salutaire institution, le jour de la cinquième férie indiquée et pendant l’octave suivante, et pour en rendre la solennité plus célèbre, au lieu des distributions matérielles qui se font dans les églises cathédrales à ceux qui assistent aux heures canoniales de la nuit et du jour, accorda, par une largesse apostolique, à ceux qui assisteraient en personne pendant cette solennité à ces mêmes heures canoniales dans les églises, des largesses spirituelles, afin que les fidèles se réunissent en plus grand nombre et avec plus d’empressement à la solennité d’une si grande fête. A tous ceux donc qui sont véritablement pénitents, qui se seront con fessés, et qui assisteront en personne et dans l’église à l’office de Matines de cette fête, il accorde cent jours d’indulgences, il en accorde autant à ceux qui assisteront à la Messe; il en accorde cent pareille ment à ceux qui assisteront aux premières Vêpres de la même fête. Quant à ceux qui assisteront aux secondes Vêpres, il leur en accorde pareillement cent. Il en accorde aussi quarante jours à ceux qui assisteront à prime, tierce, sexte, none et complies, et cela pour chacune de ces heures. Quant à ceux qui, pendant les octaves de cette fête assisteront aux offices de matines, à la messe, à ceux des vêpres et des autres heures, il leur accorde pour chacun des jours de ces mêmes octaves, pour remettre les pénitences dont ils sont chargés, une indulgence de cent jours, et à perpétuité.

Repons/ Jésus prit le calice après avoir soupé, et dit: "Ce calice est la nouvelle alliance dans mon sang. Faites ceci en mémoire de moi."  Verset/ Je repasserai toujours ces choses dans ma mémoire, et mon âme séchera de douleur. "Ce calice, etc." Gloire soit, etc. Faites, etc.

 

Office du troisième nocturne

 

Antienne. "J’entrerai jusqu’à l’autel de Dieu, et je prendrai le Christ qui renouvelle ma jeunesse." Psaume. "Jugez- moi, mon Dieu." Antienne. Il nous a nourris du plus pur froment, et il nous a rassasiés du miel des rochers. Psaume. Réjouissez-vous en louant Dieu, etc. Antienne. Seigneur, nous prenons le Christ de votre autel, et il fait tressaillir de joie notre coeur et notre chair. Psaume. Que vos tabernacles sont chers, etc. Verset/ Tirez le pain de la terre; Repons/ et que le vin réjouisse le coeur de l’homme.

 

LEÇON VII

Evangile selon saint Jean.

En ce temps-là Jésus dit à ses disciples et à la foule des Juifs: Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage, etc. Homélie du bienheureux évêque Augustin. Comme les hommes demandent à la nourriture et à la boisson qu’ils prennent qu’elles les empêchent d’avoir faim et soif, il n’y a véritablement que cette nourriture et ce breuvage qui aient ce résultat; ils rendent immortelles et incorruptibles ceux qui les prennent, c’est-à-dire qu’ils en font la société même des saints où régnera la paix et l’unité pleine et parfaite. C’est pour cela, comme le comprirent avant nous les hommes de Dieu, que notre Seigneur Jésus-Christ confia son corps et son sang à des choses qui ne forment qu’un tout. Un pain est en effet composé d’un grand nombre de grains, et le vin provient d’un grand nombre de grappes de raisins.

Repons/ "Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui." Verset/ "Il n’y a pas d’autre nation si grande qui ait des dieux qui s’approchent d’elle si près, que notre Dieu s’approche de nous. En moi, etc."

 

LEÇON VIII

Enfin il expose comment se fait ce qu’il dit, et ce que c’est que manger son corps et boire son sang. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui." Manger cette nourriture et boire ce breuvage n’est donc pas autre chose que demeurer en Jésus-Christ et que de l’avoir en soi comme un hôte. Par conséquent, celui qui ne demeure pas en Jésus-Christ, et en qui il n’habite pas lui-même, ne mange assurément pas spirituellement sa chair, bien que charnellement et visiblement il presse sous ses dents les sacrements du corps et du sang du Christ. Mais il mange et boit plutôt à sa condamnation ce grand sacrement celui qui, sans s’être purifié, ose s’approcher du sacrement de Jésus-Christ; puisque celui-là seul le reçoit dignement, qui est pur. C’est de ceux-là qu’il est dit Bienheureux ceux dont le coeur est pur, parce qu’ils verront Dieu.

