Auteur: superman
Date: 07-04-2005 13:35
Analyse succinte de la foi et des préambules de la foi :
I - Préambules de la foi :
1 - Dieu existe, ce qui est certain en raison.
2 - Dieu est Omniscient et Vérace, ce qui est certain en raison.
3 - Dieu a parlé et a institué l'Église catholique gardienne du donné révélé, ce qui est certain en raison.
1 et 2 ressortent de la philosophie ; 3 de l’apologétique classique.
Pour 1 et 2, l'Église enseigne qu'il s'agit de vérités rationnelles apodictiquement certaines, ce qui signifie que la raison humaine laissée à ses seules forces peut démontrer et donc savoir de science certaine 1 et 2, sans passer par le canal de la foi ou celui de l'Église. On ne rappelle donc ici l'enseignement de l'Église que pour contraindre les catholiques à l'assentiment dû au Magistère.
Pour 3, l'Église enseigne qu'un homme de bonne volonté qui, sans avoir la foi, prendrait connaissance des différents arguments apologétiques qu'elle lui propose, ne pourrait que se rendre à ces arguments. Autrement dit, qu'avant même d'avoir la foi, pour peu qu'on lui présente une apologétique solide, il ne pourra que constater la vérité du catholicisme.
Remarque capitale : l'Église n'enseigne pas qu'on puisse prouver par a + b (démonstration apodictique) la vérité du catholicisme, mais seulement que l'ensemble des arguments apologétiques sérieux (pas les discours gnangnan) suffit à établir un faisceau de présomptions en faveur de la vérité du catholicisme, faisceau convergent de présomptions tel qu'exclusif de tout doute imprudent. Restera toujours un doute à défaut de démonstration apodictique, mais un doute imprudent au regard de l’ensemble des différents arguments de crédibilité relatifs à la troisième classe des préambules (3). Or un doute imprudent, parce qu'imprudent, est contraire à la raison, déraisonnable, vicieux.
D'où ensuite le passage de la connaissance des préambules de la foi à l'acte de foi. Il consiste en une adhésion intellectuelle de la raison au contenu de la révélation divine et catholique ; adhésion intellectuelle impérée par la volonté, la volonté ayant pour fonction d'écarter le doute imprudent, raison pourquoi la foi est libre donc méritoire autant que son refus coupable.
Autrement dit, il y a passage d'un jugement de crédibilité (3 est croyable) et de crédentité (3 doit être cru) à un acte de foi (j'y crois). D’où, une fois écarté le doute imprudent en posant l'acte de foi, une certitude intellectuelle non pas absolue mais relative et conforme à la raison quand à la véracité de ce qui est cru. Quant aux deux premières classes de préambules (1 et 2), elles ressortent de la seule raison connaissant démonstrativement donc ont une certitude intellectuelle non pas relative mais absolue, la volonté n’ayant pas à intervenir pour écarter un quelconque doute imprudent. Dans les deux cas il s'agit de certitude, exclusive du doute. dans les deux cas ces certitudes sont conformes à la raison.
Conclusion : Dès lors que je suis en mesure, fusse en ayant déjà la foi, de démontrer par une démonstration purement rationnelle les trois classes de préambules (1-2-3), je démontre que loin d’être irrationnelle donc moralement vicieuse, la foi catholique, bien qu’excédant les limites de la raison, est profondément conforme à la rationnalité. Et non seulement ça, mais encore qu’elle est certaine (certitude relative) pour peu qu’écarté le vice d’imprudence. Certes la certitude relative suppose que la volonté pose l’acte de foi en impérant l’assentiment intellectuel écartant le doute imprudent, mais ce faisant, écartant le vice intellectuel d’imprudence, j’opère conformément à la droite raison, donc d’une manière non pas vicieuse mais vertueuse, écartant le vice d'imprudence en passant de la crédibilité et de la crédentité à la foi.
II - Remarque :
Il va de soi que l’acte de foi ne présuppose pas nécessairement la démonstration intellectuelle des différents préambules. D’où cette question : un acte de foi qui ne serait pas précédé d’une démonstration philosophique de l’existence et de l'omniscience et de la véracité de Dieu ainsi que de la preuve par présomption du fait de la Révélation catholique serait-il encore conforme à la raison ? Question est très importante. Car une foi qui n’aurait pas un préambule rationnel suffisant serait une foi déraisonnable donc vicieuse ! Or c’est un fait patent que beaucoup de catholiques sont incapables des préambules. Que vaut donc leur foi ?
Elle vaut autant que la foi des savants qui, dans la plupart des cas, commencent par croire et n’étudient qu’ensuite philosophie et apologétique pour posséder de science certaine (absolue / relative) les préambules de leur foi. Que vaut donc cette foi des simples : est-elle fondamentalement déraisonnable donc vicieuse par défaut de connaissance scientifique suffisante de ses préambules, quitte à être ultérieurement raisonnée ?
Non !
La raison en est que la prudence doit s’apprécier subjectivement, au regard des aptitudes réelles de celui qui pose son jugement de crédibilité : des motifs insuffisants en eux mêmes peuvent être adaptés à l’intelligence d’un enfant ou d’un simple d’esprit. Cela ne légitime en rien ces motifs qui restent rationnellement insuffisants, mais cela exclut le caractère vicieux du jugement de crédibilité. Ainsi l’assentiment donné par un petit enfant à une débilité doctrinale en raison de la confiance qu’il met en ses parents n’est pas un assentiment vicieux, la nature voulant que l’apprentissage de l’enfant se fasse par l’adhésion au témoignage de ses parents et de ses maitres. Cela ne prouve pas la vérité de l’enseignement transmis mais le caractère raisonnable donc non vicieux de l’assentiment. D’où l’importance, quant au jugement de crédibilité, de la métaphysique et de l’apologétique, qui seules peuvent montrer la vérité des préambules.
