Auteur: superman Date: 08-05-2005
17:46
... la foi arrive souvent par la parole entendue. Ce
n'est pas toujours le cas. Elle arrive parfois par la vue, la vue de
miracles ou la vue de la gloire du Christ. Les Actes des Apôtres
rapportent ces cas.
1° Tout d’abord
je dois vous reprocher une faute de méthode.
Si
vous argumentez par l’Écriture, vous êtes tenu de donner les
références exactes. À quels versets scripturaires issus de quels
chapitres du livre des Actes faites vous précisément allusion
?
2° Quant au fond, vous confondez deux
choses distinctes :
Ce qui motive l’assentiment
intellectuel impéré par volonté qu’est la foi, et qui peut être,
pour un palestinien contemporain du Christ, la vue d’un miracle
opéré par le Christ ou les Apôtres ; ce à quoi vous croyez par la
foi. Vous avez confondu le motif prochain de la foi chez tel ou tel
et l’objet matériel de la foi !
Ceci est une confusion
grossière qui, chez un docteur en théologie, ne devrait pas
être. Votre titre vous impose des obligations spéciales de prudence
et d’exactitude, précisément parce qu’il est à même de faire
impression sur les simples. Partant, il accroît votre
responsabilité. Et vous savez comme moi qu’il nous faudra rendre
compte de nos paroles et de nos actes au Jour du redoutable tribunal
du Christ. De la rigueur donc.
3° Quant
à l’objet matériel de la foi, c’est évidemment une adhésion à un
enseignement, et votre négation est effarante. Car elle revient à
nier :
1) L’Écriture :
Rm X 14-16
: “Comment l’invoqueraient-ils sans l’avoir entendu ? Et
comment l’entendraient-ils, si personne ne le proclame ? ...
Mais tous n’ont pas obéit à l’Évangile. Isaïe dit en effet :
‘Seigneur, qui a cru en notre prédication ? Ainsi la foi vient de
la prédication et la prédication c’est l’annonce de la parole du
Christ” (et non pas de la Parole qu’est le Christ).
Heb I
1-2 : “Après avoir, à maintes reprises, et sous maintes formes,
parlé aux pères et par les prophètes, Dieu, en ces jours
qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils
...”
2) Le Magistère :
CIC, canon 750 § 1 :
“ On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est
contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la
tradition, c’est à dire dans l’unique dépôt de la foi confié à
l’Église, et qui est en même temps proposé comme divinement révélé
par le magistère solennel de l’Église opu par son magistère
ordinaire et universel ...”
CIC, canon 751 : “On appelle
hérésie la négation obstinée, après reception du baptème, d’une
vérité qui doit être crue de foi divine et
catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité.” Or l’hérésie
est le contraire de la foi. La foi divine et catholique porte donc
DIRECTEMENT sur des VÉRITÉS. Donc sur un corps de doctrines. Donc
aussi, à travers elles, sur les objets matériels de ces doctrines,
lesquels sont donc l’objet matériel indirect de la foi.
3) Le raisonnement théologique :
A)
Révélation immédiate / médiate :
Il est rare que Dieu parle
immédiatement à l’homme, c’est à dire sans l’intermédiaire d’un ange
ou d’un autre homme. D’ailleurs, lui parlerait-il ainsi qu’Il lui
parlerait moyennant des signes créés (sons, images, espèces
impresses, idées ...). En fait, le seul cas pensable de
manifestation de Dieu à l’homme sans aucun moyen terme créé est
celui de la vision intuitive ; l’homme surélevé par le lumen gloriæ
recevant Dieu lui même comme espèce impresse.
Dieu parle aux
hommes de manière médiate, c’est à dire par l’intermédiaire d’un
ange ou d’un autre homme. La RÉVÉLATION tout à la fois constitue et
transmet le donné révélé moyennant cet intermédiaire. On parle donc
de TRADITION OU TRANSMISSION CONSTITUTIVE comme d’un synonyme pour
RÉVÉLATION PUBLIQUE. Quand le donné révélé, déjà antécédemment
constitué et transmis, est répercuté par ceux qui l’ont reçu en
dépôt, il n’y a plus Révélation mais TRADITION OU TRANSMISSION
CONTINUATIVE.
Pour ce qui est de ce qu’on tient,
conformément au Dogme de Foi Catholique, pour la Révélation
véritable, l’Église enseigne qu’après avoir à de nombreuses reprises
parlé aux hommes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a
parlé par Son Fils. Pour ce qui est de la révélation chrétienne et
catholique, Dieu nous parle d’abord par cet intermédiaire tout à
fait particulier qu’est le Christ-homme, ensuite par les Apôtres
surnaturellement inspirés par le Saint-Esprit, enfin par les
écrivains sacrés littéralement inspirés par le Saint-Esprit.