Repons/ "Mon Père qui m’a envoyé est vivant, et moi je vis pour mon Père, de même celui qui me mange vivra pour moi." Verset/ "Le Seigneur l’a nourri du pain de la vie et de l’intelligence."

 

LEÇON IX

 

Comme mon Père qui m’a envoyé est vivant, et moi je vis pour lui, de même celui qui me mange vivra pour moi. Le Fils ne devient pas meilleur par sa participation avec le Père, puisqu’il lui est égal; comme nous devenons meilleurs, nous, par la participation du Fils, par l’union du corps et du sang que signifie cette action de manger et de boire. Lorsque nous le mangeons, nous vivons donc pour lui, c’est-à-dire par Jésus-Christ, recevant la vie éternelle que nous ne possédons pas en nous. Quant à lui, il vivra pour le Père qui l’a envoyé, parce qu’il s’est abaissé lui-même, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé, et moi je vis pour mon Père, de même celui qui me mange vivra pour moi. C’est comme s’il disait: Et moi je vis pour mon Père. C’est-à-dire, il faut que je lui rapporte ma vie comme étant plus grand. Il a fait l’abaissement dans lequel il m’a envoyé; mais ce qui fait que chacun vit pour moi, c’est qu’il participe à moi en me mangeant. Quant à moi, humilié, je vis pour mon Père, et lui, dans sa grandeur, vit pour moi. Il ne dit pas cela de cette nature par laquelle il est toujours égal au Père, mais bien de celle en laquelle il lui est inférieur, et dont il a dit plus haut: Comme le Père a la vie n soi, de même il a donné au Fils de l’avoir aussi en lui-même.

Repons/ Nous ne sommes tous ensemble qu’un seul pain et un seul corps, parce que nous participons tous à un même pain et à un même calice. Verset/ Vous avez préparé, ô Dieu! par un effet de votre douceur, une nourriture pour le pauvre; vous les faites habiter tous dans votre maison. Tous, etc. Gloire soit, etc. Nous participons tous, etc.

Verset/ J’ai mangé mon rayon avec mon miel; Repons/ j’ai bu mon vin avec mon lait.

 

Office des Laudes

 

La Sagesse s’est édifié une maison, elle a mêlé le vin, et elle adressé la table. Louez Dieu. Psaume. Le Seigneur a régné, etc. Antienne. Vous avez nourri votre peuple avec le pain des anges, et vous lui avez donné le pain du ciel. Louez Dieu. Antienne. Le pain du Christ est un pain gras, et les rois y trouveront leurs délices. Louez Dieu. Antienne. Les prêtres de Dieu offrent à Dieu le pain et l’encens. Louez Dieu. Antienne. Je donnerai au victorieux la manne cachée et un nom nouveau. Louez Dieu. Capitule. Seigneur Jésus, etc. Comme aux premières Vêpres.

 

Hymne: No 70 : Verbuni supernum

Quatre tableaux dans ce poème: le Verbe descend du ciel pour Sauver l’homme pécheur; il s’assied avec les siens au festin de la Cène; il se donne à eux. Enfin, le quatrième tableau nous présente à la fois, dans un raccourci saisissant, la crèche, le cénacle, la croix et le ciel.

