Traité sur les articles de Foi et sur les sacrements de
l'Eglise.
Saint Thomas d’Aquin,
à l'Archevêque de Palerme
Editions Louis Vivès, 1857
Traduction vérifiée et corrigée par Charles Duyck,
juin 2005
Édition
numérique, http://docteurangelique.free.fr, 2005
Les
œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
Sancti Thomae de Aquino
De articulis Fidei et Ecclesiae sacramentis
ad archiepiscopum Panormitanum
Première partie : Les articles de la foi
5. La résurrection
de la chair
Deuxième Partie : Des sept Sacrements de l'Eglise
Prooemium
De articulis Fidei, pr. Postulat a me vestra dilectio ut de articulis fidei et Ecclesiae
sacramentis aliqua vobis compendiose pro memoriali transcriberem, cum
dubitationibus quae circa haec moveri possent. Verum cum omne theologorum
studium versetur circa dubietates contingentes articulos fidei et Ecclesiae
sacramenta, si ad plenum vestrae petitioni satisfacere vellem, oporteret totius
theologiae comprehendere summatim difficultates: quod quantum sit operosum,
advertit vestra prudentia. Unde ad praesens vobis sufficiat, si articulos fidei
et Ecclesiae sacramenta breviter vobis distinguam, et qui errores sunt circa
quemlibet eorum vitandi.
Votre affection vous fait me demander de vous transcrire en abrégé, et
comme pour mémoire, quelques réflexions sur les articles de foi et les
sacrements de l'Eglise, avec les doutes qui peuvent être agités sut ces mêmes sujets
et ces mêmes sacrements. Mais comme l'attention tout entière des théologiens a
pour objet les hésitations qui touchent les articles de foi et les sacrements
de l'Eglise, si je voulais satisfaire pleinement à votre demande, il faudrait
embrasser sommairement toutes les difficultés de la théologie: votre esprit
sagace comprend tout ce qu'un semblable travail comporte de pénible. Qu'il vous
suffise donc pour le moment que je vous distingue brièvement les articles de
foi et les sacrements de l'Eglise, ainsi que les erreurs à éviter par rapport à
chacun d'eux.
Pars 1 : De articulis
fidei
De articulis Fidei, pars 1 In primis igitur vos scire oportet, quod tota fides Christiana circa
divinitatem et humanitatem Christi versatur. Unde Christus voce Ioannis loquens
ait, Ioan. XIV, 1: creditis in Deum, et in me credite. Circa utrumque
autem horum a quibusdam sex, a quibusdam septem articuli distinguuntur: et sic
omnes articuli secundum quosdam duodecim, secundum quosdam quatuordecim esse
dicuntur. Primo igitur sex articulos
sic distinguunt circa fidem divinitatis. Sunt enim circa divinitatem tria consideranda, scilicet
unitas divinae essentiae, Trinitas personarum, et effectus divinae virtutis.
Primus igitur articulus est ut credamus essentiae divinae unitatem, secundum
illud Deut. VI, 4: audi Israel: dominus Deus tuus, Deus unus est. Contra
hunc autem articulum plures errores vitandi occurrunt. Primo quidem quorundam
gentilium sive Paganorum, ponentium plures deos, contra quos dicitur Exod. XX,
3: non habebis deos alienos coram me. Secundus est error Manichaeorum, qui ponunt duo principia
esse: unum a quo sunt omnia bona, aliud a quo sunt omnia mala, contra quos
dicitur Isai. XLV, 6: ego dominus non est alter formans lucem, et creans
tenebras, faciens pacem, et creans malum: quia ipse secundum suam iustitiam
infligit malum poenae, cum esse conspicit in sua creatura malum culpae. Tertius
est error Anthropomorphitarum ponentium unum Deum, sed dicentium eum corporeum,
et ad modum humani corporis formatum, contra quos dicitur Ioan. IV, 24: spiritus est Deus; et
Isai. XL, 18: cui similem fecistis Deum, aut quam imaginem ponetis ei?
Quartus est error Epicureorum ponentium quod Deus non habet providentiam et scientiam
de rebus humanis, contra quos dicitur I Petr. ult., 7:
omnem sollicitudinem proiicientes in eum, quoniam ipsi cura est de vobis.
Quintus error est quorundam gentilium philosophorum dicentium Deum non esse
omnipotentem, sed quod solum potest ea quae naturaliter fiunt, contra quos
dicitur in Psal. CXIII, 3: omnia quaecumque voluit, dominus fecit. Omnes
igitur hi derogant unitati divinae essentiae vel perfectioni, unde contra omnes
ponitur in symbolo: credo in unum Deum patrem omnipotentem.
Il vous faut d'abord savoir que la foi chrétienne tout entière repose sur
la divinité et l'humanité du Christ. C'est ce qui fait dire à Jésus-Christ par
la bouche de saint Jean, ch. XIV, 1 : "Vous croyez en Dieu; croyez aussi
en moi." Mais il en est quelques-uns qui, sur chacun de ces points,
distinguent six articles, d'autres sept; ce qui fait que, d'après quelques-uns,
les articles sont au nombre de douze, d'autres disent au contraire, qu'il y en
a quatorze. Premièrement donc, ils distinguent ainsi six articles ayant pour
objet la foi en la divinité. Il y a en effet trois choses à observer touchant
la divinité; à savoir l'unité de l’essence divine, la Trinité des personnes et
les effets de la puissance divine. Le premier article consiste donc à croire en
l'unité d'essence, d'après ce passage du Deutéronome, ch. VI, 4 : "Ecoute,
Israël, le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu." On rencontre sur cet
article plusieurs erreurs qu'il nous faut éviter.
La première, c'est qu'il est parmi les gentils ou païens, quelques
individus qui posent en principe qu'il y a plusieurs dieux. C'est contre eux
qu'il est dit dans l'Exode, ch. XX, 3 : "Tu n'auras pas d’autres dieux
devant ma face."
La seconde, c'est celle des Manichéens qui admettent l'existence de deux
principes; l'un d'où vient tout ce qui est bon, l'autre d'où découle tout ce
qui est mauvais. C'est contre eux qu'il est dit dans Isaïe, ch. XLV, 6 :
"Je suis le Seigneur, il n'y en pas d'autre, je forme la lumière et je crée
les ténèbres, je fais la paix et je crée le malheur." Parce que lui-même
inflige suivant sa justice le mal du châtiment, lorsqu'il voit exister dans sa
créature le mal de la faute.
La troisième erreur, c'est celle des partisans de l’anthropomorphisme, qui
admettent un seul Dieu, mais qui le disent corporel, et formé sur le modèle du
corps humain. C'est contre eux qu'il est écrit dans saint Jean, ch. IV, 24 :
"Dieu est esprit;" dans Isaïe, ch. XL, 18 : "A qui ferez-vous
ressembler Dieu, quelle image trouverez-vous de lui ? "
La quatrième, c'est celle des Epicuriens, qui soutiennent que Dieu ne peut
ni prévoir ni connaître les choses humaines. Il est dit dans la première Épître
de saint Pierre contre eux, ch.V, 7 : "Déchargez-vous de tout souci sur
lui, puisqu'il est chargé de prendre soin de vous."
La cinquième, c'est celle de certains philosophes païens qui affirment que
Dieu n'est pas tout-puissant, mais qu'il peut seulement agir sur ce qui arrive
naturellement; il est écrit contre eux au Psaume CXIII, 3 : "Le Seigneur
fait tout ce qu'il veut." Ils dérogent donc à l'unité ou à la perfection
de l'essence divine tous ceux qui soutiennent ces erreurs; c'est pour cela
qu'il est écrit dans le Symbole, contre eux tous: "Je crois en un seul
Dieu, le Père tout-puissant, etc."
Secundus
articulus est, quod sunt tres personae divinae in una essentia, secundum illud
I Ioan. ult., 7: tres sunt qui testimonium dant in
caelo, pater, verbum et spiritus sanctus: et hi tres unum sunt. Contra hunc
autem articulum sunt plures errores. Primus fuit Sabellii, qui posuit unam
essentiam, sed Trinitatem personarum negavit, dicens, quod una persona
quandoque dicitur pater, quandoque filius, quandoque spiritus sanctus. Secundus
est error Arii, qui posuit tres personas, sed negavit unitatem essentiae,
dicens filium esse alterius substantiae a patre, et esse creaturam, et minorem
patre, et sibi non coaequalem nec coaeternum, sed quod incepit esse postquam
non fuerat, et contra hos duos errores dicit dominus, Ioan. X, 30: ego et
pater unum sumus, quia, ut dicit Augustinus, quod dicit unum, liberat te
ab Ario; quod dicit sumus, pluraliter, liberat te a Sabellio. Tertius est
error Eunomii, qui posuit filium dissimilem patri, contra quem dicitur Coloss.
I, 15: qui est imago Dei invisibilis. Quartus est error Macedonii, qui
posuit spiritum sanctum esse creaturam, contra quem dicitur II Corinth. III,
17: dominus autem spiritus est. Quintus est error Graecorum, qui dicunt
spiritum sanctum procedere a patre, sed non a filio, contra quos dicitur Ioan.
XIV, 26: Paraclitus autem spiritus sanctus, quem mittet pater in nomine meo:
quia scilicet eum mittit pater tanquam spiritum filii, et a filio procedentem,
et Ioan. XVI, 14, dicitur: ille me clarificabit, quia de meo accipiet.
Et contra hos omnes errores in symbolo dicitur: credo in Deum patrem (...)
et in filium eius unigenitum, non factum, consubstantialem patri (...) et in
spiritum sanctum dominum et vivificantem qui ex patre filioque procedit.
Le second article, c'est qu'il y a trois personnes en une seule essence
divine, d'après ces paroles de saint Jean (1 Jn 5, 7) : "Il y en a trois
qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et l'Esprit saint, et
ces trois ne sont qu'un seul." Il y a aussi plusieurs erreurs sur cet article
de foi.
La première, c'est celle de Sabellius qui a admis l'unité de l’essence,
mais qui a nié la Trinité des personnes, disant: Qu'une seule personne est
tantôt appelée Père, tantôt Fils et tantôt Saint Esprit.
La seconde, c'est celle d'Arius qui a admis la Trinité des personnes, mais
qui a nié l'unité d'essence, disant: Que le Fils est d'une autre substance que
le Père, qu'il est une créature, qu'il est inférieur au Père, qu'il ne lui est
ni égal ni coéternel, qu'il a commencé d'être après le temps où il n'avait pas
été. Le Seigneur dit en saint Jean contre ces deux erreurs, ch. X, 30 :
"Le Père et moi nous sommes un." Ce qui fait, comme dit saint
Augustin, que, en disant « Un », il délivre de l'erreur d'Arius, et
en disant : « Nous sommes », au pluriel, il délivre de celle
Sabellius."
La troisième, c'est celle d'Eunomius qui a avancé que le Fils n'est pas
semblable au Père. L'Apôtre dit, contre cette erreur, dans son Epître aux
Colossiens, ch. I, 15 : "Il est l'image du Dieu invisible."
La quatrième, c'est celle de Macédonius qui a soutenu que le Saint Esprit
est une créature. Il est dit contre lui dans la deuxième Épître aux
Corinthiens, ch. III: "Or le Seigneur, c’est l’esprit."
La cinquième est celle des Grecs, qui soutiennent que le Saint Esprit procède
du Père, mais qu'il ne procède pas du Fils. Il est écrit dans saint Jean,
contre eux, ch. XIV, 26 : "Mais le Paraclet, l’Esprit-Saint, que le Père
vous enverra en mon nom," c'est-à-dire que le Père l'envoie comme l'Esprit
de son Fils et comme procédant du Fils. On lit dans saint Jean, ch. XVI, 14 :
"Il me glorifiera, parce qu'il recevra de moi." Il est dit dans le
Symbole contre toutes ces erreurs: "Je crois en Dieu le Père… et en son
Fils unique qui n'a pas été créé, consubstantiel au Père; je crois au Saint
Esprit qui est Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père et du Fils."
Alii
vero quatuor articuli divinitatis pertinent ad effectus divinae virtutis,
quorum primus, qui est tertius, pertinet ad creationem rerum in esse naturae,
secundum illud Psalm. CXLVIII, 5: dixit et facta sunt. Contra hunc
articulum primo quidem erravit Democritus et Epicurus, ponentes quod nec
materia mundi nec ipsa mundi compositio est a Deo, sed quod mundus est casu
factus per concursum corporum indivisibilium, quae rerum principia aestimabant,
contra quos dicitur in Psal. XXXII, v. 6: verbo domini caeli firmati sunt,
idest secundum rationem aeternam, non autem casu. Secundus est error Platonis
et Anaxagorae, qui posuerunt mundum factum a Deo, sed ex materia praeiacenti,
contra quos dicitur in Psal. CXLVIII, 5: mandavit, et creata sunt, idest
ex nihilo facta. Tertius est error Aristotelis, qui posuit mundum a Deo factum
non esse, sed ab aeterno fuisse, contra quod dicitur Genes. I, 1: in
principio creavit Deus caelum et terram. Quartus est error Manichaeorum,
qui posuerunt Deum factorem invisibilium, sed visibilia a Diabolo facta, contra
quos dicitur Hebr. XI, 3: fide intelligimus aptata esse saecula verbo Dei,
ut ex invisibilibus visibilia fierent. Quintus est error Simonis magi et
Menandri eius discipuli, et multorum aliorum haereticorum eos sequentium, qui
creationem mundi non Deo, sed Angelis attribuunt, contra quos dicit Paulus Act.
XVII, v. 24: Deus qui fecit mundum, et omnia quae in eo sunt. Sextus est
error eorum qui posuerunt, Deum per seipsum non gubernare mundum, sed per
quasdam potestates sibi subiectas, contra quos dicitur Iob. XXXIV, 13: quem
constituit alium super terram, aut quem posuit super orbem quem fabricatus est?
Et contra hos errores dicitur in symbolo: factorem vel creatorem caeli et
terrae, visibilium omnium et invisibilium.