Par suite, en Jésus-Christ, la Tradition est constitutive en
tant que Dieu Le Fils, par l’homme qu’Il est sans confusion ni
mélange d’avec sa divinité, nous révèle les secrets de Dieu. En
l’Écriture Sainte, la Tradition est constitutive en tant que Dieu Le
Saint-Esprit, Auteur de l’Écriture, l’est et ne l’est qu’usant d’une
cause efficiente seconde intelligente et libre, savoir l’écrivain
qu’Il inspire. Quant à l’enseignement des Apôtres, il est hybride.
Conformément à l’enseignement de l’Écriture (“quand viendra l’Esprit
de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière ... et il
vous dévoilera les choses à venir.” Jn XVI 13 ; “l’Esprit-Saint que
le Père enverra en mon nom vous enseignera tout ...” Jn XIV 26), les
Apôtres ont bénéficié de révélations particulières tout le temps de
leur apostolat. De ce point de vue, ils sont l’organe de la
Tradition constitutive close à la mort du dernier des Apôtres. Mais
par ailleurs, et conformément à l’Écriture (“l’Esprit-Saint que le
Père enverra en mon nom ... vous rappellera tout ce que je vous ai
dit” Jn XIV 26), la prédication apostolique était pour une bonne
part la répercussion des enseignements de Jésus, donc ressortait de
la Tradition continuative.
B) Tradition constitutive /
continuative :
La Tradition constitutive orale, c’est
l’enseignement de Jésus et la part d’enseignement des Apôtres
relevant d’une révélation directe. Autrement dit la Révélation que
Dieu octroie par le Christ et les Apôtres. La Tradition constitutive
écrite, c’est l’Écriture Sainte, Révélation que Dieu octroie aux
hommes par les hagiographes inspirés. La Tradition constitutive,
orale ou écrite, est tout à la fois constitutive et transmissive du
donné révélé. Elle est donc Règle de Foi, la “règle de foi” étant ce
qui permet d’accéder au donné révélé (= à l’objet matériel de la
Révélation = le contenu de la Révélation) afin que se puisse poser
l’acte de foi, racine de la justification.
Cette dualité de
la Tradition constitutive, l’Église n’a de cesse de l’enseigner :
- “Le saint concile œcuménique de Trente, légitimement réuni
dans l’Esprit Saint, sous la présidence des trois légats du Siège
apostolique, ... voit clairement aussi que cette vérité et cette
règle sont contenues dans les livres écrits et les traditions non
écrites qui, reçues par les apôtres de la bouche même du Christ ou
transmises comme de main en main par les apôtres sous la dictée de
l’Esprit Saint, sont parvenues jusqu’à nous. C’est pourquoi, suivant
l’exemple des pères orthodoxes, le même saint concile reçoit et
vénère avec le même sentiment de pièté et le même respect tous les
livres tant de l’Ancien Testament que du Nouveau Testament, puisque
Dieu est l’auteur unique de l’un et de l’autre, ainsi que les
traditions elles-mêmes concernant aussi bien la foi que les mœurs,
comme ou bien venant de la bouche du Christ ou bien dictées par
l’Esprit Saint et conservées dans l’Église catholique par une
succession continue.” (Trente, Session IV, premier Décret). -
“Cette Révélation surnaturelle est contenue, selon la foi de
l’Église universelle affirmée par le saint concile de Trente ‘dans
les livres écrits et dans les traditions non-écrites qui, reçues par
les apôtres de la bouche même du Christ ou transmises comme de main
en main par les apôtres sous la dictée de l’Esprit Saint, sont
parvenues jusqu’à nous.” (Vatican I, Constitution dogmatique Dei
Filius, chapitre 2 sur la Révélation). - Le canon 750 § 1
précité.
Cette Tradition constitutive, l’Église la reçoit et
la retransmet. Ce qui suppose qu’elle ait mission et pouvoir de
connaître du dépôt de la foi (ce qui implique le pouvoir de fixer le
canon des livres saints), de le conserver, de l’expliciter, et de le
défendre fidèlement ; toutes choses assurées par sa constitution
surnaturelle, l’Église fondée sur le Christ étant d’institution
divine. Raison pourquoi c’est par l’Église que nous avons accès au
dépôt de la foi ; tant à sa partie écrite qu’à sa partie non-écrite
et transmise oralement d’âge en âge. D’où l’on conclut que l’Église
est la Règle prochaine de la Foi, là où la Tradition constitutive
est Règle éloignée. L’Église ayant mission et pouvoir de transmettre
et d’expliciter le donné révélé, l’Église est l’organe de la
Tradition continuative, donc est une Règle vivante.