« Dans ses hymnes presque surnaturelles, écrit le P. Faber, saint Thomas d’Aquin sait concilier la sérénité inflexible du dogme avec une douceur et une mélodie qui ressemblent plutôt à un écho du ciel qu’à un chant de la terre. »

 

1° Traduction 1857:

Le Verbe divin naissant vient accomplir son oeuvre tout en demeurant à la droite de son Père, il poursuit sa course jusqu’au terme de la vie. Un de ses disciples devant le livrer à ses ennemis pour être mis à mort, il se donne d’abord à ses disciples en aliment de vie. Il leur donna sa chair et son sang sous deux espèces, afin que de sa double substance il alimentât tout l’homme. Naissant il se fit notre frère, il partagea les mets qui nous nourrissent; mourant il se fit le prix de notre rédemption, régnant il fut notre récompense. O hostie salutaire, qui nous ouvrez le ciel, nous sommes pressés par les combats de nos ennemis; donnez-nous la force, venez à notre secours. Au Seigneur un et trois gloire éternelle, et qu’il nous donne une vie sans fin dans la céleste patrie. Ainsi soit-il.

 

2° Traduction 1962, Maurice LE BAS

Le Verbe est descendu du ciel,

Sans quitter la droite du Père,

Pour sauver l’homme criminel

Et touche à son heure dernière.

 

Tout à l’heure à ses ennemis

Judas va le livrer, le traître;

Mais c’est d’abord à ses amis

Que Jésus se livre, ô bon Maître.

 

Il leur donne sa chair, son sang,

Voilés sous la double apparence,

Pour nourrir l’homme entièrement,

L’âme et le corps, double substance.

 

Enfant, c’est notre compagnon,

A la Cène il est pain de vie,

Au Calvaire notre rançon,

Au ciel récompense infinie.

 

O toi qui nous rouvres le ciel,

O sainte, ô salutaire Hostie,

Contre notre ennemi mortel

Que ta grâce nous fortifie.

 

Puissions-nous te louer sans fin,

O Trinité par nous bénie,

Et goûter un bonheur divin

Dans notre éternelle patrie.

 

Verset/ Il a établi la paix jusqu’à tes confins; Repons/ et il t’a nourri du plus pur froment. "Béni soit le Seigneur, etc." Antienne. "Je suis le pain de vie qui suis descendu du ciel; si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement." L’oraison est comme aux premières vêpres.

 

Office de Prime

et aux autres heures, les antiennes sont les mêmes que celles de Laudes, excepté la quatrième. Repons/ "Jésus-Christ, etc." Verset/ "Qui est né de la Vierge Marie." Ce verset doit se dire pendant toute l’octave.

 

Office de Tierce

 

Capitule. Seigneur, Jésus, etc. Repons/  Il leur a donné le pain du ciel, louez Dieu. Verset/ L’homme a mangé le pain des anges, louez Dieu, louez Dieu. Gloire soit, etc. Le pain des, etc. Il les a nourris, etc.

 

Office de Sexte

 

Capitule. Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jus qu’à ce qu’il vienne. Repons/  Il les a nourris, etc. Louez Dieu, louez Dieu. Verset/  Et du miel de la pierre, etc. Gloire soit, etc. Il les a nourris, etc. Verset/ Tirez le pain, etc.

 

Office de None

 

Capitule. Quiconque mangera le pain, et boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Repons/ Tirez le pain, etc. Louez Dieu, louez Dieu. Verset/ Et que le vin réjouisse, etc. Louez Dieu, louez Dieu. Gloire soit, etc. Tirez le pain, etc. Il a établi la paix jusqu’à ses confins. Repons/  Et il te rassasie du plus pur froment.

 

Office des Vêpres

 

Les Antiennes pour chaque Psaume sont les mêmes qu’à Laudes. Les Psaumes, le Capitule, l’Hymne et le Verset sont les mêmes qu’aux premières Vêpres.

Au Magnificat. Antienne. O bouquet sacré dans lequel on reçoit Jésus-Christ; où l’on célèbre la mémoire de sa passion, dans lequel l’esprit est rempli de la grâce et où nous recevons le gage de la gloire future! Louez Dieu, louez Dieu! L’Oraison est la même qu’aux premières Vêpres. Pendant l’Octave. Invitatoire. Venez, adorons Jésus-Christ qui est le pain des anges et des hommes. Au Beni soit, etc. Antienne. Je suis le pain de vie, qui suis descendu du ciel; celui qui mange de ce pain vivra éternellement. Au Magnificat: "Le Seigneur qui est miséricordieux et plein de clémence, a rappelé la mémoire de ses merveilles, et il a donné la nourriture à ceux qui le craignent."