Mais, pour ce qui est des quatre autres articles touchant la divinité, ils
appartiennent aux effets de la puissance divine, et le premier d'entre eux, qui
est le troisième article de foi, concerne la création des choses dans l'être de
leur nature, selon ces paroles du Psaume 148, 5 : "Il a ordonné, et elles
ont été faites." Démocrite et Epicure furent les premiers qui errèrent sur
cet article, posant en principe que ni la matière du monde, ni son organisation
ne sont l'œuvre de Dieu, mais que le monde est l'effet du hasard, créé par la
rencontre de corps invisibles [= d’atomes] qu'ils estimaient être le principe
des choses. Il est dit contre eux, au Psaume XXXII, 6 : "Les cieux ont été
formés par la parole de Dieu," c'est-à-dire, selon une raison éternelle,
et non par l'effet du hasard.
La deuxième erreur, c'est celle de Platon et d'Anaxagore, qui posèrent en
principe que le monde est l'œuvre de Dieu, mais qu'il a été fait avec une
matière préexistante. Il est écrit contre eux, Psaume CXLVIII, 5 : "Il a
commandé, et toutes choses ont été créées," c'est-à-dire qu'elles ont été
faites de rien.
La troisième, c'est celle d'Aristote, qui a dit que le monde n'est pas
l'œuvre de Dieu, mais qu'il a été dès l'éternité. Il est écrit contre cela au
livre de la Genèse, ch. I, 1 : "Au commencement Dieu créa le ciel et la
terre."
La quatrième est celle des Manichéens, qui avancèrent que Dieu est le
créateur des choses invisibles, mais que le diable est l'auteur de celles qui
sont visibles. Il est écrit contre eux dans l'Epître aux Hébreux, ch. XI, 3 :
"Nous reconnaissons, par la foi, que les siècles ont été disposés par le
Verbe de Dieu, si bien que les choses visibles ont eu une cause invisible."
[Note de la Bible Crampon, Tournai, 1939 : « N’ont pas été faites de choses
visibles », c'est-à-dire ont eu une cause invisible, immatérielle, n’ont
pas été faites d’une matière préexistante. D’autres, déplaçant la négation,
pensent que l’auteur n’a en vue que l’arrangement et la disposition du monde
(Gen I, 2 selon les LXX). Ce serait le sens de la Vulgate : « en
sorte que les choses invisibles sont devenues visibles ». Par la parole de
Dieu, tout ce qui compose la création matérielle est passé du chaos informe à
l’existence visible, à l’ordre que nous voyons.]
La cinquième est celle de Simon le Magicien et de Ménandre, son disciple,
et de plusieurs autres hérétiques qui marchèrent sur leurs traces; ils
attribuent la création du monde, non pas à Dieu, mais aux anges. Saint Paul dit
contre eux au dix-septième chapitre des Actes (17, 24) : "C'est Dieu qui a
créé le monde et tout ce qu'il contient."
La sixième est l'erreur de ceux qui dirent que Dieu ne gouverne pas le
monde par lui-même, mais par l’intermédiaire d’agents qui lui sont soumis. Job
dit contre eux, ch. XXXIV, 13 : "Quel autre a-t-il établi sur la terre ? ou, qui a-t-il préposé au gouvernement de l'univers, qui est
l'œuvre de ses mains ? " Il est dit, dans le Symbole, contre ces erreurs:
"Auteur ou créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles
et invisibles."
Quartus
articulus pertinet ad effectum gratiae, per quam vivificatur Ecclesia a Deo,
secundum illud Roman. III, v. 24: iustificati gratis per gratiam ipsius,
scilicet Dei: et sub articulo isto comprehenduntur omnia sacramenta Ecclesiae,
et quaecumque pertinent ad Ecclesiae unitatem, et dona spiritus sancti, et
iustitia hominum. Et quia de sacramentis Ecclesiae posterius est tractandum, de
his interim supersedeamus, et alios errores contra hunc articulum exponamus.
Quorum primus est Cerinthi et Ebionis, et etiam Nazaraeorum, qui dixerunt
gratiam Christi non sufficienter ad salutem operari, nisi aliquis
circumcisionem et alia legis mandata custodiat, contra quos dicitur Roman. III,
28: arbitramur iustificari hominem per fidem sine operibus legis.
Secundus est error Donatistarum, qui posuerunt gratiam Christi solum in Africa
remansisse, quia scilicet totus alius mundus communicabat Caeciliano
Carthaginensi episcopo, quem ipsi condemnaverunt, et in hoc negabant unitatem
Ecclesiae, contra quos dicitur ad Coloss. III, 11: in Christo Iesu non est
gentilis et Iudaeus, circumcisio et praeputium, barbarus et Scytha, servus et
liber; sed omnia in omnibus Christus. Tertius est error Pelagianorum, qui
quidem primo negaverunt peccatum originale esse in parvulis, contra id quod
dicit apostolus ad Roman. V, 12: per unum hominem peccatum in hunc mundum
intravit, et per peccatum mors: ita et in omnes homines mors pertransiit, in
quo omnes peccaverunt; et in Psalm. 50, 7, dicitur: ecce in
iniquitatibus conceptus sum. Secundo dicunt quod principium boni operis
inest homini a seipso, sed consummatio est a Deo, contra id quod dicit
apostolus Philipp. II, 13: Deus est qui operatur in vobis et velle et
perficere pro bona voluntate. Tertio
dicunt gratiam dari homini secundum sua merita, contra id quod dicitur Rom. XI, 6: si autem gratia, iam non ex
operibus: alioquin gratia iam non esset gratia. Quartus error est Origenis,
qui posuit omnes animas creatas cum Angelis simul, et pro diversitate eorum
quae ibi egerunt, quosdam homines vocari a Deo per gratiam, quosdam vero in
infidelitate relinqui, contra quod dicit apostolus ad Rom. IX, 11: cum
nondum nati essent, aut aliquid boni egissent aut mali (ut secundum electionem
propositum Dei maneret) non ex operibus, sed ex vocante dictum est ei, quia
maior serviet minori. Quintus error est Cathaphrygiarum, idest Montani,
Priscae, et Maximillae qui dicunt, prophetas quasi arreptitios fuisse, et quod
non prophetaverunt per spiritum sanctum, contra quos dicitur II Petr. I, 21: non
enim voluntate humana allata est aliquando prophetia; sed spiritu sancto
inspirati locuti sunt sancti Dei homines. Sextus est error Cerdonis, qui
primo dixit, Deum legis et prophetarum non esse patrem Christi, nec bonum Deum
esse, sed iustum: patrem vero Christi bonum esse; quem etiam Manichaei secuti
sunt, legem reprobantes: contra quos dicitur Roman. VII, 12: lex quidem
sancta, et mandatum sanctum et iustum et bonum: et ibid. I, 2, dicitur: quod
ante promiserat per prophetas suos in Scripturis sanctis de filio suo.
Septimus error est eorum qui quaedam quae ad perfectionem vitae pertinent,
asserunt esse ad necessitatem salutis. Quorum quidam fuerunt qui se
arrogantissime apostolos vocaverunt, qui nullam spem putant habere salutis eos
qui coniugibus utuntur, et propria possident. Alii vero, scilicet Tatiani, non
vescuntur carnibus, et eas omnino abominantur, secundum illud apostoli I ad
Timoth. IV, 1-3: in novissimis temporibus discedent quidam a fide,
attendentes spiritibus erroris, et doctrinis Daemoniorum, in hypocrisi
loquentium mendacium et cauteriatam habentium suam conscientiam, prohibentium
nubere, et abstinere a cibis, quos Deus creavit ad percipiendum cum gratiarum
actione fidelibus, et his qui cognoverunt veritatem. Dicunt enim quod
promissio de adventu spiritus sancti non fuit in apostolis completa, sed in
eis, contra illud quod dicitur Act. II. Eutychiani etiam dicunt homines non
posse salvari nisi continue orent, propter illud quod dominus dicit Luc. XVIII,
1: oportet semper orare, et non deficere: quod sic accipitur, secundum
Augustinum, ut nullum diem praetermittant circa orandi opera. Alii vero qui
Passalonitae dicuntur, intantum silentio student, ut naribus et labiis digitum
apponant: passalos enim Graece dicitur palus, et ranchos nasus. Quidam etiam
dicunt, quod homines non possunt salvari nisi semper nudis pedibus ambulent:
contra quos omnes dicit apostolus I Corinth. X, 22: omnia mihi licent, sed
non omnia expediunt, ex quibus datur intelligi quod licet aliqua a sanctis
viris assumantur tanquam expedientia, non tamen propter hoc opposita redduntur
illicita. Octavus error est eorum qui dicunt e contrario, opera perfectionis
non esse praeferenda communi vitae fidelium, sicut Iovinianus posuit quod
virginitas non praefertur coniugio, contra illud quod dicitur I Corinth. VII,
38: qui matrimonio iungit virginem suam bene facit; et qui non iungit melius
facit; et sicut Vigilantius, qui aequavit statum divitias possidentium statui
paupertatis propter Christum assumptae, contra quem dicit dominus Matth. XIX,
21: si vis perfectus esse, vade, et vende omnia quae habes, et da
pauperibus, et habebis thesaurum in caelo; et veni, sequere me. Nonus error
est negantium liberum arbitrium, sicut quidam negavit, dicens, animas quae sunt
malae creationis, non posse non peccare, contra quos dicitur I Ioan. II, 1: haec
scribo vobis ut non peccetis. Decimus error est Priscianistarum, et etiam
mathematicorum dicentium, homines fatalibus stellis obligatos, ita scilicet
quod eorum opera sunt necessitati stellarum subiecta, contra quos dicitur
Ierem. X, 2: a signis caeli nolite metuere quae timent gentes. Undecimus
error est dicentium quod homines Dei gratiam et caritatem habentes, peccare non
possunt, ita quod asserunt eos qui aliquando peccaverunt, nunquam caritatem
habuisse, contra quos dicitur Apocal. II,
4-5: caritatem tuam primam reliquisti: memor esto itaque unde excideris.
Duodecimus error est eorum qui ea quae ab Ecclesia Dei universaliter sunt
statuta, dicunt non esse observanda, sicut Aeriani, qui dicunt statuta ieiunia
non esse solemniter celebranda, sed cum quis voluerit, ieiunet, ne videatur
esse sub lege; et sicut Tesseradecathitae, idest Quartodecumani, qui dicunt
quartadecima luna Pascha esse celebrandum, quocumque die septimanae occurreret;
et eadem ratio est de quibuscumque ab Ecclesia statutis. Et contra omnes istos
errores in symbolo apostolorum dicitur: sanctam Ecclesiam Catholicam,
sanctorum communionem, remissionem peccatorum; et in symbolo patrum
dicitur: qui locutus est per prophetas, et unam sanctam Catholicam et
apostolicam Ecclesiam. Confiteor unum Baptisma in remissionem peccatorum.
Le quatrième article concerne l'effet de la grâce par laquelle Dieu vivifie
l'Eglise, d'après ces paroles de l'Epître aux Romains, ch. III, 24 :
"Justifiés gratuitement par sa grâce," c'est-à-dire par la grâce de
Dieu. Cet article comprend tous les sacrements de l'Eglise, tout ce qui touche
à son unité, les dons du Saint - Esprit et la justice des hommes. Comme nous
aurons à traiter plus tard des sacrements, nous pouvons nous en dispenser en
attendant et nous allons exposer les autres erreurs qui touchent cet article.
La première d'entre elles est l'erreur de Cérinthe et d'Ebion, ainsi que
des autres Nazaréens qui enseignèrent que la grâce de Jésus-Christ n'est pas
suffisante au salut, si l'on n'observe pas la circoncision et les autres
préceptes de la loi. L'Apôtre dit contre eux, Epître aux Romains, ch. III, 28 :
"Nous pensons que l'homme est justifié par la foi sans les œuvres de la
loi."
La seconde est l'erreur des Donatistes, qui soutinrent que la grâce de
Jésus-Christ s'était conservée dans l'Afrique seule, et cela, parce que tout le
monde était en communion avec Cécilien, évêque de Carthage, qu’ ils avaient
condamné: en cela ils niaient l'unité de l'Eglise. Il est écrit contre eux dans
l'Epître aux Colossiens, ch. III, 11 : "En Jésus-Christ, il n'y a ni
Gentils, ni Juifs, ni circoncision, ni incirconcision, ni Scythe, ni barbare,
ni esclave, ni homme libre, mais le Christ en tout et en tous."
La troisième est celle des Pélagiens, qui nièrent d’abord l'existence du
péché originel dans les petits enfants, contrairement à ce que dit l'Apôtre
dans l'Epître aux Romains, ch. V, 12 : "Le péché est entré dans le monde
par un seul homme, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous
les hommes, parce que tous avaient péché en lui." Nous lisons, Psaume L, 7
: "Voici que je suis conçu dans l'iniquité." Ils disent, secondement,
que l'homme a, en lui-même et par lui-même, le principe du bien, mais que
l'accomplissement d’une œuvre bonne est le fait de Dieu, contrairement à ce que
dit l'Apôtre dans sa Lettre aux habitants de Philippe, ch. II, 13 : "C'est
Dieu qui opère en vous le vouloir et l’agir, selon qu'il lui plaît." Ils
disent, troisièmement, contre ce qu'enseigne l'Apôtre dans l'Epître aux
Romains, ch. XI, 6 que l'homme reçoit la grâce selon ses mérites. Mais la grâce
ne vient pas des œuvres, car si elle en vient, dès lors la grâce n'est pas la grâce.
La quatrième est celle d'Origène qui a enseigné que toutes les âmes avaient
été créées avec et en même temps que les anges, et que selon la diversité des
œuvres qu'elles firent en cet état, quelques hommes sont appelés par Dieu par
la grâce, d'autres sont abandonnés dans l'infidélité Cette doctrine est opposée
à ce qu'enseigne l'Apôtre dans son Epître aux Romains, ch. IX, 11 : "Car,
avant qu'ils fussent nés et avant qu'ils eussent fait aucun bien ni aucun mal, (afin
que le décret d’élection divine subsistât, non à cause de leurs œuvres, mais à
cause de l’appel de Dieu), il fut dit : L'aîné servira le plus jeune."