C)
Rapport Révélation et Foi :
Si Dieu donne une Révélation
privée, il peut le faire d’au moins quatre manières, décrites par
S.Thomas en IIa IIæ Q.173 a.2 et 3 : par des espèces sensibles
frappant les sens extérieurs, l’imagination (sens interne), par
l’octroi d’idées nouvelles, par une lumière intelligible surélevant
le jugement.
Quant à la Révélation publique elle est
transmise aux hommes par ce canal qu’est l’Église, Règle prochaine
et vivante de la foi. Règle de la foi, elle enseigne ce qu’il faut
croire.
Le fondement absolument premier de l’Église est le
Christ, pierre angulaire de son corps mystique. Quand le Christ a
dit à ses Apôtres qu’ils leur faudrait manger son
corps et boire son sang, ils y crurent avant que d’en comprendre le
sens, et ils crurent à raison des miracles faits par Jésus et qui
attestait que son œuvre était de Dieu. Et c’est à raison de ce motif
qu’ils le crurent aussi quand il leur dit, lui qui était homme,
qu’Il était Dieu et Fils de Dieu. Les Apôtres crurent en les paroles
de Jésus, en ses discours, en ses enseignements, car ses œuvres
attestaient que Dieu opérait en lui. Et c’est bien parce qu’ils
crurent en ses paroles qu’ils crurent que Dieu est Trine et que
Jésus est vrai Dieu autant que vrai homme. Ils crurent ce que Jésus
leur a dit, à raison de l’autorité divine qui confirmait le message
de Jésus.
Le fondement second est Pierre et le Collêge
Apostolique en communion à Pierre. Et après eux leurs successeurs
les Évêques, lesquels sont l’Église enseignante. Si donc Arnaud
Dumouch a la foi, c’est parce qu’elle lui a été préchée ; c’est
parce qu’il a cru au discours qui lui parlait du Christ.
La
foi théologale a donc un discours pour objet matériel direct, donc a
l’objet matériel de ce discours pour objet matériel indirect.
4° Conclusion :
VOTRE DISCOURS HEURTE FRONTALEMENT L’ÉCRITURE,
LE MAGISTÈRE, LA RAISON. IL EST DONC FAUX.
SI NONOBSTANT
L’ÉCRITURE, LE MAGISTÈRE, LA RAISON, VOUS VOUS OBSTINEZ DANS VOTRE
DÉNÉGATION, JE NE PEUX PLUS RIEN POUR VOUS. CONFRONTÉ À QUELQU’UN
QUI DÉLIBÉRÉMENT REFUSE D’ENTENDRE RAISON, NE RESTE QUE LE BUCHER OU
LE HAUSSEMENT D’ÉPAULES, AU GRÉ DES ÉPOQUES. IL N’EST PIRE SOURD QUE
QUI REFUSE D’ENTENDRE.
PAR AILLEURS VOTRE APOLOGIE DE
L’EMPIRISME, SELON QUOI NE SERAIT CERTAIN QUE CE QUI SERAIT
VÉRIFIABLE, EST PUREMENT ET SIMPLEMENT UNE NÉGATION DE LA CAPACITÉ
QU’À LA RAISON D’ATTEINDRE L’UNIVERSEL. PAR LÀ, VOUS INCLINEZ AU
FIDÉISME. D’AUTANT QUE VOUS CONTESTEZ LA VALEUR DES CONCLUSIONS
THÉOLOGIQUES (science théologique), DONC NIEZ PAR LE FAIT L’IDÉE
MÊME D’UN DONNÉ VIRTUELLEMENT RÉVÉLÉ, CE QUI EST ABSOLUMENT
CONTRAIRE À LA DOCTRINE
CATHOLIQUE.
Amitiés.
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Il
n'en reste pas moins que le "sujet" de toute théologie est
Dieu.
Ce qui précède démontre assez que Dieu est
l’objet matériel premier INDIRECT de la foi théologale, et donc
aussi de la science
théologique.
Amitiés.
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Dans
Ia pars Question 1, saint Thomas précise: "Tout ce qui est en tant
que révélé par Dieu pour le salut."
Avant que de vous
répondre sur ce point, j’ai deux question à vous poser :
Quel
article exactement ?
La doctrine sacrée dont parle Thomas en
Ia question 1 de la Prima Pars, est-ce pour vous l’enseignement
révélé, l’habitus de foi, ou la science théologique
?
Amitiés
Message modifié
(08-05-2005 17:54)
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