Tout le reste se fait comme au jour de la Fête.

 

La messe votive du corps du Seigneur

 

Le Seigneur les a nourris du plus pur froment, louez Dieu, et il les a rassasiés du miel du rocher, louez Dieu, louez Dieu, louez Dieu. Verset/  Réjouissez-vous en louant Dieu notre protecteur; chantez dans de saints transports les louanges du Dieu de Jacob. Gloire soit au Père, etc.

Gloire à Dieu au plus haut des cieux, etc.

Prière. Dieu qui nous avez laissé sous ce sacrement. admirable le souvenir de votre passion, faites,nous vous en supplions, que nous ayons pour les mystères de votre corps et de votre sang un respect tel, que nous jouissions intérieurement et continuellement des fruits de votre rédemption. Vous qui vivez et régnez, etc.

Epître de l’apôtre saint Paul aux Corinthiens.

Mes Frères. Car c’est du Seigneur que j’ai appris ce que je vous ai enseigné; à savoir, que le Seigneur Jésus, la nuit même qu’il devait être mis à mort, "prit un pain, et ayant rendu grâces, le rompit, et dit à ses disciples: Prenez et mangez; Ceci est mon corps" qui sera livré pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même le calice après avoir soupé, en disant: "Ce calice est la nouvelle alliance de mon sang;" faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous le boirez. Toutes les fois en effet que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi quiconque mangera ce pain, ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme donc s’éprouve lui-même, et qu’il mange ainsi de ce pain et boive de ce calice. Car quiconque en mange et en boit indignement, mange et boit sa propre condamnation ne faisant pas le discernement qu’il doit du corps du Seigneur. Tous Seigneur, ont les yeux tournés vers vous; et ils attendent de vous que vous leur donniez leur nourriture dans le temps opportun. Vous ouvrez votre main, et vous remplissez tout ce qui respire des effets de votre bonté. Louez Dieu. Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est véritablement un breuvage; celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui.

 

Séquence de la Messe du Saint Sacrement

No 70 bis : Lauda, Sion

Le plus long texte de notre Hymnaire, l’un des plus beaux, le plus théologique, le chef-d’oeuvre de la poésie dogmatique, où, « tout en gardant l’exacte précision de la terminologie scolastique, saint Thomas expose avec splendeur le dogme eucharistique ».

Il le fait en 24 strophes d’inégale étendue: 18 de 3 lignes, 4 de 4 lignes, et 2 de cinq lignes. En une page ou deux, écrit M. Rouzic, « nous avons les figures et la réalité, les prophéties et l’événement. Nous sommes au Cénacle le soir du Jeudi-Saint et nous sommes partout où se dresse un autel catholique. Nous assistons à l’action de Jésus établissant une Pâque nouvelle, et nous apprenons le fond du mystère et les opérations sanctifiantes de l’Hostie dans les âmes ». On comprend que le Père Parsch déclare que cette « poésie dogmatique mérite d’être méditée ».

Et que dire du chant, sinon que sa royale splendeur n’a d’égale que les somptuosités du Te Deum et du triomphal Credo de Du Mont, qu’une initiative récente de Sa Sainteté Jean XXIIII a remis à l’honneur?

 