La cinquième est celle des Cathaphrygiens, c'est-à-dire de Montanus, de Priscus
et de Maximille, qui soutiennent que les prophètes ont
été des possédés du démon, et qu'ils n'ont pas prophétisé par le Saint -
Esprit. Saint Pierre dit contre eux dans sa deuxième Epître, ch. I, 21 :
"Ce n'est pas, en effet, d’une volonté humaine, qu’est jamais venue la
prophétie ; mais, inspirés par l'Esprit saint, les saints ont parlé de la part
de Dieu."
La sixième est celle de Cerdon, qui a d'abord dit que le Dieu de la loi et
des prophètes n'est pas le Père du Christ, que Dieu n’est pas bonté mais
justice ; or le Père de Jésus-Christ est bon; les Manichéens, réprouvant
la loi, marchèrent sur ses traces. Il est dit contre eux dans l'Epître aux
Romains, ch. VII, 12 : "La loi, à la vérité, est sainte; le commandement
saint, juste et bon." Et dans l'Epître aux Romains, ch. I, 2 : "Ce
qu'il avait promis d’avance dans les Ecritures, par les prophètes, touchant son
Fils."
La septième est celle de ceux qui affirment que certaines choses, qui
appartiennent à la perfection de la vie, sont nécessaires au salut. Il y en eut
parmi eux qui, pleins d'arrogance, se donnèrent le nom
d'apôtres; ils pensent qu'il n'y a pas d'espoir de salut pour ceux qui vivent
maritalement avec leurs épouses, ou qui ont des propriétés.
Mais il y en a d'autres, à savoir les Tatianiens, qui ne mangent pas de
viande; ils l'ont tout à fait en abomination. Ils réalisent ce que dit l'Apôtre
dans sa première Epître à Timothée, ch. IV, 1-3 : "Dans les derniers temps,
quelques-uns abandonneront la foi en suivant des esprits trompeurs et des
doctrines diaboliques enseignées par des imposteurs pleins d'hypocrisie, dont
la conscience est comme marquée au fer rouge, qui interdiront le mariage et
l'usage des viandes que Dieu a créées pour être mangées avec action de grâce
par les fidèles et par ceux qui ont reçu la connaissance de la vérité." Ils
disent, en effet, que la promesse de l'avènement du Saint Esprit ne s'est pas
pleinement accomplie dans les apôtres, mais bien en eux, contrairement à ce qui
est dit dans les Actes des Apôtres, ch. II. Les Eutychiens disent aussi qu'il
n'est pas possible aux hommes de se sauver, à moins qu'ils ne prient sans cesse,
conformément à ce que dit le Seigneur, dans saint Luc, ch. XVIII, 1 : "Il
faut toujours prier et ne pas se lasser." Il faut, d'après saint Augustin,
entendre ces paroles dans ce sens, qu'il ne faut pas passer un seul jour sans
prier. Mais il en est d'autres auxquels on donne le nom de Passalonites (ou
Passalorynchites), - car ils s’appliquent à garder le silence -, appliquant
leurs doigts sur leurs lèvres et leurs narines. « Passalos » se traduit
en grec par « palus », et « ranchos » par « nasus »,
qui veut dire nez.
Il en est d'autres qui soutiennent que les hommes ne sauraient être sauvés,
s’ils ne marchent pas continuellement nu-pieds. L'Apôtre dit, dans sa première
Epître aux Corinthiens, ch. X, 22, contre tous ceux dont nous venons de parler :
"Tout m'est permis, mais tout ne m'est pas avantageux." Il nous est
donné par là à entendre que, bien que certaines pratiques soient admises comme
avantageuses par les saints, ce n’est pas pour cela que les pratiques opposées
en deviennent illicites.
La huitième erreur est celle des hommes qui soutiennent, au contraire,
qu'il ne faut pas préférer les œuvres de la perfection à la vie ordinaire des
fidèles. Tel est Jovinien, qui a dit qu'il ne faut pas préférer la virginité à
l'état du mariage; ce qui est contraire à ce qu'enseigne l'Apôtre dans sa
première Epître aux Corinthiens ch. VII, 38 : "Celui qui marie sa fille
fait bien, et celui qui ne la marie pas fait mieux encore." Tel est encore
Vigilance, qui égale l'état de celui qui possède des richesses à l'état de
celui qui volontairement a embrassé la pauvreté pour Jésus-Christ. Le Seigneur
dit contre lui en saint Matthieu, ch. XIX, 21 : "Si vous voulez être
parfaits, allez, vendez tout ce que vous possédez, donnez-le aux pauvres, et
vous aurez un trésor dans les cieux ; puis venez, et suivez-moi."
La neuvième est celle des hommes qui nient le libre arbitre ; ainsi
l’un l’a nié, disant que les âmes qui sont d'une mauvaise création sont dans
l'impossibilité de ne pas pécher. Saint Jean dit contre eux dans sa première
Epître, ch. II, 1 : "Je vous écris ces choses pour que vous ne péchiez
point."
La dixième erreur est celle des Pricillianistes et des mathématiciens, qui
disent que les hommes sont soumis à la fatalité des étoiles, de manière que
leurs actions sont soumises à la nécessité de ces mêmes étoiles. Jérémie dit
contre eux, ch. X, 2: "Ne craignez pas les signes du ciel qui effraient
les Gentils."
La onzième est l'erreur de ceux qui disent que les hommes, bénéficiant de
la grâce et de l’amour de Dieu, ne peuvent pas pécher; ce qui leur fait
soutenir que ceux qui ont péché quelquefois n'eurent jamais la charité. Il est
dit, dans l'Apocalypse II, 4-5, contre eux: "Vous avez abandonné votre premier
amour, rappelez-vous d'où vous êtes tombé."
La douzième est celle des hommes qui soutiennent qu'il ne faut pas observer
ce que l'Eglise a universellement établi. Tels sont les Ariens, qui affirment
qu'il ne faut pas pratiquer solennellement les jeûnes établis par l'Eglise,
mais qui veulent que l'on jeûne quand on le voudra, pour ne pas paraître être
sous la domination de la loi. Tels sont aussi les Tesséradécathites ou
quartodécimans, qui soutiennent qu'il faut célébrer la Paque le quatorzième jour
de la lune, en quelque jour de la semaine qu'il tombe; il en est ainsi de n’importe
lesquelles des institutions de l'Eglise. C'est contre toutes ces erreurs qu'il
est dit dans le Symbole des Apôtres: "la Sainte Église catholique; la communion
des saints, la rémission des péchés." Dans le Symbole des Pères, il est
dit: "Qui a parlé par les prophètes." (Il est encore dit) que
l'Eglise est " une, sainte, catholique et apostolique; je confesse un seul
baptême pour la rémission des péchés."
Quintus
articulus est de resurrectione mortuorum, de quo dicitur I Corinth. XV, 51: omnes
quidem resurgemus. Contra quem etiam sunt plures errores. Quorum primus est
error Valentini, qui carnis resurrectionem negavit, quem etiam plures haeretici
sunt secuti: contra quem dicitur I Corinth. XV, 12: si Christus praedicatur
quod resurrexit a mortuis; quomodo quidam dicunt in vobis, quoniam resurrectio
mortuorum non est? Secundus est error Hymenaei et Phileti, contra quos
dicit apostolus II Timoth. II, quod a veritate exciderunt, dicentes resurrectionem
iam factam, vel quia non credebant nisi resurrectionem spiritualem, vel quia
non credebant alios resurrecturos, nisi illos qui cum Christo resurrexerunt.
Tertius est error quorundam haereticorum modernorum, qui dicunt resurrectionem
futuram, non tamen eorundem corporum, sed quod animae resument quaedam corpora
caelestia, contra quos apostolus dicit I Corinth. XV, 53: oportet
corruptibile hoc induere incorruptionem, et mortale hoc induere immortalitatem.
Quartus est error Eutychii patriarchae Constantinopolitani, qui posuit corpora
nostra in resurrectione aeri vel vento similari, quod Gregorius narrat in XIV
Moralium, contra quem est quod dominus post resurrectionem suam corpus suum
discipulis palpandum praebuit, dicens, Luc. ult., 39: palpate,
et videte, cum tamen apostolus dicat, Philip. III, 21, quod reformabit
corpus humilitatis nostrae configuratum corpori claritatis suae. Quintus
error est dicentium, quod corpora humana in resurrectione vertentur in
spiritum, contra quos dicitur Luc. ult., v. 39: spiritus
carnem et ossa non habet, sicut me videtis habere. Sextus error est
Cerinthi, qui mille annos post resurrectionem in terreno regno fabulatur
futuros, in quibus homines carnales ventris ac libidinis voluptates habebunt,
contra quem dicitur Matth. XXII, 30: in resurrectione neque nubent neque
nubentur. Quidam dixerunt etiam, quod post resurrectionem mortuorum, in
eodem statu in quo nunc est, mundus manebit, contra quos dicitur Apoc. XXI, 1: vidi
caelum novum et terram novam. Et apostolus dicit Roman. VIII, 21, quod ipsa
creatura liberabitur a servitute corruptionis in libertatem gloriae filiorum
Dei. Et contra omnes hos errores dicitur: carnis resurrectionem; et
in alio symbolo: exspecto resurrectionem mortuorum.
Le cinquième article est celui de la résurrection de la chair, dont il est
parlé dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 51: "Nous
ressusciterons tous," et contre lequel il y a plusieurs erreurs. La
première est celle de Valentin, qui a nié la résurrection de la chair, et
qu'ont suivi plusieurs hérétiques. L'Apôtre dit contre lui dans la première
Epître aux Corinthiens, ch. XV, 1-2 : "Si on vous prêche que le Christ est
ressuscité d'entre les morts, comment se trouve-t-il parmi vous des hommes qui
osent dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? "
La seconde erreur est celle d'Hyménée et de Philétus. L'Apôtre dit contre
eux, dans sa deuxième Epître à Timothée, ch. II, 17 : "Qui se sont écartés
de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu", ou bien parce
qu'ils ne croyaient qu'à la résurrection spirituelle, ou bien parce qu'ils
croyaient que ceux-là seuls ressusciteraient, qui étaient ressuscités déjà avec
Jésus-Christ.
La troisième est celle de quelques hérétiques modernes qui admettent que la
résurrection aura lieu, mais qui enseignent que les âmes ne reprendront pas
leurs mêmes corps, mais bien certains corps célestes. L'Apôtre dit contre eux,
dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 53 : "Il faut que ce
corps corruptible soit revêtu de l'incorruptibilité, et que ce corps mortel
soit revêtu de l'immortalité."
La quatrième est celle d'Euthycius, patriarche de Constantinople, qui a
dit, parlant de la résurrection, « que nos corps seront semblables à l’air
ou au vent." C'est ce que rapporte saint Grégoire dans son quatorzième
livre de Morale. Il est écrit contre lui que le Seigneur, après sa
résurrection, donna son corps à palper à ses disciples, disant, saint Luc, ch. XXIV,
39 : "Palpez et voyez," bien que cependant l'Apôtre dise dans son
Epître aux Philippiens, chap. III, 21 : "Qu'il transformera notre corps de
misère, et qu'il le conformera à son corps de gloire."
La cinquième est celle des hommes qui disent que, par la résurrection, les
corps humains seront changés en esprit. Saint Luc, dans son dernier chapitre
(XXIV, 39), dit contre eux: "L'esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez
que j'en ai."
La sixième est celle de Cérinthe, qui affabule en disant qu'après la
résurrection il y aura sur la terre un règne de mille ans, pendant lesquels les
hommes auront les plaisirs charnels du ventre et de la volupté. Saint Matthieu
enseigne contre eux, ch. XXII, 30 : "qu'après la résurrection ils
n'épouseront ni ne seront épousés." Il en est aussi qui ont dit qu'après
la résurrection des morts, le monde restera dans le même état qu'il est
actuellement. Il est écrit contre eux dans l'Apocalypse, ch. XXI, 1 :
"J'ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle." L'Apôtre dit dans son
Epître aux Romains, ch. VIII, 21, que "la créature elle-même sera délivrée
de la servitude de la corruption, pour entrer dans la liberté de la gloire des
enfants de Dieu." Il est dit contre toutes ces erreurs, dans le symbole:
"La résurrection de la chair " et dans un autre symbole:
"J'attends la résurrection des morts."
Sextus
articulus pertinet ad ultimum effectum divinitatis, qui est remuneratio bonorum
et punitio malorum, secundum illud Psalm. LXI, 12: tu reddes unicuique iuxta
opera sua. Et circa hunc etiam fuerunt multi errores. Quorum primus est
dicentium, quod anima moritur cum corpore, sicut Arabs asserit, vel etiam post
modicum intervallum, sicut Zeno dixit, ut recitatur in Lib. de
ecclesiasticis dogmatibus, contra quod est quod apostolus dicit Philip. I, 23: desiderium
habens dissolvi, et esse cum Christo; et Apocal. VI, 9: vidi subtus
altare Dei animas interfectorum propter verbum Dei. Secundus error est
Origenis, qui posuit homines et Daemones damnatos iterum posse purgari, et
redire in gloriam; et Angelos sanctos et homines beatos iterum posse deduci ad
mala, quod est contra auctoritatem domini, Matth. XXV, 46: ibunt hi in
supplicium aeternum; iusti autem in vitam aeternam. Tertius est error
dicentium, omnes poenas et omnia praemia malorum et bonorum futuras esse
aequales, contra quorum primum dicitur I Corinth. XV, 41: stella a stella
differt in claritate: sic et resurrectio mortuorum: contra secundum quod
dicitur Matth. XI, 22: Tyro et Sidoni remissius erit in die iudicii quam
vobis. Quartus error est dicentium animas malorum non statim post mortem
descendere ad Infernum, nec aliquas sanctorum animas Paradisum intrare ante
diem iudicii, contra quos dicitur Luc. XVI, 22, quod mortuus est dives, et
sepultus est in Inferno; et II Corinth. V, 1, dicitur: scimus enim
quoniam si terrestris domus nostra huius habitationis dissolvatur, quod
aedificationem ex Deo habemus domum non manu factam, sed aeternam in caelis.