III - L'acte de foi divine et catholique :
On parle ici de la vraie foi, la foi divine et catholique. L’acte de foi est théologal en tant qu’il a Dieu pour objet.
1) objet matériel de la foi : le contenu de la foi.
Ce que Dieu a révélé : qu'Il existe, qu'Il a parlé, qu'Il a institué l'Église, interprète légitime de la Révélation. Ce qui prouve bien qu’une même chose peut être crue par la foi et sue par la raison, foi et raison différant ici par leur objet formel distinct.
L’objet matériel premier de la foi est Dieu : Dieu Un et Trine, Dieu Créateur, Dieu Provident, Dieu incarné, Dieu Sauveur, Dieu Juge, Dieu fin dernière surnaturelle des élus, Dieu donnant sa grâce dans les sacrements ... Raison pourquoi l’acte de foi est théologal par son objet matériel premier. Quant aux objets matériels seconds, l’ensembles des vérités formellement révélées par Dieu : sacrifice expiatoire du Christ-homme, institution des sacrements, ...
Le mot “révélation” pris au passif a deux sens : signifiant à l’actif l’acte par lequel Dieu nous instruit, il désigne au passif d’une part l’ensemble de ce contenu doctrinal = l’ensemble des articles de foi = la totalité de l’objet matériel de la foi, d’autre part l’un de ces articles = l’un des objets matériels de la foi, à savoir que Dieu a parlé.
2) objet formel de la foi : le motif pour lequel je crois.
Je crois que Dieu a parlé : je suis encore dans l’objet matériel de la foi. Je crois que ce que Dieu a révélé est vrai, car Dieu est Omniscient et Vérace : je suis maintenant dans l’objet formel de la foi. Et sous ce rapport encore l’acte de foi est un acte théologal : Dieu omniscient et vérace.
On remarquera que l’objet formel de la foi ressort des deux premières classes de préambules. Que l’objet matériel ressort de la troisième classe de préambules. Que la foi est plus que le jugement de crédibilité portant sur ces préambules, puisqu’adhésion volontaire de l’intelligence et non pas simple constat intellectuel du caractère éminemment croyable du catholicisme. Que les préambules donnent à l’acte de foi son objet, là où la volonté pose l’acte de foi ayant ces préambules pour objet.
3) Foi vivante et foi morte :
La terminologie catholique est fixée depuis des siècles. La foi morte est la foi catholique, qualifiée de morte en tant qu’elle ne s’épanouit pas en charité, c’est à dire en tant qu’elle ne s’épanouit pas en un mode de vie caractérisé par le refus du péché mortel, donc l’état de grâce ; la grâce sanctifiante et l’habitus théologal de charité surnaturelle se perdant au moindre péché grave donc mortel.
La foi morte n’est donc pas la foi musulmane, hindoue, maçonnique ... Car n’ayant pas Dieu pour Auteur, elles sont des infidélités au vrai Dieu, d’autant qu’elles se constituent contre la foi catholique en tant qu’elles s’y opposent. Pour ce qui est de la foi juive, un distingo doit être fait. Le judaïsme d’avant l’incarnation, à savoir Moïse et les Prophètes et les sages des Sapientiaux, est de Dieu. Le judaïsme antichristique du Talmud, concomitant et postérieur au Déicide, est du Diable. Nos “frères ainés dans la foi” sont donc les juifs d’avant l’incarnation, les membres de l’Église mosaïque, de l’Église in fieri, dont l’entéléchie est l’Église messianique.
4) Du caractère théologal des fausses religions :
Elles peuvent avoir Dieu pour objet matériel premier et pour objet formel quo. Mais quant à l'objet matériel premier, incluant cet article de foi que Dieu a parlé dans la révélation censée les constituer, elles sont fausses. Elles prétendent l’avoir, mais fallacieusement, comme le montre la troisième classe de préambules et comme l’enseigne la foi catholique. De ce point de vue, la seule foi intégralement théologale est le catholicisme.
De plus la foi catholique n’est pas seulement surnaturelle quoad modum en tant que c’est Dieu qui y parle ; elle est encore surnaturelle quoad substantiam par certains de ces articles (Trinité ; Incarnation ; Fin dernière ...). De ce point de vue, la seule foi théologale et surnaturelle est le catholicisme (le judaïsme d’avant l’incarnation étant le catholicisme in fieri), les sectes chrétiennes acatholiques ayant dévié de la foi.
IV - Role de la grâce dans l’acte de foi et dans le jugement de crédibilité :
Quant au jugement de crédibilité, la grâce actuelle peut agir sur l’intelligence en l’affermissant, voire en l’illuminant. Quant à l’acte de foi, elle peut agir sur la volonté en suscitant un attrait.
On discute encore de l’incidence de l’habitus surnaturel et infus de foi (la vertu de foi) : Quelle est l’incidence de l’habitus de foi sur le jugement de crédibilité chez ceux qui furent baptisés infans, donc avant tout acte de foi ? Pour l’adulte n’ayant pas l’habitus de foi, à quel moment la vertu théologale et surnaturelle de foi est-elle infusée : antécédemment ou concomitament à l’acte de foi ?
Message modifié (07-04-2005 15:04) |
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