1° Traduction 1857

Sion, loue ton Sauveur, ton chef et ton pasteur, loue-le dans tes hymnes et tes cantiques. Ose pour le faire tout ce que te permettront tes forces, parce qu’il est au-dessus de toutes louanges, et que tu ne peux le louer comme il le mérite. On nous propose aujourd’hui comme objet spécial de nos louanges le pain vivant et vivifiant, Il est certain que ce pain fut donné aux douze apôtres à la table de la sainte cène. Que notre louange soit parfaite, quelle soit retentissante, quelle soit aimable; que la jubilation de notre esprit soit digne de Dieu. Ce jour solennel est en effet celui où l’on célèbre la mémoire de la première institution de ce banquet. A cette table du nouveau roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle loi, met un terme à la Pâque ancienne. Ce rituel nouveau abolit le rituel ancien, la vérité dissipe l’ombre, la lumière éclaire la nuit. Ce que Jésus-Christ fit dans la cène, il nous a ordonné de le faire en mémoire de lui. Instruits par sou saint exemple, nous consacrons le pain et le vin eu hostie du salut. C’est un article de foi pour les chrétiens que le pain se change en chair et le vin en sang. Ce que vous ne Comprenez pas, e que vous ne voyez pas, la foi qui ne se laisse pas décourager vous l’assure comme supérieur à l’ordre de la nature. Sous les différentes espèces, qui sont des signes et non des choses réelles, sont cachés les dons les plus parfaits. Sa chair est une nourriture, son sang est un breuvage, Jésus-Christ cependant demeure tout entier sous chaque espèce. Celui qui le prend, ne le rompt pas, ne le brise pas, non plus qu’il ne le divise, mais il le prend tout entier. Un seul le reçoit, mille le reçoivent; ceux en prennent autant que celui-là; pris il n’est point consommé, les bons et les méchants le reçoivent; mais leur sort est différent! les uns y trouvent la vie, les autres la mort. Il est la mort des méchants, la vie des bons; voyez combien sont différents les résultats qu’il produit dans ceux qui le prennent également. Le sacrement enfin étant rompu, n’hésitez pas, mais rappelez-vous qu’il se trouve tout entier sous la partie comme sous la totalité de l’espèce. L’apparence seulement est rompue et non la chose, et cette rupture ne diminue en rien la grandeur ou l’état de la chose signifiée. Voici le pain des anges, qui est devenu le pain des voyageurs, le véritable pain des enfants, qui ne doit point être jeté aux chiens. Il est annoncé en figure à l’avance par l’immolation d’Isaac; il le fut dans l’agneau pascal et la manne donnée à nos pères. Bon pasteur, pain véritable, Jésus ayez pitié de nous, soyez notre nourriture, notre soutien, faites que nous voyons les biens véritables dans la terre des vivants. Vous qui savez et pouvez tout, qui nous nourrissez ici-bas où nous sommes mortels, faites que là nous soyons les commensaux, les cohéritiers et les compagnons des saints habitants du ciel. Ainsi soit-il.

 

2° Traduction 1962, Maurice LE BAS

Chante; ô Sion, dans tes cantiques.

Et par des hymnes magnifiques,

Ton Sauveur, ton Roi, ton Pasteur.

 

Tout ce que ton amour t’inspire,

Ose-le; mais que peux-tu dire

Pour égaler tant de grandeur ?

 

C’est aujourd’hui l’Eucharistie,

Pain vivant qui donne la vie,

Qu’on propose à ta piété.

 

C’est le pain qu’à la troupe élue

Jésus lui-même distribue,

Et le Christ dit la vérité.

 

Que ta louange glorieuse

Eclate en hymne radieuse,

En chant de jubilation.

 

Car cette fête solennelle

Du festin sacré nous rappelle

La première institution.

 

Le Roi nous présente à la Cène,

Mettant fin à la Pâque ancienne

La nouvelle Pâque d’amour.

 

La vérité succède à l’ombre,

L’ère nouvelle au passé sombre,

La nuit s’enfuit devant le jour.

 

Le Christ, Auteur du sacrifice, 

A désiré qu’on l’accomplisse

Pour rappeler son souvenir.

 

Nous consacrons comme au Cénacle

Le pain et le vin du miracle,     

Pour notre salut à venir.

 

C’est un dogme de foi chrétienne        

Que le pain et le vin deviennent           

Son corps et son sang précieux.

 

Notre ardente foi nous assure

Ce qui dépasse la nature,

Ce que ne peuvent voir nos yeux.

 

Sous des espèces différentes,  

Invisiblement sont présentes

De sublimes réalités.

 

Chair et sang nourrissent notre âme ;   

En chacune la foi proclame

Que demeure le Christ entier.  