Quintus est error dicentium, non esse Purgatorium animarum post mortem, eorum
scilicet qui in caritate decesserunt, sed aliquid purgabile habent, contra quos
dicitur I Corinth. III, 12: si quis aedificaverit supra fundamentum
(scilicet fidei per dilectionem operantis) lignum, foenum, stipulam (...)
detrimentum patietur, ipse autem salvus erit; sic tamen quasi per ignem: et
contra hos errores dicitur in symbolo, vitam aeternam. Amen.
Le sixième article concerne le dernier des effets de la divinité, qui est
la rémunération des bons et le châtiment des méchants, d'après ces paroles du
Psaume LXI, 12 : "C'est vous qui rendrez à chacun suivant ses
œuvres." Sur cet article aussi, il y a une multitude d'erreurs. La
première est celle des hommes qui disent que l'âme meurt avec le corps, comme
l'avance Arabs, ou même un petit instant après, comme l'a dit Zenon, ainsi
qu'on le lit dans le livre des Dogmes ecclésiastiques. C'est contre cette
erreur que saint Paul dit dans son Epître aux Philippiens, ch. I, 23 : "J’ai
le désir de m’en aller d’ici, et d'être avec Jésus-Christ." Il est écrit
dans l'Apocalypse, ch. VI, 9 : "J'ai vu dessous l'autel les âmes de ceux
qui sont morts pour la parole de Dieu."
La deuxième est celle d'Origène, qui a enseigné que les hommes et les
démons pouvaient être purifiés et retourner dans la gloire, et que les anges
saints et les hommes bienheureux pouvaient retourner au mal; ce qui est
contraire au témoignage du Seigneur; saint Matthieu, ch. XXV, 46 :
"Ceux-ci iront dans les supplices éternels, mais les justes iront dans la
vie éternelle.
La troisième est l'erreur de ceux qui soutiennent que toutes les peines et toutes
les récompenses seront égales. Il est dit premièrement contre eux, dans la
première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 41 : "L'étoile diffère en éclat
d’une autre étoile, de même la résurrection des morts." Il est dit en
second lieu contre eux en saint Matthieu, ch. XI, 22 : "Au jour du
jugement, il sera plus pardonné à Tyr et à Sidon qu'à vous."
La quatrième est celle des hommes qui disent que les âmes des méchants ne
descendent pas en enfer immédiatement après la mort, et qu'il n'entre non plus
aucune âme de juste dans le paradis avant le jugement. Il est écrit dans saint
Luc contre eux, ch. XVI, 22 : "Que le riche mourut, qu'il a été enseveli
dans l'enfer." Il est dit aussi dans la deuxième Epître aux Corinthiens,
ch. V, 1 : "Nous savons, en effet, que si la demeure terrestre dans
laquelle nous habitons est détruite, nous en avons une dans le ciel qui est
l’œuvre de Dieu, qui est éternelle."
La cinquième est l'erreur de ceux qui disent qu'après la mort il n'y a pas
de purgatoire pour les âmes, c'est-à-dire pour les âmes de ceux qui sont morts dans
la charité, mais auxquels il reste quelque chose à expier. L'Apôtre dit contre
eux dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. III, 12 : "Si quelqu'un a
bâti sur ce fondement," c'est-à-dire sur le fondement agissant dans
l’amour,(…) avec du bois, du foin, de la paille, il
subira un dommage" il sera cependant sauvé, mais ce sera comme par le feu
qu'il le sera. Il est dit dans le Symbole contre toutes ces erreurs: "La
vie éternelle. Ainsi soit-il."
Alii
vero qui septem articulos circa fidem divinitatis assignant, eos sic
distinguunt, ut primus sit de essentiae unitate; secundus de persona patris;
tertius de persona filii; quartus de persona spiritus sancti; quintus de
effectu creationis; sextus de effectu iustificationis; septimus de effectu
remunerationis, sub quo comprehendunt resurrectionem et vitam aeternam. Et sic
dum praedictorum sex articulorum secundum dividunt in tres, quintum vero et
sextum compingunt in unum, fiunt secundum eos septem articuli. Nec refert
quantum ad veritatem fidei vel errorum vitationem, qualiter distinguantur.
Mais quant aux autres, qui admettent sept articles concernant la foi en la
divinité, ils les distinguent ainsi: le premier : de l'unité de l'essence,
le second de la personne du Père, le troisième de celle du Fils, le quatrième,
de celle du Saint Esprit, le cinquième, de la réalisation de la création, le
sixième, de la réalité de la justification, le septième, de celle de la
rémunération, sous lequel sont compris la résurrection et la vie éternelle.
Et ainsi, pendant que, des six articles dont nous venons de parler, ils
divisent le second en trois, ils réunissent en un seul le cinquième et le
sixième; ce qui fait, suivant eux, sept articles. Peu importe, quant à la
vérité de la foi, la manière dont on les distingue; il en est de même pour ce
qui est de l'erreur.
Nunc
restat considerare articulos qui pertinent ad humanitatem Christi. Circa quam
sex articulos distinguunt: quorum primus est circa conceptionem et nativitatem
Christi, secundum quod dicitur Isai. VII, 14, et introducitur Matth. I, 23: ecce
virgo concipiet, et pariet filium, et vocabitur nomen eius Emmanuel. Et
circa hunc multi fuerunt errores, quorum primus fuit dicentium Christum fuisse
purum hominem, et quod non semper fuit, sed a Maria sumpsit exordium, et iste
est error Carpocratis et Cerinthi et Ebionis et Pauli Samosateni et Photini,
contra quos dicitur Rom. IX, 5: ex quibus est Christus secundum carnem, qui
est super omnia Deus benedictus in saecula. Secundus error est Manichaeorum
dicentium, quod Christus non habuit verum corpus, sed phantasticum, contra quod
est quod dominus Luc. ult., reprehendit errorem
discipulorum suorum, qui conturbati et perterriti existimabant se spiritum
videre; et Matth. XIV, 26: videntes eum supra mare ambulantem, turbati sunt
dicentes, quia phantasma est, et prae timore clamaverunt: quorum opinionem
dominus removit, dicens, vers. 27: habete fiduciam, ego sum, nolite timere.
Tertius error est Valentini, qui dicit, Christum caeleste corpus attulisse,
nihilque de virgine assumpsisse, sed per ipsam tanquam per rivum aut fistulam
sine ulla de illa assumpta carne transisse, contra quod dicitur Galat. IV, 4: misit
Deus filium suum factum ex muliere. Quartus est error Apollinaris qui
dixit, aliquid verbi in carnem fuisse conversum aut transmutatum, non autem
carnem de Mariae carne susceptam. Propter illud enim quod dicitur Ioan. I, 14: verbum
caro factum est, intelligit quod verbum sit in carnem conversum, contra
quod statim ibidem subditur: et habitavit in nobis. Non autem in nostra
natura integre habitasset, si fuisset in carnem conversum. Unde intelligendum
est: verbum caro factum est, idest, verbum factum est homo. Sic enim
frequenter caro sumitur in Scripturis, secundum illud Isai. XL, 5: videbit
omnis caro pariter quod os domini locutum est. Quintus error est Arii, qui
posuit Christum humanam animam non habuisse, sed verbum fuisse loco animae,
contra quod dicitur Ioan. X, 17: ego pono animam meam, ut
iterum sumam eam. Nemo tollit eam a me, sed ego pono eam a meipso. Sextus
error est Apollinaris, qui cum praedicto testimonio et aliis convinceretur
humanam animam Christum habuisse, posuit quod Christus non habuit intellectum
humanum, sed verbum Dei fuit ei loco intellectus, contra quod est quod dominus
se hominem esse confitetur. Ioan. VIII, 40: quaeritis
me interficere, hominem qui veritatem locutus sum vobis. Non autem fuisset homo, si anima
rationali caruisset. Septimus est error Eutychis qui posuit in Christo unam naturam
compositam ex divinitate et humanitate, contra quod apostolus dicit, Phil. II,
6: qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est esse se aequalem
Deo; sed semetipsum exinanivit, formam servi accipiens, in similitudinem
hominum factus, et habitu inventus ut homo: manifeste distinguens in eo
duas naturas, divinam et humanam. Octavus error est
Monothelitarum, ponentium in Christo unam scientiam, operationem et voluntatem,
contra quos dominus dicit Matth. XXVI, 39: non sicut ego volo, sed sicut tu. Ubi manifeste in Christo
ponitur alia voluntas humana, alia divina, quae est communis patri et filio.
Nonus error est Nestorii, qui posuit Christum, Deum perfectum, et hominem
perfectum, et tamen aliam dixit esse personam Dei, aliam hominis, et quod non est
facta unio Dei et hominis in una persona Christi, sed solum secundum gratiae
inhabitationem, ita quod negat beatam virginem esse matrem Dei, sed dicit eam
esse matrem hominis Christi, contra quod dicitur Luc. I, 35: quod nascetur
ex te sanctum, vocabitur filius Dei. Decimus error est Carpocratis, qui
hominem Christum de utroque natum putasse perhibetur, contra quod dicitur
Matth. I, 18: antequam convenirent, inventa est in utero habens de spiritu
sancto. Undecimus error est Helvidii dicentis, quod postquam beata virgo
peperit filium Christum, ex Ioseph plures filios genuit, contra quod dicitur
Ezech. XLIV, 2: porta haec clausa erit, et non aperietur, et vir non
transibit per eam: quoniam dominus Deus Israel ingressus est per eam, eritque
clausa principi. Et contra omnes hos errores in symbolo apostolorum
dicitur: conceptus est de spiritu sancto, natus ex Maria virgine: et in
symbolo patrum: qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit
de caelis, et incarnatus est de spiritu sancto ex Maria virgine, et homo factus
est.
Il nous reste maintenant à examiner les articles qui concernent l'humanité
du Christ; on distingue aussi six articles sur ce point. Le premier a pour
objet la conception et la naissance de Jésus-Christ, d'après ce que dit Isaïe,
ch. VII, 14 et que reproduit saint Matthieu, ch. I, 23 : "Voici qu'une
vierge concevra: elle enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel." Il y
a sur cet article un grand nombre d'erreurs.
La première est l'erreur de ceux qui disent que le Christ est un pur homme,
qu'il n'a pas toujours été, qu'il tire son origine de Marie. Et cette erreur
est celle de Carpocrates, de Cérinthe, d'Ebion, de Paul de Samasote et de Photin.
Il est écrit contre dans l'Epître aux Romains, ch. IX, 5 : "De ceux-ci est
sorti Jésus-Christ, selon la chair, qui est au-dessus de tout, Dieu béni dans
les siècles. Amen."
La seconde est celle des Manichéens, qui assurent que Jésus-Christ n'a pas
eu un véritable corps, mais un corps imaginaire. Cette erreur est condamnée par
ce que dit le Seigneur dans le dernier chapitre de saint Luc, relevant l'erreur
de ses disciples qui, troublés et effrayés, pensaient voir un esprit. Saint
Matthieu dit, ch. XIV, 26 : "Le voyant se promener sur la mer, ils furent
troublés, disant, c'est un fantôme; la crainte leur fit pousser des cris,
etc." Le Seigneur corrige leur manière de voir, disant (14, 27) :
"Ayez confiance, ne craignez pas: c'est moi."
La troisième est celle de Valentin, qui dit que le Christ a apporté un
corps céleste, qu'il n'a rien pris de la Vierge, qu'il a passé par elle comme
par un ruisseau ou conduit, sans avoir pris d'elle aucune chair. Il est dit
contre cette erreur dans l'Epître aux Galates, ch. IV, 4 : "Dieu a envoyé
son Fils né d’une femme."
La quatrième est celle d'Apollinaire, qui a avancé que quelque chose du
Verbe a été converti ou changé en chair, mais que la chair de Jésus n'avait pas
été prise de celle de Marie. Par ce qu'il est dit en saint Jean ch. I, 14 :
"Le Verbe s'est fait chair," on entend que le Verbe s'est changé en
chair; mais il est aussitôt ajouté contre cette erreur: "Et il a habité en
nous." Mais il n'aurait pas entièrement habité dans notre nature s'il
avait été changé en chair, ce qui fait qu'il faut entendre : "Le Verbe
s'est fait chair," c'est-à-dire, le Verbe s'est fait homme. Fréquemment,
en effet, le mot chair s’entand ainsi dans l'Ecriture, comme nous le voyons
dans Isaïe, ch. XL, 5 : "Toute chair verra pareillement que la bouche du
Seigneur a parlé."
La cinquième est celle d'Arius, qui a soutenu que le Christ n'avait pas eu
d'âme, mais que le Verbe lui en tenait lieu. Saint Jean dit contre ceci, ch. X,
17 : "Je donne ma vie, afin de la reprendre de nouveau; personne ne me la
prend, mais je la donne de moi-même."
La sixième est celle d'Apollinaire qui, parce qu’il était convaincu par ce
témoignage et autres semblables que le Christ avait eu une âme humaine, a
soutenu qu'il n'avait pas eu l'intellect humain, mais que le Verbe de Dieu lui
en a tenu lieu. Cette assertion est contraire à ce que dit le Seigneur,
confessant qu'il est un homme. Saint Jean dit, ch. VIII, 40 : "Vous
cherchez à me mettre à mort, moi qui suis un homme qui vous ai dit la
vérité." Mais il n'aurait pas été homme s'il n'avait pas eu d'âme
raisonnable.
La septième est celle d'Eutychès, qui a admis dans le Christ une nature,
unique, composée de la divinité et de l'humanité; ce qui est en opposition avec
ce que dit l'Apôtre dans son Epître aux Philippiens, ch. II, 6 : "Qui,
étant dans la condition de Dieu, n'a pas cru que ce fût pour lui une usurpation
d'être égal à Dieu; mais il s'est anéanti lui-même en prenant la condition de
serviteur, en se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu pour homme par
tout ce qui a paru de lui au dehors;" distinguant manifestement deux
natures en lui, à savoir la nature humaine et la nature divine.
La huitième est celle des Monothélites, qui ne voient dans Jésus-Christ
qu'une seule science, une seule manière d’agir et une seule volonté. Le
Seigneur dit contre eux en Matthieu 26, 39 : "Non comme je le veux, mais
comme vous le voulez." Ce qui établit clairement dans le Christ deux
volontés: l'une divine et l'autre humaine; la volonté divine est commune au
Père et au Fils.
La neuvième est l'erreur de Nestorius, qui a dit que le Christ était Dieu
parfait et homme parfait, et qui cependant a soutenu que autre est la personne
de Dieu, autre celle de l'homme, et qu'il n'y a pas d'union de Dieu et de
l'homme dans la seule personne du Christ, mais seulement selon l'inhabitation
de la grâce. De sorte qu'il nie que la bienheureuse Vierge soit la mère de
Dieu, mais il dit qu'elle est la mère du Christ homme. Il est écrit, dans saint
Luc, contre cette erreur, ch. I, 35 : "L’être qui naîtra de vous sera
saint, et on l'appellera Fils de Dieu."
La dixième est celle de Carpocrates qui passe pour avoir pensé que le
Christ homme est né de Marie et de Joseph. Saint Matthieu dit contre cette
erreur, ch. I, 18 : "Avant qu'ils s'unissent, elle fut trouvée avoir conçu
par l'opération du Saint Esprit."
La onzième est celle d'Helvidius, qui dit qu'après que la bienheureuse
Vierge eût enfanté le Christ son Fils, elle eut plusieurs autres enfants de
Joseph. Ezéchiel dit, ch. XLIV, contre celui-ci: "Cette porte sera fermée,
et elle ne s'ouvrira pas; et l'homme ne passera pas par elle, parce que c'est
par elle qu'est entré le Seigneur Dieu d'Israël, et elle sera fermée." Il
est dit, dans le Symbole des Apôtres, contre ces erreurs: "II a été conçu
du Saint - Esprit, est né de la Vierge Marie." Et dans le Symbole des Pères:
"Qui est descendu du ciel pour nous, hommes, et pour notre salut, s'est
incarné du Saint Esprit, de la Vierge Marie, et s'est fait homme."
Secundus
articulus est de passione et morte Christi, secundum quod ipse dominus
praedixit, Matth. XX, 18: ecce ascendimus Ierosolymam, et filius hominis
tradetur principibus sacerdotum et Scribis: et condemnabunt eum morte, et
tradent eum gentibus ad illudendum et flagellandum et crucifigendum. Et
circa hunc articulum primus quidem est error Manichaeorum, qui, sicut corpus
Christi esse phantasticum asserunt, passionem Christi non in veritate, sed in
phantasia esse arbitrantur, contra quod dicitur Isa. LIII, 4: vere languores nostros ipse tulit, et dolores
nostros ipse portavit. Et iterum 7, tanquam ovis ad occisionem ductus
est: quod etiam inducitur Act. VIII. Secundus est error Gaiani qui in
Christo unam naturam posuit, sed incorporalem et immortalem, contra quod
dicitur I Petr. III, 18: Christus
semel pro peccatis nostris mortuus est. Et contra hos errores ponitur in
symbolo: crucifixus, mortuus et sepultus.
Le second article est de la passion et de la mort de Jésus-Christ, selon ce
que le Seigneur lui-même a prédit, saint Matthieu, chap. XX, 18 : "Voici
que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux princes des
prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux
gentils pour qu'ils l'insultent, le flagellent et le crucifient."
La première erreur sur cet article est celle des Manichéens, qui, de même
qu’ils affirment que le corps du Christ était imaginaire, de même, pensent que
sa passion n'a pas été vraie, mais bien imaginaire. Il est écrit contre cette
erreur, dans Isaïe, ch. LIII, 4 : "Il a véritablement supporté nos maladies
et enduré nos douleurs." Il est encore dit (53, 7) : "Il a été
conduit à la mort comme une brebis;" ce qui est encore indiqué aux Actes,
ch. VIII, etc.
La deuxième est celle de Gaianus qui n'a admis qu'une nature en
Jésus-Christ, mais une nature non corporelle et immortelle. Il est écrit dans
la première Epître de saint Pierre en opposition à cette doctrine, I. ch. III,
18 : "Le Christ est mort une seule fois pour nos péchés." Il est dit
dans le Symbole contre toutes ces erreurs: "Il a été crucifié, il est
mort, il a été enseveli."
Tertius
articulus est de resurrectione Christi, secundum quod ipse dicit Matth. XX, 19:
tertia die resurget. Et circa hunc articulum primo quidem erravit
Cerinthus asserens Christum non surrexisse, sed resurrecturum esse, contra quod
dicitur I Corinth. XV, 4: resurrexit tertia die secundum Scripturas.
Secundus error est qui imponitur Origeni, quod sit iterum pro salute hominum et
Daemonum passurus, contra quod dicitur Rom. VI, 9: Christus resurgens ex
mortuis, iam non moritur; mors illi ultra non dominabitur. Quod enim mortuus
est peccato, mortuus est semel; quod autem vivit, vivit Deo. Et contra hos
errores dicitur in symbolo: tertia die resurrexit a mortuis.
Le troisième article est de la résurrection du Christ, d'après ce qu'il dit
lui-même, dans saint Matthieu, ch. XX, 19 : "Il ressuscitera le troisième
jour." Cérinthe le premier erra sur cet article, affirmant que le Christ
n'est pas ressuscité, mais qu'il doit ressusciter. Il est dit contre cette
assertion dans la première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 4 : "Il est
ressuscité le troisième jour condormément à l'Ecriture."
La seconde est celle qui est attribuée à Origène; elle consiste à dire
qu'il doit souffrir de nouveau pour le salut des hommes et des démons. Saint
Paul dans son Epître aux Romains dit contre, ch. VI, 9 : "Le Christ
ressuscitant d'entre les morts ne meurt plus, la mort n’a plus d’empire sur lui;
car sa mort est une mort au péché, il est mort une seule fois, mais quant à sa
vie, c’est une vie pour Dieu." Il est dit dans le Symbole contre ces
erreurs: "Le troisième jour il est ressuscité d'entre les morts.
Quartus
articulus est de descensu ad Inferos: credimus enim animam Christi descendisse
ad Inferos, corpore iacente in sepulcro, Ephes. IV, 9: descendit primum in
inferiores partes terrae. Unde in symbolo dicitur: descendit ad Inferos;
quod est contra quosdam, qui posuerunt ipsum Christum non descendisse per
seipsum ad Inferos, cum tamen Petrus dicat Act. II, 24, quod non est derelictus
in Inferno.
Le quatrième article est celui de la descente aux enfers. Nous croyons en
effet que l’âme de Jésus-Christ est descendue aux enfers pendant que son corps
était dans le sépulcre. Saint Paul dit, Epître aux Ephésiens, ch. IV, 9 :
"Il descendit d'abord dans les parties inférieures de la terre." De
là, il est dit dans le Symbole: "Il est descendu aux enfers;" ce qui
est contre quelques-uns qui ont avancé que le Christ n'est pas descendu par
lui-même aux enfers, alors que saint Pierre dit aux Actes, ch. II, 24 :
"Qu'il n'a pas été abandonné dans l'enfer."
Quintus
articulus est de ascensione Christi in caelum, de quo ipse dicit Ioan. XX, 17: ascendo
ad patrem meum et patrem vestrum, Deum meum et Deum vestrum. Circa quam
errant Seleuciani, qui negant salvatorem in carne sedere ad dexteram Dei
patris, sed quod eam exuit et in sole posuit. Circa quod dicitur Marc. ult., 19: dominus quidem Iesus postquam locutus est eis,
ascendit in caelum, et sedet a dextris Dei. Unde in symbolo dicitur: ascendit
in caelum, sedet ad dexteram patris.
Le cinquième article est celui de l'ascension du Christ dans le ciel, dont
il parle lui-même en ces termes dans saint Jean, ch. XX, 17 : "Je monte
vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu." Les Séleuciens
errent sur ce point, eux qui nient que le Sauveur soit assis dans sa chair à la
droite de Dieu le Père ; ils prétendent que le Sauveur s’est dépouillé de
sa chair et qu'il l'a placée dans le soleil. Saint Marc dit sur ce point dans
son dernier chapitre (16, 19) : "Le Seigneur Jésus, après qu'il leur eut
parlé, monta au ciel et s'assit à la droite de Dieu;" de là il est dit
dans le Symbole: "Il est monté au ciel, il est assis à la droite du
Père."
Sextus
articulus est de adventu ad iudicium, de quo dominus dicit Matth. XXV, 31: cum
venerit filius hominis in maiestate sua, et omnes Angeli eius cum eo, tunc
sedebit super sedem maiestatis suae; et Petrus dicit actuum X, 42: hic
est qui constitutus est a Deo iudex vivorum et mortuorum, sive eorum qui
iam mortui sunt, et eorum qui in adventu Christi vivi invenientur. Et circa hoc
aliqui errant, de quibus dicitur II Petr. III, 3: venient in novissimis
diebus in deceptione illusores, iuxta proprias concupiscentias dicentes: ubi est
repromissio aut adventus eius? Contra quos dicitur Iob. XIX, 29: fugite
a facie gladii, quoniam ultor iniquitatum gladius est, et scitote esse iudicium.
Unde in symbolo dicitur: qui venturus est iudicare vivos et mortuos.
Illi autem qui septem articulos humanitatis esse ponunt, distinguunt primum
articulum in duos, ponentes scilicet sub alio articulo conceptionem Christi, et
sub alio eius nativitatem.
Le sixième article est la venue du jugement, duquel le Seigneur dit dans
saint Matthieu, ch. XXV, 31 : "Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa
majesté, et tous ses anges avec lui, alors il s'assiéra sur le trône de sa
gloire." Dans les Actes, ch.X, 42, Saint Pierre dit : "C'est Lui qui
a été constitué par Dieu juge des vivants et des morts », soit de ceux qui
sont déjà morts, soit de ceux qui seront trouvés vivants lors de l'avènement du
Christ. Il en est qui ont erré sur ce point, et c'est d'eux que parle saint
Pierre, II, ch. III, 3 : "Dans les derniers temps il viendra des imposteurs
pleins de moqueries qui suivront leurs propres passions, et qui diront :
« Où est la promesse, où est son avènement ? " Job dit contre eux,
ch. XIX, 29 : "Fuyez loin de la menace du glaive, car il est le glaive
vengeur de l'iniquité, et sachez qu'il y a un jugement." De là, il est dit
du Christ dans le Symbole: "qui doit venir juger les vivants et les
morts." Ceux qui disent qu'il y a sept articles sur l'humanité divisent le
premier article en deux, car ils établissent dans un article la conception du
Christ, et sa nativité dans un autre.
Partie 2 :
De Ecclesiae sacramentis
De articulis Fidei, pars 2 Nunc restat considerandum de Ecclesiae sacramentis, quae tamen omnia
comprehenduntur sub uno articulo, quia ad effectum gratiae pertinent. Sed quia
specialem de sacramentis fecistis quaestionem, de his seorsum agendum est. Est
primo igitur sciendum, quod sicut Augustinus dicit in X Lib. de
Civit. Dei, sacramentum est sacrum signum, vel sacrae rei signum. Fuerunt autem
in veteri lege quaedam sacramenta, idest sacrae rei signa, sicut agnus
paschalis, et alia sacramenta legalia, quae quidem solum significabant Christi
gratiam, non tamen eam causabant. Unde apostolus Galat. IV, 9 vocat ea egena
et infirma elementa: egena quidem, quia gratiam non continebant; et
infirma, quia gratiam conferre non poterant. Sacramenta vero novae legis
continent et conferunt gratiam. In eis enim virtus Christi sub tegumento
rerum visibilium secretius operatur salutem, ut dicit Augustinus. Et ideo
sacramentum novae legis est invisibilis gratiae visibilis forma, ut eius
similitudinem gerat et causa existat. Sicut ablutio quae fit in aqua Baptismatis
repraesentat interiorem mundationem quae fit a peccatis per virtutem Baptismi.
Sunt autem sacramenta legis novae septem, scilicet Baptismus, confirmatio,
Eucharistia, poenitentia, extrema unctio, ordo et
matrimonium: quorum prima quinque ordinantur ad perfectionem unius hominis in
seipso, sed alia duo, scilicet ordo et matrimonium, ordinantur ad perfectionem
et multiplicationem totius Ecclesiae. Vita enim spiritualis
conformatur vitae corporali. In vita autem corporali perficitur homo
primo per generationem, qua nascitur in hoc mundo; secundo per augmentum, quo
perducitur ad quantitatem et virtutem perfectam;
tertio per cibum, quo sustentatur hominis vita et virtutes. Et haec quidem sufficerent, si nunquam
eum infirmari contingeret; sed quia frequenter homo infirmatur, quarto indiget
sanatione. Sic
est in vita spirituali. Primo enim indiget homo
regeneratione, quae fit per Baptismum, secundum illud Ioan. III, 5: nisi quis renatus fuerit ex
aqua et spiritu sancto, non potest introire in regnum Dei. Secundo oportet
quod homo accipiat perfectam virtutem quasi quoddam spirituale augmentum,
scilicet per sacramentum confirmationis ad similitudinem apostolorum, quos
spiritus sanctus in eos veniens confirmavit. Unde dominus dixit eis Luc. ult., 49: vos sedete in civitate (Ierusalem) quoadusque
induamini virtute ex alto. Tertio oportet quod homo spiritualiter nutriatur
per Eucharistiae sacramentum, secundum illud Ioan. VI, 54: nisi
manducaveritis carnem filii hominis et biberitis eius sanguinem, non habebitis
vitam in vobis. Quarto oportet quod homo sanetur spiritualiter per
sacramentum poenitentiae, secundum illud Psal. XL, 5: sana, domine, animam
meam, quia peccavi tibi. Quinto spiritualiter simul et corporaliter per
sacramentum extremae unctionis sanatur, secundum illud Iac. ult.,
14: infirmatur aliquis in vobis? Inducat presbyteros Ecclesiae, et orent
super eum, ungentes eum oleo in nomine domini: et oratio fidei salvabit
infirmum, et alleviabit eum dominus; et si in peccatis sit, dimittentur ei.