 

On le prend sans qu’on le divise,

Sans qu’on le rompe ou qu’on le brise,

On le reçoit sans l’entamer.

 

Qu’un seul ou mille communient,

A tous le Christ donne sa vie,

Mais en lui rien n’est consumé.

 

Quand méchants et bons le reçoivent

Et qu’à la même coupe ils boivent,

Ils trouvent la vie ou la mort.

 

C’était pourtant la même hostie,

Mais face à la mort ou la vie

Combien différent est leur sort.

 

S’il faut rompre l’Eucharistie,

Ne t’émeus pas, jamais n’oublie

Que le plus infinie fragment

Contient le Christ, entièrement.

 

Ce n’est pas le corps que l’on brise,

C’est le signe que l’on divise,

Et le Christ, dans ce sacrement,

Ne subit aucun changement.

 

C’est pour nous le pain angélique,

Qui devient notre viatique;

Le vrai pain des fils du Seigneur,

Qu’on ne livre pas au pécheur.

 

Isaac montant au supplice,

L’agneau pascal du sacrifice,

La manne envoyée aux aïeux,

Etaient symboles précieux.

 

O bon Pasteur, pain véritable,

O Jésus, sois-nous secourable;

Par le pain d’immortalité

Accorde-nous de mériter

Le bonheur dans l’éternité.

 

Toi qui nourris ta créature,

Dont le pouvoir est sans mesure,

Fais-nous place au banquet du ciel,

Dans l’héritage paternel,

Avec les saints, Christ immortel.

Amen. Alleluia!

 

Evangile selon saint Jean.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples et à la foule des Juifs: Ma chair est une véritable nourriture, et mon sang un vrai breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme mon Père qui m’a envoyé est vivant et que je vis pour mon Père, de même celui qui me mange, vivra lui aussi pour moi. C’est ici e pain qui est descendu du ciel, il n’est pas comme la manne que mangèrent vos pères, et qui ne les empêcha pas de mourir; celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Je crois en Dieu, etc.

Offertoire. Les prêtres du Seigneur présentent l’encens et offrent à Dieu le pain; c’est pourquoi ils seront saints devant lui et ne souilleront point son nom. Louez Dieu.

Secrète.

Nous vous en supplions, Seigneur, soyez favorable à votre Eglise et donnez-lui la paix et l’unité que désignent mystiquement les dons qui vous sont offerts par Notre Seigneur.

Préface. Par le mystère du Verbe incarné, etc. Le mystère saint et divin y est exprimé, et l’esprit orgueilleux des infidèles frappé de cécité, l'espérance inébranlable des croyants fortifiée par la foi.

Saint. La foi consiste surtout à croire en Dieu, à manger le pain divin, et à le consacrer; nous commandant de le faire, il dit Prenez, ceci est mon corps. Saint. On ne voit d’abord que du pain, mais lors qu’on le consacre, il se change en la chair de Jésus-Christ; comme il se change, de même il se transsubstantie, et c’est Dieu qui opère. Seigneur Dieu des armées. Il en est de même du vin lorsqu’on le hé- nit; il devient véritablement alors le sang de Jésus-Christ, nous de vous croire communément comme vraie cette parole, et non comme simulée. Le ciel et la terre sont pleins de votre gloire, gloire à Dieu au plus haut des cieux. Que ce sacrement soit être pour nous qui le célébrons de même que pour les fidèles qui le reçoivent un aliment, et qu’il soit la cause de la ruine des Juifs qui le nient. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur; gloire à Dieu au plus haut des cieux.

Communion. Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi, quiconque mangera le pain et boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Louez Dieu.

Postcommunion. Faites, nous vous en conjurons, Seigneur, que nous soyons remplis de la jouissance éternelle de votre divinité; jouissance que nous représente la réception temporelle de votre corps et de votre sang précieux; Dieu qui vivez et régnez avec Dieu le Père dans l’unité du Saint Esprit, pendant tous les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

Fin du cinquante-sixième Opuscule de saint Thomas.