Quantum autem ad communem Ecclesiae utilitatem ordinantur duo sacramenta,
scilicet ordo et matrimonium. Nam per ordinem Ecclesia gubernatur et multiplicatur
spiritualiter, et per matrimonium multiplicatur corporaliter. Est autem
considerandum quod praedicta septem sacramenta quaedam habent communia, et
quaedam propria. Commune quidem est omnibus sacramentis quod conferant gratiam,
sicut dictum est. Commune etiam est omnibus, quod sacramentum consistit in
verbis et rebus corporalibus, sicut in Christo, qui est sacramentorum auctor,
est verbum caro factum. Et sicut caro Christi sanctificata est, et
virtutem sanctificandi habet per verbum sibi unitum, ita et res sacramentorum
sanctificantur, et vim sanctificandi habent per verba quae in his proferuntur.
Unde Augustinus dicit super Ioan.: accedit verbum ad elementum, et fit
sacramentum. Unde verba quibus sanctificantur sacramenta, dicuntur
sacramentorum formae; res autem sanctificatae dicuntur sacramentorum materiae,
sicut aqua est materia Baptismi et chrisma confirmationis. Requiritur etiam in
quolibet sacramento persona ministri conferentis sacramentum cum intentione
conferendi et faciendi quod facit Ecclesia: quorum trium si aliquid desit,
idest si non sit debita forma verborum, et si non sit debita materia, et si
minister sacramenti non intendit sacramentum conficere, non perficitur
sacramentum. Impeditur etiam effectus sacramenti per culpam recipientis, puta,
si fictus accedat, et non corde parato ad suscipiendum sacramentum. Talis enim
licet sacramentum suscipiat, effectum tamen sacramenti, idest gratiam spiritus
sancti, non recipit, quia, ut dicitur Sap. I, 5: spiritus sanctus
disciplinae effugiet fictum. E contrario autem sunt alii qui nunquam
recipiunt sacramentum, qui tamen effectum sacramenti suscipiunt propter
devotionem quam habent ad sacramentum, quod habent in voto, sive desiderio.
Sunt autem et quaedam propria sacramentis quibusdam. Nam quaedam horum
imprimunt characterem, idest spirituale quoddam signum distinctivum a ceteris,
sicut in sacramento ordinis vel sacramento Baptismi, et in sacramento
confirmationis: et talia sacramenta nunquam iterantur super eandem personam.
Nunquam enim ille qui est baptizatus, debet ulterius baptizari; neque
confirmatus, iterum confirmari; neque ordinatus, iterum ordinari: quia
character, qui in huiusmodi sacramentis imprimitur, indelebilis est. In aliis
vero sacramentis non imprimitur character suscipienti ea, et ideo possunt
iterari quantum ad personam suscipientem, non tamen quantum ad materiam. Potest
enim unus homo frequenter poenitere, frequenter Eucharistiam sumere, frequenter
extremam unctionem suscipere, frequenter matrimonium contrahere, non tamen
eadem hostia debet frequenter consecrari, nec idem oleum infirmorum debet
frequenter benedici. Est etiam alia differentia, quia quaedam sacramenta sunt
de necessitate salutis, sicut Baptismus et poenitentia, quibus non
existentibus, non potest homo salvari. Alia vero sacramenta non sunt de
necessitate salutis, quia sine eis potest esse salus, nisi propter contemptum
sacramenti. His visis in communi circa Ecclesiae sacramenta, oportet quaedam in
speciali de singulis dicere.
Il nous reste maintenant à parler des Sacrements de l'Eglise, lesquels
cependant sont tous renfermés dans un seul article, vu qu'ils concernent la
grâce. Mais comme vous avez fait une question spéciale touchant les Sacrements,
nous devons en parler à part. Il faut donc, d'abord, comme le dit saint
Augustin dans le dixième livre de la Cité de Dieu, savoir que," le
Sacrement est un signe sacré, ou le signe d'une chose sacrée." Il y eut
dans l'ancienne loi certains sacrements, c'est-à-dire, certains signes d'une
chose sacrée; tel que l'agneau pascal, et les autres sacrements conformes à la
loi divine, qui à la vérité signifiaient seulement la grâce de Jésus-Christ,
sans pourtant la produire. C'est ce qui fait que l'Apôtre, dans son Epître aux Galates,
IV, 9, les appelle " des éléments faibles et misérables." Faibles,
parce qu'ils ne contenaient pas la grâce; misérables, parce qu'ils ne pouvaient
pas la conférer.
Les sacrements de la nouvelle loi, au contraire, la contiennent et la
confèrent. En eux en effet, comme le dit saint Augustin,"la puissance de
Jésus-Christ produit plus secrètement le salut sous le voile d’éléments
visibles." C'est pour cela que le sacrement de la nouvelle loi est la
forme visible de la grâce invisible, si bien qu'il en a la ressemblance et
qu'il en est la cause. Ainsi l'ablution qui se fait dans l'eau du baptême,
représente la purification intérieure du péché que produit la vertu du baptême.
Il y a sept sacrements de la nouvelle loi, ce sont : le baptême, la
confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le
mariage. Les cinq premiers sont ordonnés à produire la perfection d'un seul
homme en lui-même; pour ce qui est des deux autres, à savoir les sacrements de
l'ordre et du mariage, ils sont ordonnés à produire la perfection et
l'extension de l'Eglise. En effet, la vie spirituelle est conforme à la vie
corporelle; mais dans la vie corporelle, l'homme d'abord s’accomplit par la
génération qui le fait naître au monde; secondement par la croissance qui le fait
atteindre une grandeur et une force parfaites; troisièmement par la nourriture
qui sustente et sa vie et ses forces. Ces trois choses lui suffiraient, s'il
n'était jamais sujet aux infirmités. Mais comme fréquemment l'homme est sujet à
la maladie, il a, quatrièmement, besoin de quelque chose qui le guérisse: il en
est ainsi dans la vie spirituelle.
Premièrement, en effet, l'homme a besoin de régénération et c'est l'œuvre
du baptême, comme le dit saint Jean, ch. III, 5 : "Si quelqu'un ne renaît
pas de l'eau et de l'Esprit saint, il ne peut pas entrer dans le royaume de
Dieu." Il lui faut secondement recevoir la vertu parfaite, comme une
certaine croissance spirituelle, à savoir le sacrement de confirmation, à
l'exemple des Apôtres que le Saint Esprit confirma en venant en eux. C'est ce
qui fait dire au Seigneur dans le dernier chapitre de saint Luc (25, 49) :
"Demeurez dans la ville de Jérusalem jusqu'à ce que vous soyez revêtus de
la force d'en haut." II faut troisièmement que l'homme soit nourri
spirituellement par le sacrement de l'eucharistie; d'après ces paroles de saint
Jean, ch. VI, 54 : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si
vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous."
Il a besoin quatrièmement d'être guéri spirituellement par le sacrement de
pénitence, comme nous l'apprennent ces paroles du Psaume XL, 5 :
"Guérissez mon âme, Seigneur, parce que j'ai péché contre vous." Il
est cinquièmement guéri spirituellement et corporellement par le sacrement de
l'extrême onction; c'est ce que nous apprend saint Jacques dans son dernier
chapitre (5, 14) : "Y a-t-il parmi vous quelqu'un de malade, qu'il appelle
les prêtres de l'Eglise, qu'ils prient sur lui, l'oignant d'huile au nom du
Seigneur, et la prière de la foi sauvera le malade, le Seigneur le soulagera,
et s'il est en état de péché, ils lui seront remis."
D’autre part, deux sacrements, qui sont l'ordre et le mariage, sont
spécialement ordonnés pour l'utilité commune de l'Eglise. Par le sacrement de
l’ordre en effet, l’Église se multiplie et est gouvernée sur le plan spirituel,
le mariage la multiplie corporellement. Il importe néanmoins de considérer que
les sept sacrements en question ont des éléments qui leur sont communs,
d'autres qui sont propres à chacun d'eux. Il leur est commun à tous, ainsi que
nous l'avons dit, de produire la grâce. Ils ont aussi cela de commun que le
sacrement consiste dans des paroles et des éléments matériels; comme le Christ,
qui est l'auteur des sacrements, est le Verbe fait chair. Comme la chair du
Christ est sanctifiée et a la vertu de sanctifier par le Verbe qui lui est uni;
de même la matière des sacrements est sanctifiée et a la vertu de sanctifier
par les paroles que l'on profère en les conférant; c'est ce qui fait dire à
saint Augustin expliquant saint Jean: "La parole se joint à la matière et
le sacrement existe." De là, les paroles qui sanctifient, sont appelées la
forme des sacrements, et les choses sanctifiées s'appellent la matière des
sacrements; comme l'eau est la matière du baptême, le chrême, celle de la
confirmation.
Il faut aussi, pour chaque Sacrement, la personne du ministre qui le
confère, avec l'intention de le conférer et de faire ce que fait l'Eglise. S'il
manque une de ces trois choses, c'est-à-dire, s'il n'y a pas la forme de
paroles voulues, s'il n'y a pas la matière requise, si le ministre du sacrement
n'a pas l'intention d’accomplir le sacrement, le sacrement n'est pas consommé.
Celui qui reçoit le sacrement peut aussi par sa faute en anéantir l'effet; par
exemple, s'il s'en approche avec feinte, et que son cœur ne soit pas disposé à le recevoir. Bien qu'une telle personne reçoive le
sacrement, elle n'en reçoit cependant pas les effets, c'est-à-dire la grâce du
Saint Esprit; parce que, comme il est dit au livre de la Sagesse, ch. I, 5 :
"L'Esprit Saint, l’éducateur, fuit l’homme fourbe." Il en est
d'autres au contraire qui ne reçoivent jamais un sacrement, et qui cependant
jouissent de ses effets, en raison de la dévotion qu’ils éprouvent pour un
sacrement, le recevant par leurs vœux et leurs désirs. Mais il y a aussi des
effets qui sont propres à certains sacrements. Quelques-uns en effet impriment
un caractère, c'est-à-dire un certain signe spirituel distinct des autres;
comme cela arrive dans les sacrements de l'ordre, du baptême et de la
confirmation; et ces sacrements ne se renouvellent pas sur la même personne.
Celui qui a été baptisé ne doit jamais en effet l'être de nouveau; de même
celui qui a été confirmé, ne saurait l'être une seconde fois; non plus celui
qui a été ordonné, car le caractère qu'impriment ces sacrements est indélébile.
Les autres sacrements n'impriment aucun caractère en celui qui les reçoit, ce
qui fait qu'on peut les renouveler quant à la personne qui les reçoit, mais non
quant à la matière. Un même homme peut en effet fréquemment se repentir,
fréquemment recevoir l'eucharistie, recevoir plusieurs fois l’extrême-onction, contracter
mariage plusieurs fois; cependant on ne peut pas consacrer plusieurs fois la
même hostie, ni bénir plusieurs fois la même huile des malades. Il y a encore
une autre différence, c'est que certains sacrements, tels que le baptême, la
pénitence, sont de nécessité de salut; sans leur existence, l'homme ne peut
être sauvé.
Il est d'autres sacrements qui ne sont pas de nécessité de salut, parce
que, sans eux, on peut se sauver, à moins qu'on ne les reçoive par mépris.
Après avoir vu ce qui précède des sacrements de l'Eglise, en général, il nous
faut parler de chacun en particulier.
Primo
igitur circa Baptismum sciendum est, quod materia Baptismi est aqua vera et
naturalis, nec differt utrum sit frigida vel calefacta. In aquis autem
artificialibus, sicut est aqua rosacea, et aliis huiusmodi, non potest
baptizari. Forma autem Baptismi est ista: ego te baptizo in nomine patris et
filii et spiritus sancti. Minister huius sacramenti proprius est sacerdos,
cui ex officio competit baptizare. In articulo tamen necessitatis, non solum
diaconus, sed etiam laicus et mulier, immo Paganus et haereticus potest
baptizare, dummodo servet formam Ecclesiae, et intendat facere quod facit
Ecclesia. Si vero extra articulum necessitatis aliquis a talibus baptizetur,
recipit quidem sacramentum, et non debet iterum baptizari; non tamen recipit
gratiam sacramenti, quia ficti deputantur, utpote contra statutum Ecclesiae
sacramentum accipientes. Effectus autem Baptismi est remissio culpae originalis
et actualis, et etiam totius culpae et poenae, ita quod baptizatis non est
aliqua satisfactio iniungenda pro peccatis praeteritis, sed statim morientes
post Baptismum introducuntur ad gloriam Dei. Unde effectus Baptismi ponitur
apertio ianuae Paradisi. Circa hoc sacramentum fuerunt aliqui errores. Primus
quidem fuit Solentianorum, qui Baptismum in aqua non recipiunt, sed solum
Baptismum spiritualem, contra quos dicit dominus, Ioan. III, 5: nisi quis
renatus fuerit ex aqua et spiritu sancto, non potest introire in regnum Dei.
Secundus error fuit Donatistarum rebaptizantium eos qui sunt baptizati a
Catholicis, contra quos dicitur Ephes. IV, 5: una fides, unum Baptisma.
Est autem alter error eorum: nam dicunt quod homo in peccato existens, non
potest baptizare, contra quos dicitur Ioan. I, 33: super quem videris
spiritum descendentem et manentem, hic est qui baptizat, scilicet Christus.
Unde non nocet homini malus minister nec in hoc nec in aliis sacramentis, quia
Christus est bonus qui merito suae passionis perficit sacramentum. Quartus
error est Pelagianorum, qui dicunt pueros baptizari, ut regeneratione adoptati
admittantur ad regnum Dei, de bono in melius translati, non ista regeneratione
aliquo malo obligationis veteris absoluti.
Il importe d'abord de savoir, touchant le baptême, que l'eau conforme et naturelle
en est la matière, peu importe qu'elle soit froide ou chauffée. Mais il est
impossible de baptiser dans des eaux artificielles, telles que l'eau de rose et
autres de ce genre. La forme du baptême est celle-ci: "Je te baptise au
nom du Père du Fils et du Saint Esprit."
Le ministre le plus ordinaire de ce sacrement, c'est le prêtre; c'est à
lui, à qui, par sa fonction, il appartient de baptiser. Dans un cas de
nécessité, non-seulement le diacre, mais même un laïc, une femme, bien plus, un
païen, un hérétique même peut baptiser, pourvu qu'il conserve la forme de
l'Eglise, et qu'il ait l'intention de faire ce que l'Eglise fait. Mais si, hors
le cas de nécessité, quelqu'un est baptisé par de telles personnes, il reçoit réellement
le sacrement; il ne doit pas être baptisé une nouvelle fois ; cependant il ne
reçoit pas la grâce, car on tient pour dissimulés et comme le recevant contre
la loi de l'Eglise ceux qui agissent de la sorte. L'effet du baptême, c'est la
rémission du péché originel et actuel, et même de toute faute et de toute
peine, de sorte qu'il ne faut enjoindre aucune réparation pour les péchés passés;
mais ceux qui meurent aussitôt après le baptême, sont immédiatement introduits
dans la gloire de Dieu; de là il est établi que le baptême a pour effet
d'ouvrir la porte du paradis. Il y a eu quelques erreurs touchant ce sacrement.
La première fut celle des Solentiens qui ne reçoivent pas le baptême d'eau,
mais seulement le baptême spirituel. Le Seigneur dit contre eux en saint Jean,
ch. III, 5 : "Si quelqu'un ne renaît de l'eau et de l'Esprit saint, il ne
peut entrer dans le Royaume de Dieu."
La deuxième est celle des Donatistes qui rebaptisaient ceux qui l'avaient
été par les catholiques. L'Apôtre dit contre eux dans son Epître aux Ephésiens,
ch. IV, 5 : "Une seule foi, un seul baptême." Les mêmes Donatistes
errent encore sur un autre point, car ils disent que l'homme qui est en état de
péché, ne peut pas baptiser. Saint Jean dit contre cette erreur, ch. I, 33 :
"Celui sur qui vous verrez descendre et demeurer l'Esprit, c'est celui qui
baptise », à savoir Jésus-Christ. De là, le ministre en état de péché ne
nuit en rien à la personne, ni dans ce sacrement, ni dans les autres, parce que
Jésus-Christ est bon, et que c'est lui qui par les mérites de sa passion, a
fait le sacrement.
La quatrième erreur est celle des Pélagiens. Ils disent que les enfants sont
baptisés, afin qu'adoptés par cette régénération, ils soient admis dans le
royaume de Dieu, transférés d'un état qui est bon dans un état meilleur; mais
que par cette régénération ils ne sont pas dégagés de l'obligation ancienne.
Secundum
sacramentum est confirmationis, cuius materia est chrisma confectum ex oleo,
quod significat nitorem conscientiae, et balsamo, quod significat odorem bonae
famae, per episcopum benedicto. Forma autem huius sacramenti est talis: consigno
te signo crucis, et confirmo te chrismate salutis, in nomine patris et filii et
spiritus sancti. Amen. Minister autem huius sacramenti est solum episcopus.
Non enim licet sacerdoti confirmandos chrismate in fronte inungere. Effectus
autem huius sacramenti est quod in eo datur spiritus sanctus ad robur, sicut
datus est apostolis in die Pentecostes, ut scilicet Christianus audacter
confiteatur nomen Christi. Et ideo confirmandus in fronte ungitur, in qua est
sedes verecundiae, ut scilicet nomen Christi confiteri non erubescat, et
praecipue crucem eius, quae est Iudaeis scandalum, gentibus autem stultitia: et
propter hoc etiam signo crucis signantur. Circa hoc sacramentum est error
quorundam Graecorum dicentium, quod sacerdos simplex hoc sacramentum potest
conferre: contra quos dicitur Act. VIII, quod apostoli miserunt Petrum et
Ioannem apostolos, qui imponebant manus super eos qui baptizati erant a
Philippo diacono, et accipiebant spiritum sanctum. Episcopi autem sunt in Ecclesia loco
apostolorum, et loco illius manus impositionis datur
in Ecclesia confirmatio.
Le second sacrement est celui de la confirmation; sa matière est le chrême,
composé d'huile qui signifie la pureté de la conscience, et de baume, qui
signifie l'odeur d'une bonne réputation. Il doit être béni par l'évêque. La
forme de ce sacrement consiste dans les paroles suivantes: "Je vous marque
du signe de la croix, et je vous confirme avec le chrême du salut; au nom du
Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen." Le ministre de ce sacrement est
l'évêque seul. Il n'est pas permis au prêtre d'oindre le front des confirmants.
L'effet de ce sacrement est de donner au chrétien l'Esprit saint pour le
fortifier, ainsi qu'il fut donné aux Apôtres au jour de la Pentecôte, pour leur
donner la force de confesser le nom de Jésus-Christ. Le confirmé, pour cela,
est oint sur le front, siège de la pudeur, afin qu'il ne rougisse pas de
confesser le nom de Jésus-Christ, et surtout sa croix qui pour les Juifs est un
scandale, et une folie pour les païens; c'est encore pour cela qu'il est marqué
du signe de la croix.
Il est quelques grecs qui ont erré sur ce sacrement; soutenant que le
simple prêtre peut l'administrer; il est écrit contre eux au Actes des Apôtres,
ch. VIII, que les Apôtres envoyèrent Pierre et Jean Apôtres, qui imposaient les
mains sur ceux qui avaient été baptisés par le diacre Philippe, et ils
recevaient le Saint Esprit. Or dans l'Eglise, les évêques tiennent la place des
Apôtres, et c'est à la place de cette imposition des mains que dans l'Eglise on
donne la confirmation.
Tertium
sacramentum est Eucharistia, cuius materia est panis triticeus, et vinum de
vite, modica aqua permixtum, ita quod aqua transeat in vinum: nam aqua
significat populum, qui incorporatur Christo. De alio autem pane quam tritici
et alio vino non potest hoc confici sacramentum. Forma autem huius sacramenti
sunt ipsa verba Christi dicentis: hoc est corpus meum; et hic est
calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis
et pro multis effundetur in remissionem peccatorum: quia sacerdos in
persona Christi loquens, hoc conficit sacramentum. Minister autem sacramenti
huius est sacerdos, neque aliquis alius potest corpus Christi conficere.
Effectus huius duplex est, quorum primus consistit in ipsa consecratione
sacramenti: nam virtute praedictorum verborum panis convertitur in corpus
Christi, et vinum in sanguinem, ita tamen quod totus Christus continetur sub
speciebus panis, quae remanent sine subiecto, et totus Christus continetur sub
speciebus vini: et sub qualibet parte hostiae consecratae, vini consecrati,
separatione facta, est totus Christus. Alius vero effectus huius sacramenti,
quem in anima digne sumentis facit, est adunatio hominis ad Christum, sicut
ipse dicit Ioan. VI, 57: qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem,
in me manet, et ego in eo. Et quia per gratiam homo Christo incorporatur et
membris eius unitur, dignum est quod hoc sacramentum sumentibus digne gratia
augeatur. Sic igitur in hoc sacramento est aliquid quod est sacramentum tantum,
scilicet ipsa species panis et vini; et aliquid quod est res et sacramentum,
scilicet corpus Christi verum; et aliquid quod est res tantum, scilicet unitas
corporis mystici, idest Ecclesiae, quam hoc sacramentum et significat et
causat. Fuerunt autem circa hoc sacramentum multi errores. Quorum primus est
eorum qui dicunt, quod in hoc sacramento non est verum corpus Christi, sed
tantum significative. Auctor erroris eius dicitur fuisse Berengarius, contra
quem dicitur Ioan. VI, 56: caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est
potus. Secundus est error Artotyritarum qui offerunt in sacramento hoc
panem et caseum, dicentes a primis hominibus oblationes de frugibus terrae et
ovium celebratas fuisse: contra quod est quod dominus huius sacramenti
institutor, panem et vinum discipulis suis dedit. Tertius est error
Cathaphrygarum et Praeputiatorum qui de infantis sanguine, quem de toto eius
corpore minutis punctorum vulneribus extorquent, quasi Eucharistiam suam
conficere perhibentur, immiscentes eum farinae, panemque inde facientes;
quod magis est simile sacrificiis Daemonum, quam sacrificiis Christi, secundum
illud Psal. CV, 38: effuderunt sanguinem innocentem (...) quem
sacrificaverunt sculptilibus Chanaan. Quartus est error aquariorum, qui
aquam solam in sacrificiis offerunt, cum tamen Prov. IX, 5, dicatur ex ore
sapientiae, qui est Christus: bibite vinum quod miscui vobis. Quintus
est error Ophitarum, qui serpentem Christum esse aestimantes, habent unum
colubrum assuetum panes lingua lambere, atque ita eis velut Eucharistiam sanctificare.
Sextus est error Praeputiatorum, qui tantum dant mulieribus principatum, ut
sacerdotio quoque apud eos honorentur. Septimus est error pauperum de Lugduno,
qui dicunt quemlibet iustum hominem posse conficere hoc sacramentum. Contra
quos errores est quod dominus apostolis suis potestatem tradidit hoc
sacramentum celebrandi, unde solum illi qui quadam successione ab apostolis
acceperunt hanc potestatem, possunt hoc sacramentum conficere. Octavus est
error quorundam, qui dicuntur Adamani, qui imitantes nuditatem Adae, nudi mares
feminaeque conveniunt, nudi lectionem audiunt, nudi orant, sacramenta nudi
celebrant: contra quos dicitur I Corinth. XIV, 40: omnia honeste et secundum
ordinem fiant in vobis.
Le troisième sacrement est celui de l'eucharistie. Il a pour matière le
pain de froment et le vin de la vigne, mêlé d'un peu d'eau, de sorte que l'eau
passe dans le vin, car l'eau signifie le peuple qui est incorporé au Christ. Ce
sacrement ne peut pas être consommé avec un autre pain que le pain de froment,
ni avec un autre vin que celui de la vigne. La forme de ce sacrement, ce sont
les paroles suivantes qui sont celles même de Jésus-Christ: "Hoc est
corpus meum," et, "Hic est calix sanguinis mei, nom et œterni
testamenti, mysterium fidei, qui pro vobis etpromultis effundetur in
remissionem peccatorum." Le prêtre, en effet, réalise ce sacrement,
parlant au nom même du Christ.
Le prêtre est le ministre de ce sacrement, et personne autre que lui ne
peut consacrer le corps de Jésus-Christ. Ce sacrement a un double effet; le
premier consiste dans la consécration elle-même du sacrement; car par la vertu
des paroles citées plus haut, le pain est changé au corps de Jésus-Christ, et
le vin en son sang; de manière cependant que Jésus-Christ tout entier est
contenu sous les espèces du pain qui demeurent sans
sujet (*); Jésus-Christ tout entier est aussi contenu sous les espèces
du vin; il est contenu de même tout entier sous n’importe laquelle des parties de
l'hostie consacrée, et du vin consacré, si on les sépare.
(*) Un théologien trouverait mieux. Je crains de dénaturer la pensée de
saint Thomas en modifiant la traduction par « sujet »
Pour ce qui est de l'autre effet de ce sacrement, c'est qu'il produit dans
celui qui le reçoit dignement, l'union de Jésus-Christ avec l'homme, comme il
le dit lui-même en saint Jean, ch. VI, 57 : "Celui qui mange ma chair et
boit mon sang demeure en moi et moi en lui." Et parce que, par la grâce,
l'homme est incorporé au Christ, et qu'il est uni à ses membres, ceux qui le
reçoivent dans de saintes dispositions, méritent de voir la grâce s'augmenter
en eux. Ainsi donc, il y a dans ce sacrement 1/ quelque chose qui est le
sacrement seulement, à savoir, l'apparence elle-même du pain et du vin, et 2/ quelque
chose qui est le sujet lui-même et le sacrement, à savoir, le vrai corps de
Jésus-Christ, et 3/ quelque chose qui est le sujet seulement, à savoir, l'unité
du corps mystique, c'est-à-dire de l'Eglise, que ce sacrement signifie et
produit.
Il y a eu sur ce sacrement une multitude d'erreurs. La première est celle
des hommes qui affirment que le vrai corps de Jésus-Christ n'est pas dans ce
sacrement, mais qu'il y est seulement d'une manière « signifiante » (**).
Bérenger est regardé comme l'auteur de cette erreur. Il est écrit dans saint
Jean contre, ch. VI, 56 : "Ma chair est une véritable nourriture, et mon
sang un véritable breuvage."
La deuxième est celle des Arrodiniciens ou Artotyrites, qui offrent, dans
ce sacrement, du pain et du fromage, disant que les oblations des premiers
hommes ont été faites avec les fruits de la terre et ceux des troupeaux; ce qui
réfute leur assertion, c'est que le Seigneur qui a institué ce sacrement, donne
le pain et le vin à ses disciples.
La troisième est celle des Cathaphriges et des Praeputiatiens, que l'on dit
faire une espèce d'eucharistie avec le sang d'un enfant, qu'ils arrachent de
son corps, au moyen de blessures semblables à des piqûres légères; le mêlant
avec de la farine et en confectionnant un pain; ce qui, suivant ces paroles du
Psaume CV, 38 : "Ils versèrent ce sang innocent, qu'ils sacrifièrent aux
idoles de Canaan," ressemble plus aux sacrifices des démons, qu'aux
sacrifices de Jésus-Christ.
La quatrième est celle des Aquariens, ainsi appelés parce qu'ils offrent l'eau
seule dans les sacrifices; bien qu'il soit dit de la bouche même de la Sagesse,
qui est le Christ, au livre des Proverbes, IX 5 : "Buvez le vin que je
vous ai mêlé."
La cinquième est celle des Ophidiens ou Ophites qui, pensant que le Christ
est un serpent, ont un serpent accoutumé à lécher le pain avec sa langue, et le
leur sanctifie comme l'eucharistie.
La sixième est celle des Préputialiens, qui donnent aux femmes une si
grande primauté, que chez eux elles sont aussi honorées du sacerdoce.
La septième est celle des pauvres de Lyon; ils disent que tout homme juste
peut réaliser ce sacrifice. Le pouvoir que le Seigneur a donné à ses Apôtres de
célébrer ce sacrement réfute ces erreurs. De là il suit que, ceux-là seulement
qui ont succédé aux Apôtres d'une certaine manière, ont reçu le pouvoir
d'offrir ce sacrement.
La huitième
est celle de quelques individus auxquels on a donné le nom d'Adamites, parce
qu'imitant la nudité d'Adam, ils se réunissent nus hommes et femmes, écoutent,
nus, la lecture, prient dans cet état, et célèbrent les sacrement sans
vêtements. Il est écrit contre eux dans la première Epître aux Corinthiens, ch.
XIV, 40 : "Que tout se fasse parmi vous d'une manière honnête et suivant
l'ordre."
(**) J’ai
cédé au langage contemporain de la psychologie pour bien montrer que les
hérésies sont de tous les temps !
Quartum
sacramentum est poenitentia, cuius quasi materia sunt actus poenitentis, qui
dicuntur tres poenitentiae partes. Quarum prima est cordis contritio, ad quam
pertinet quod homo doleat de peccato commisso, et proponat se de cetero non
peccaturum. Secunda pars est oris confessio, ad quam pertinet ut peccator omnia
peccata, quorum memoriam habet, suo sacerdoti confiteatur integraliter, non
dividens ea diversis sacerdotibus. Tertia pars est satisfactio pro peccatis
secundum arbitrium sacerdotis, quae quidem praecipue fit per ieiunium et
orationem et eleemosynam. Forma autem
huius sacramenti sunt verba absolutionis quae sacerdos profert, cum dicit: ego
te absolvo. Minister huius sacramenti est sacerdos habens auctoritatem
absolvendi vel ordinariam, vel ex commissione superioris. Effectus huius
sacramenti est absolutio a peccato. Est autem contra hoc sacramentum error
Novatianorum, qui dicunt hominem post Baptismum peccantem non posse per poenitentiam
veniam consequi: contra quos dicitur Apoc. II, 5: memor esto unde excideris,
et age poenitentiam, et prima opera fac.
Le quatrième sacrement est celui de la pénitence. Les actions du pénitent
en sont comme la matière; elles constituent les trois parties de la pénitence.
La contrition est la première, qui concerne le fait que l'homme se repent du
péché commis, et se propose de ne plus pécher à l'avenir. La confession orale
est la deuxième, c'est par elle que le pécheur accuse intégralement au prêtre
les péchés dont il a la mémoire (il ne peut « répartir » ses fautes
sur différents prêtres). La réparation pour les péchés est la troisième; elle
se fait selon le jugement du prêtre, et s'accomplit surtout par le jeûne, la
prière et l'aumône. La forme de ce sacrement, ce sont les paroles de
l'absolution, que prononce le prêtre lorsqu'il dit: "Je vous absous,
etc." Le ministre de ce sacrement, c'est le prêtre, ayant le pouvoir
ordinaire ou délégué de son supérieur d'absoudre. L'effet de ce sacrement,
c'est la rémission du péché. Les Novatiens, qui soutiennent que l'homme qui
pèche après le baptême ne peut pas en obtenir le pardon, se trompent à propos
de ce sacrement. Il est dit contre eux dans l'Apocalypse, ch. II, 5 :
"Souviens-toi d'où tu es tombé, et fais pénitence, reviens à tes premières
oeuvres."
Quintum sacramentum est extremae unctionis,
cuius materia est oleum olivae per episcopum benedictum. Hoc autem sacramentum non debet dari nisi infirmis, quando
timetur de periculo mortis, qui debent inungi in locis quinque sensuum,
videlicet in oculis propter visum, in auribus propter auditum, in naribus
propter odoratum, in ore propter gustum vel locutionem, in manibus propter
tactum, in pedibus propter gressum. Quidam autem inungunt in renibus, ubi viget
libido. Forma autem huius sacramenti est ista: per istam unctionem et suam
piissimam misericordiam indulgeat tibi dominus quidquid deliquisti per visum;
et similiter in aliis. Minister
huius sacramenti est sacerdos. Effectus autem huius sacramenti est sanatio
mentis et corporis. Contra hoc sacramentum est error Eraconitarum, qui feruntur
suos morientes novo modo quasi redimere per oleum et balsamum et aquam, et
invocationibus quas Hebraicis verbis dicunt super capita eorum: quod est contra
formam a Iacobo traditam, ut supra dictum est.
Le cinquième sacrement est celui de l'extrême-onction. Sa matière est
l'huile d’olive bénite par l'évêque. On ne doit la donner qu’aux infirmes,
quand on craint le danger de mort; il faut les oindre à l’emplacement des cinq
sens, à savoir, sur les yeux à cause de la vue, sur les oreilles à cause de
l'ouïe, sur les narines à cause de l'odorat, sur la bouche à causé du goût ou
de là parole, sur les mains à cause du toucher, sur les pieds, parce qu'ils servent
à marcher. Il en est aussi qui font l'onction sur les reins, siège des
passions.
La forme de ce sacrement consiste dans les paroles suivantes: "Que le
Seigneur, par cette onction et sa très pieuse miséricorde, vous pardonne tous
les péchés que vous avez commis par les yeux;" il en est de même pour les
autres sens. Le prêtre est le ministre de ce sacrement. Il a pour effet de
guérir l'âme et le corps. Les Eraconites ont erré sur ce sacrement, eux qui,
dit-on, rachètent en quelque sorte leurs mourants d'une nouvelle manière, par
l'huile, le baume et l'eau, et par certaines invocations en langue hébraïque qu'ils
prononcent sur leurs têtes, lesquelles sont écrites en caractères hébraïques;
ce qui, comme nous l'avons dit plus haut, est contraire à la forme donnée par
saint Jacques.
Sextum
est sacramentum ordinis. Sunt autem septem ordines: scilicet presbyteratus,
diaconatus, subdiaconatus, acolytatus, exorcistae, lectoris et ostiarii.
Clericatus autem non est ordo, sed quaedam professio vitae dantium se divino
ministerio. Episcopatus autem magis est dignitas quam ordo. Materia autem huius
sacramenti est illud materiale, per cuius traditionem confertur ordo: sicut
presbyteratus traditur per collationem calicis, et quilibet ordo traditur per
collationem illius rei quae praecipue pertinet ad ministerium illius ordinis.
Forma autem huius sacramenti est talis: accipe potestatem offerendi
sacrificium in Ecclesia pro vivis et mortuis; et idem est dicendum in
consimilibus ordinibus. Minister huius sacramenti est episcopus qui confert
ordines. Effectus autem huius sacramenti est augmentum gratiae ad hoc quod
aliquis sit idoneus minister Christi. Contra hoc sacramentum fuit error aerii,
qui dicebat presbyterum ab episcopo non debere discerni.
Le sixième sacrement est celui de l'ordre. Mais il y a sept ordres, qui
sont, la prêtrise, le diaconat, le sous-diaconat, les ordres d'acolyte,
d'exorciste, de lecteur et d’ostiaire. La cléricature n'est pas un ordre, mais
une certaine profession de vie de ceux qui se consacrent au ministère divin.
Pour l'épiscopat, il est plus une dignité qu'un ordre.
La matière de ce sacrement est l'objet matériel par la tradition duquel
l'ordre est conféré; comme la prêtrise est conférée par la remise du calice, de
même chaque ordre est conféré par la remise de l'objet qui sert principalement
au ministère de cet ordre. Pour ce qui est de la forme, elle consiste dans les
paroles suivantes: "Recevez le pouvoir d'offrir le sacrifice dans l'Eglise
pour les vivants et pour les morts." Il faut en dire autant des ordres semblables.
Le ministre de ce sacrement, c'est l'évêque, à lui il appartient de le
conférer. Il a pour effet d'augmenter la grâce pour faire de l'homme le digne
ministre de Jésus-Christ.
Arius erra sur ce sacrement, lui qui soutenait qu'il ne faut pas
différencier le prêtre et l'évêque.
Septimum
sacramentum est matrimonium, quod est signum coniunctionis Christi et
Ecclesiae. Causa autem efficiens matrimonii est mutuus consensus per verba de
praesenti expressus. Est autem triplex bonum matrimonii: quorum primum est
proles suscipienda et educanda ad cultum Dei; secundum est fides quam unus
coniugum alteri debet servare; tertium est sacramentum, idest indivisibilitas
matrimonii, propter hoc quod significat indivisibilem coniunctionem Christi et
Ecclesiae. Est autem circa hoc sacramentum multiplex error. Primus quidem est
Tatianorum, qui nuptias damnant: contra quos est quod dicitur I Corinth. VII,
28: si nupserit virgo, non peccavit. Secundus est error Ioviniani, qui
nuptias aequavit virginitati, de quo supra dictum est. Tertius est error
Nicolaitarum, qui indifferenter mutuis uxoribus utuntur. Fuerunt etiam multi
alii haeretici turpia quaedam docentes et exercentes, contra id quod dicitur
Hebr. ult., 4: sit honorabile connubium in omnibus,
et torus immaculatus. Horum autem virtute sacramentorum homo perducitur ad
futuram gloriam, quae consistet in septem dotibus: tribus animae, et quatuor
corporis. Prima dos animae est visio Dei per essentiam, secundum illud I Ioan.
III, 2: videbimus eum sicuti est. Secunda est comprehensio, qua scilicet
Deum comprehendemus, quasi meritorum mercedem: I Cor. IX, 24: sic currite ut
comprehendatis. Tertia est fruitio, qua in Deo delectabimur, secundum illud
Iob. XXII, 26: tunc super omnipotentem deliciis afflues, et elevabis ad Deum
faciem tuam. Prima autem dos corporis est impassibilitas, secundum illud I
Corinth. XV, 53: oportet corruptibile hoc induere incorruptionem.
Secunda est claritas, secundum illud Matth. XIII, 43: fulgebunt iusti sicut
sol in regno patris eorum. Tertia est agilitas, per quam celeriter adesse
poterunt ubi volent. Sap. III, 7: tanquam scintillae in arundineto
discurrent. Quarta est subtilitas, per quam poterunt quaecumque voluerint,
penetrare, secundum illud I Corinth. XV, 44: seminatur corpus animale,
surget corpus spirituale. Ad quam nos perducat qui vivit et regnat per
omnia saecula saeculorum. Amen.
Le mariage est le septième sacrement; il représente l'union de Jésus-Christ
avec son Eglise. Le consentement mutuel, exprimé présentement par des paroles,
est la cause efficiente du mariage. Le mariage produit un triple bien. Le
premier, ce sont les enfants qui doivent en suivre, et qui doivent être élevés
dans le service de Dieu. Le second, c'est la foi que l'un des époux doit garder
à l'autre. Le troisième, c'est le sacrement, c'est-à-dire l'indivisibilité du
mariage; pour ce motif il signifie l'indivisible union de Jésus-Christ et de
son Eglise. Il y a sur ce sacrement une multitude d'erreurs.
La première est celle des Tacianiens, qui condamnent le mariage. Saint Paul
dit contre eux, dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. VII, 28 : "Si
la Vierge s'est mariée, elle n'a pas péché."
La seconde est celle de Jovinien, qui a égalé le mariage à la virginité;
nous en avons parlé plus haut.
La troisième est celle des Nicolaïtes qui voient indifféremment les épouses
les uns des autres. Il y a eu aussi une foule d'hérétiques qui ont enseigné et
pratiqué des choses honteuses, à l’encontre de ce que dit saint Paul dans le dernier
chapitre de son Epître aux Hébreux (XIII, 14) : "Que le mariage soit honoré
par tous les hommes et le lit conjugal sans souillure." La vertu de ces
sacrements, c'est de conduire l'homme à la gloire future, qui consiste en sept
qualités, trois de l'âme et quatre du corps.
La première qualité de l'âme, c'est de voir Dieu selon son essence, comme
nous l'apprennent ces paroles de saint Jean (1 Jn III, 2) : "Nous le
verrons tel qu'il est." La seconde, c'est la compréhension par laquelle
nous saisirons Dieu comme la récompense de nos mérites. Saint Paul dit, dans sa
première Epître aux Corinthiens, ch. IX, 24 : "Courez de telle sorte que
vous remportiez le prix." Le troisième, c'est la jouissance par laquelle
nous nous délecterons en Dieu. Job dit, ch. XXII, 26 : "Alors vous serez
comblés de délices dans le Tout-Puissant, et vous élèverez vos regards vers
Dieu."
La première qualité du corps, c'est l'impassibilité, ainsi que nous l'apprennent ces paroles de l'Apôtre, Première Epître aux Corinthiens, ch. XV, 53 : "Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité." La seconde, comme nous l'apprennent ces paroles de saint Matthieu, chap. XIII, 43 : "Les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père," c'est la clarté. La troisième est l'agilité par laquelle ils peuvent être rapidement présents où ils veulent. Il est écrit au livre de la Sagesse, ch. III, 7 : "Ils courent avec la rapidité de l'étincelle à travers les chaumes." La quatrième est la subtilité par laquelle il leur sera donné de pénétrer où ils voudront. C'est ce que dit l'Apôtre dans sa première Epître" aux Corinthiens, ch. XV, 44 : "On sème un corps animal, il ressuscitera corps spirituel." Que celui qui vit dans les siècles des siècles nous y conduise. Amen.